Limites et Discontinuités
Synthèse : Limites et Discontinuités. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar soshypokhagne • 4 Novembre 2022 • Synthèse • 1 887 Mots (8 Pages) • 248 Vues
Limites et discontinuités
Discontinuité, Limite, Seuil, Gradient, Interface, Réseau, Insularité, Frontière
L’espace se trouve partout ponctué de limites, discontinuités, seuils et de frontière dont la nuance est floue. On a même inventé des limites là où il n’y avait probablement pas, tellement la délimitation constitue les prémices de l’analyse.
- Etymologiquement, le terme limite provient du latin limes, limitis : c'est-à-dire sentier et entrée à la fois, bordure, frontière. La limite est une ligne qui sépare deux entités contiguës (quartiers, régions, pays, territoires, structures, géosystèmes…), elle est le bord et la fin, l’extrémité d’une entité. Roger Brunet nommera la limite : « seuil ». La limite exprime la fin et l’extinction graduelle d’un processus ou d’une variable à travers l’espace mais elle donne lieu parfois à des formes plus structurées, plus structurantes de l’espace aussi qui sont les discontinuités.
- La discontinuité est une rupture nette dans l’espace, le temps, un processus ou une forme donnant lieu à des entités très différenciées, ce qui fonde même la géographie comme « étude de la différenciation des milieux, des espaces et des territoires », selon le paradigme utilisé, en utilisant des critères structurants pertinents. La limite est donc liée à la discontinuité sans qu’il y ait toujours de rupture totale. Les discontinuités constituent un élément structurant de l’espace, elles ont des effets importants sur la distribution des faits physiques, humains et économiques. Elles fixent les aires de mobilité, la configuration des réseaux et des flux. C’est le cas d’un cours d’eau, d’une chaîne de montagne, d’une autoroute ou d’une limite politique qui caractérisent l’interaction et structurent l’espace.
Problématique : Nous pouvons nous demander ce que l’on appelle limites et discontinuités en géographie et comment ces notions interviennent au sein de la structure de notre environnement.
- Les types de limites et de discontinuités
Les limites et les discontinuités revêtent plusieurs formes selon la nature et le critère utilisé. A chaque échelle, variable, mécanisme, facteur ses limites ; ceci conduit à une diversité, une interférence et une hiérarchie des limites. On peut distinguer plusieurs types de limites :
- Limites
Limites internes et limites externes (division des quartiers dans une ville OU ouverture des frontières pour les échanges (limites externes)), Limites visibles et limites dynamique (organisation de l’espace d’une ville), Limites fixes/mobile (lié à la croissance ou au contraire au rétrécissement), Limites matérielles et limites idéelles (la discontinuité, la distanciation, la ségrégation et l’exclusion). On notera seuil, un changement quantitatif ou qualitatif. Par exemple le seuil morvano-vosgien entre le bassin parisien, le bassin Sud-Est, le Morvan et le massif des Vosges. Le seuil marque une limite spatiale.
- Discontinuités
En parallèle, nous pouvons distinguer plusieurs types de discontinuités : Les discontinuités d’ordre physique avec un découpage zonal (zones climatiques, formations végétales, tectonique terrestre, types de sols…) ou un étagement altitudinal (étagement montagnard). Elles sont aussi d’ordre humain (frontières, occupation humaine, réseaux, activités, cultures…), politique (Etats, ensembles régionaux…), socio-économique (fracture Nord-Sud, ségrégation spatiale, …), culturel (aires culturelles, linguistiques, religieuses…) ou paysager. Ces discontinuités peuvent être dans le temps (séisme, ruissellement, glissement de terrain, migration ou urbanisation…) qui se matérialisent dans l’espace avec des formes parfois de crise et de catastrophe. Celles-ci peuvent être matérielles ou symboliques. Une discontinuité peut-être donc graduelle et être représentée différemment en posant un contraste entre deux entités. Nous pouvons prendre pour exemple la discontinuité entre la forêt et la savane. A plus grande échelle nous parlerons de gradient pour marquer le fait de transition ou nous pouvons alors prendre comme exemple l’écotone forêt/ toundra.
On peut distinguer, en somme, trois catégories de limites et de discontinuités selon Roger Brunet : les limites opératoires sur la base d’une ou de plusieurs variables et dont le but est d’opérer une partition, une classification ou une typologie spatiale, les limites structurelles qui correspondent à l’existence physique et matérielle des systèmes spatiaux et aux entités spatiales tandis que les limites fonctionnelles bougent et expriment la dynamique et le fonctionnement de ces entités. Cette classification permet au géographe de délimiter les entités de formes géographiques plus ou moins stables, plus ou moins floue ou nettes et cela sur un plan multi scalaire.
- La limite du concept
En dépit de sa pertinence, les limites et les discontinuités présentent un certain nombre de faiblesses dont il faut tenir compte :
- Des limites factices
On a vu que la limite n’est en fait que l’expression d’une réalité matérielle qu’elle soit visible ou non, structurelle ou dynamique. Elle ne peut être que l’aboutissement de l’analyse et non un apriori posé dans les prémices. Il ne faut pas non plus donner aux limites un rôle plus important qu'elles n'ont dans la mesure où nous n’avons pas affaire à des frontières étanches mais plutôt à des franges d'interférence, de contact et d'échange qu'il s'agit de mettre en relief au lieu de tracer des frontières linéaires et continues qui souvent ne correspondent à rien dans la réalité. Les limites ne sont pas une fin en elles-mêmes et ne sont pas nettes et possèdent des discontinuités graduelles dans leur représentation. Elles n’existent que dans l’esprit de celui qui les a dessinées, ce qui pose un problème d’ordre épistémologique.
- Un problème épistémologique
La géographie classique a fait de la limite « un outil indispensable ». La discontinuité peut ne pas être repérable et pourtant on cherche toujours à délimiter, comme pour justifier la différenciation spatiale ou l’expliquer. L’impératif de délimitation provient du souci permanent de différenciation qui a jalonné la pensée géographique, du moins francophone : différenciation, ordonnancement, classification et délimitation sont liées à cela. La discontinuité crée la limite mais cette dernière finit aussi avec le temps par créer la discontinuité. Ainsi, on parle de « la » Méditerranée, sous-entendant l’unité physique d’un ensemble qui se distinguerait nettement. Pourtant dès que l’on change d’échelle, c’est un espace qui se différencie par son histoire et sa géographie. Il est donc important de combiner les échelles pour rendre au mieux la complexité des discontinuités de son sujet.
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