Le Sahara
Dissertation : Le Sahara. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ludmila Fagot • 8 Décembre 2018 • Dissertation • 3 116 Mots (13 Pages) • 561 Vues
Le Sahara, désert convoité
Depuis ces dix dernières années le Sahara revient sur la zone géopolitique et médiatique. En effet, entre 1980 et 1990 le Sahara devient un espace stratégique convoité par les anciennes puissances coloniales (France, Grande Bretagne), les pays émergents (Chine), les pays bordiers du Sahara mais également les groupes inter-étatique, nomades (Touaregs), et trafiquants (Aqmi). Ce désert, qui est le plus vaste du monde avec 8,6 millions de km² et qui s’étend sur une dizaine de pays, est un nouvel espace de commerce et de vie représentant une voie tactique entre l’Afrique et l’Europe. Il est l’objet de nombreux enjeux compte tenu de ses richesses notamment en hydrocarbures et en eau, mais incarne cependant une étendue hostile par son aridité et sa distance. Cet immense espace de flux et de transit est pourtant sources de nombreux conflits et tensions, particulièrement à cause de l’instabilité politique régnant depuis le Printemps Arabe entre 2010 et 2011 suite aux contestations populaires et la chute des régimes tunisien, égyptien et libyen.
Quels sont alors les enjeux géostratégiques de l’ensemble saharien au regard des ressources qu’il recèle ? Pour répondre à cette question nous verrons que le Sahara est un espace conflictuel, aux ressources de plus en plus exploités et aux multiples contraintes, parcouru par des flux et à l’insertion inégale à l’échelle mondiale et régionale.
Les ressources du Sahara sont considérables, que ce soit en eau, en hydrocarbures ou en minerais mais représente un véritable défi.
Avant tout l’eau est une ressource essentielle au Sahara. En dépit de son aridité, c’est-à-dire que les précipitations sont inférieures à l’évapotranspiration potentielle, le sous-sol du désert bénéficie de grands réservoirs d’eau souterraine, c’est-à-dire des aquifères, mais non recevables, situés en grande profondeur. Ces nappes d’eau fossiles pourraient permettre de développer l’agriculture en milieu désertique en dehors des oasis, à court terme uniquement. Effectivement le prélèvement d’eau aurait un coût financier trop important à long terme et pourrait appauvrir le sol en nutriments ce qui finirait par réduire considérablement les rendements. De plus l’eau fossile, comme le pétrole, est non renouvelable.
La seule eau courante de surface est celle du Nil en Egypte qui prend sa source dans les grands Lues et qui traverse le désert jusqu’à la méditerranée. Les réservoirs d’eau souterraine permettent parfois aux hommes de s’approvisionner en creusant des puits, mais les techniques restent toutefois archaïques par manque de moyen. Dans certaines régions de Mauritanie des forages récents permettent, depuis quelques années, d’approvisionner les campements en eau grâce à la desserte régulière de camions-citernes. De grands réservoirs souples posés à même le sable à proximité des tentes qui peuvent contenir jusqu’à 3 000 litres, évitent désormais aux nomades de faire plusieurs kilomètres chaque jour pour aller puiser l’eau au puits. A l’origine, les camions-citernes étaient utilisés par les puissances coloniales dès 1934 lors d’actions militaires. Désormais utilisés pour subvenir au besoin en eau de la population, les camions-citernes repressentent une révolution dans la vie des sahariens, et particulièrement des nomades.
Le Sahara dispose également de ressources abondantes en hydrocarbures. On retrouve 12% de la réserve mondiale en hydrocarbures concentrés en Algérie et l’activité pétrolière et gazière représente 30 % du PIB algérien, avec les gisements de Hassi Rmel et Hassi Messaoud, et en Libye, dans la région de Fezzan. Ces hydrocarbures, comme le pétrole ou le gaz, sont acheminés vers les côtes à l’aide des gazoducs et des oléoducs par les firmes transnationales occidentales. Des minerais rares sont également présents au Niger comme l’uranium et au Maroc avec le phosphate qui est, grâce à ses gisements, le troisième producteur mondial avec 75% des réserves connus de phosphate sur ses terres, notamment au Sahara occidental. Le phosphate est une ressource importante au niveau politique, par exemple lors des conflits vis-à-vis du territoire du Sahara occidental mais également économique car le phosphate est généralement utilisé dans l’agriculture comme engrais. Ces ressources sont convoitées par les sociétés occidentales, dont les anciennes puissances coloniales (France, Grande Bretagne). Au Niger par exemple 87% des parts de l’uranium sont détenus par l’Etat français avec l’entreprise Areva et représente 1/3 de l’uranium nécessaire aux 58 réacteurs français.
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Les hydrocarbures au Sahara, https://vimeo.com/158597161
Le Sahara est donc une zone de fourniture d’énergie et de pétrole. En effet les exportations dû aux matières premières représentent 80% et sont extraites sans être transformées.
Les paysages et le cadre environnemental sont aussi des ressources. Ces ressources touristiques, en particulier depuis le Printemps arabe, puis suite à des enlèvements de touristes et à la multiplication des groupes armés, comme Aqmi, par la guerre civile en Libye se retrouvent amoindris. Le tourisme possédait des aspects positifs dans la valorisation du territoire. En effet le tourisme de masse, c’est-à-dire le déplacement en masse des classes populaires dans les zones touristiques, comme en Tunisie, jouait sur l’image du désert et continue encore, à l’heure actuel, d’influencer l’image que l’on en a. L’offre hôtelière tunisienne reste stable malgré l’instabilité politique après la révolution du Jasmin, les attentats du musée de Bardo et de la plage de Sousse en 2015. Toutefois les retombées de l’activité touristique sont tout aussi diverses et inégales. En effet, le tourisme au Sahara est mal réparti dans l’ensemble de l’espace géographique ce qui cause une inégalité au niveau des retombées financières.
Le Sahara est tout de même victime de nombreuses contraintes telles que l’aridité, la distance et les obstacles naturels. Le Sahara est marqué par une aridité, ou hyperaridité, astreignante notamment pour l’agriculture mais aussi dans l’approvisionnement en eau car elle est un obstacle à la vie saharienne. En effet les précipitations sont presque nulles et la chaleur difficilement supportable. Les précipitations sont rares avec des années sans pluies, et des vents desséchants permanents font que la végétation ne peut survivre en dehors des quelques points de résurgence de l’eau. La pluviométrie est très faible : moins de 150mm de précipitation par an et moins de 50mm dans le cœur de l’hyperaridité. C’est la rareté de l’eau qui est la grande affaire au Sahara. Pour palier ce manque d’eau des puits sont désormais creusés. Ainsi le développement de l’agriculture et de l’élevage est difficile en dehors des oasis ou de la zone sahélienne limitrophe. Cela implique souvent un élevage nomade.
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