Les régimes totalitaires dans l’entre-deux guerres
Cours : Les régimes totalitaires dans l’entre-deux guerres. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lilounog • 3 Février 2016 • Cours • 2 051 Mots (9 Pages) • 1 430 Vues
Les régimes totalitaires dans l’entre-deux guerres
Le totalitarisme est probablement le système politique ayant le plus marqué le XXe siècle du fait du nombre de personnes concernées, de la taille et de la puissance des États totalitaires, mais aussi de leur impact décisif sur l'histoire et en particulier sur le déclenchement des guerres. Les régimes totalitaires se caractérisent par une emprise totale du pouvoir politique sur tous les aspects de la vie d'une société. Ce sont des régimes dictatoriaux à parti unique où toute opposition est interdite et durement réprimée, le plus souvent par une police politique toute-puissante. Les libertés individuelles sont supprimées et la population est tenue sous contrôle non seulement par la terreur mais également par la censure et la propagande. L'économie, la culture, les loisirs sont également contrôlés par l'État, et son chef charismatique fait le plus souvent l'objet d'un culte de la personnalité. Ces États développent tous un projet de société autour d'une idéologie forte qui les pousse également à l'impérialisme (volonté de s'étendre par la conquête ou les alliances et de constituer un empire). Si l'on se réfère à cette définition, il y a eu trois États totalitaires au cours du XXe siècle : l'Italie fasciste de Mussolini (1922-1943), l'Allemagne nazie d'Hitler (1933-1945), et l'URSS de Staline (1922-1953). Dans quelle mesure de tels systèmes politiques ont-ils pu voir le jour ? Il est clair qu'ils ont profité de réelles fragilités : de l'usure du tsarisme pour l'URSS et des difficultés et erreurs politiques nées de la fin de la Première Guerre mondiale pour l'Italie et l'Allemagne. Ces régimes ont de réels points communs, mais aussi leurs spécificités propres.
1. La naissance des régimes totalitaires
La conquête du pouvoir par le fascisme en Italie
• Entre 1918 et 1920, une importante crise morale, politique et sociale secoue l'Italie, entraînant le chômage et ainsi que des grèves. Aussi, un fort sentiment d'injustice est ressenti par la population italienne après la première Guerre Mondiale lorsque les revendications territoriales du pays n'ont pas été satisfaites par le traité de Versailles, malgré le ralliement italien au camp des vainqueurs. On parle de « victoire mutilée ». Les mécontentements de la population sont divers, mais tout le monde s'entend pour critiquer la démocratie libérale parlementaire en place : l'antiparlementarisme et les forces antidémocratiques se développent. Benito Mussolini et le parti fasciste vont profiter de la situation pour prendre le pouvoir. Le roi nomme Mussolini à la tête du gouvernement. Celui-ci va peu à peu transformer l'État italien en régime autoritaire après avoir pris le pouvoir en toute légalité.
L'avènement d'Hitler et du nazisme en Allemagne
• Hitler est fasciné par le modèle fasciste et va reprendre les mêmes méthodes pour conquérir le pouvoir. L'Allemagne de la république de Weimar connaît elle aussi une crise politique, économique et sociale grave. Désignée comme responsable de la Première Guerre mondiale par le traité de Versailles, elle doit payer de lourdes réparations aux vainqueurs, en particulier à la France. Une partie importante de la population allemande ressent très mal le « diktat » de Versailles qui provoque colère et frustration. Ce sentiment favorise la montée d'un nationalisme allemand à l'esprit revanchard qui réclame une Allemagne forte et impérialiste avec le souhait d’une reconquête de tous les territoires européens où se trouvent des peuples germaniques. Il favorise aussi la recherche de coupables, de « boucs émissaires » : la république de Weimar mais aussi les Juifs. L'antisémitisme se développe. La situation empire en 1930 lorsque l'Allemagne est touchée de plein fouet par la crise économique consécutive au krach de Wall Street de 1929 : les faillites d'entreprises se multiplient et dès 1930, six millions d'Allemands se retrouvent au chômage. Comme en Italie, la situation est favorable à l'arrivée au pouvoir de partis nationalistes, antiparlementaristes et antidémocratiques. Hitler, ancien combattant plein de rancœur, fait naître une idéologie fondée sur l'antisémitisme, l'anticommunisme, le nationalisme, l'esprit revanchard hostile au diktat de Versailles. Hitler lance une tentative de putsch dans le Land de Bavière, en 1923, qui est un fiasco complet. Arrêté, il écrit en prison la première partie de son livre qui deviendra la base de l'idéologie nazie : Mein Kampf (« Mon combat »). Son parti ayant été interdit, il le refonde en 1925 après avoir été libéré et décide de conquérir le pouvoir par les urnes en s'appuyant sur les difficultés de plus en plus importantes du gouvernement allemand et sur la montée de l'insatisfaction. Son plan est couronné de succès : le parti nazi, qui a obtenu 2,6 % des voix aux élections législatives de 1928, obtient près de 40 % des suffrages en juillet 1932. Il est appelé en toute légalité à la tête du gouvernement et devient chancelier. En mars 1933, il réussit à manœuvrer pour obtenir les pleins pouvoirs pour quatre ans et en juillet le parti nazi devient le parti unique du pays.
L'appropriation du pouvoir par Staline en URSS
• Staline n'arrive pas au pouvoir par les urnes, puisque la Russie n'a jamais été une démocratie. En février 1917, une première révolution a mis fin au tsarisme, la dernière monarchie absolue européenne. Mais le régime parlementaire qui est alors mis en place connaît des difficultés qui permettent aux leaders bolchéviques Lénine et Trotski de lancer la Révolution bolchévique en octobre 1917. Ils mettent en place un régime de type communiste s'inspirant des idées marxistes et fondé en particulier sur la nationalisation de toutes les propriétés et entreprises privées (collectivisation de l'économie). Mais le nouveau régime connaît des débuts difficiles : une guerre civile fait rage entre les partisans du régime bolchévique (transformés par Trotski en « armée rouge ») et ceux de l'ancien régime tsariste (« l'armée blanche », soutenus par les puissances occidentales). La situation du pays est dramatique : la guerre et une terrible famine ont tué 8 millions de Russes. Lénine met en place un régime qui est d'emblée autoritaire et antidémocratique, en vue de la victoire. Il établit un régime dictatorial avec une police d'État chargée de traquer les Opposants, un puissant appareil d'État et une économie qui n'est qu'en partie collectivisée. Lorsqu'il décède en 1924, une querelle de succession se déchaîne entre les principaux prétendants à la direction d'une Russie devenue l'URSS (en 1922). Staline est l'un des prétendants les plus sérieux à la succession de Lénine, avec Trotski et Kamenev. Il mettra quatre ans pour écarter et supprimer tous ses rivaux (répression, assassinat de Trotski, procès truqués de Moscou entre 1936 et 1938 pour éliminer les anciens compagnons de Lénine, etc.) et arriver au pouvoir. En 1929, il lance une collectivisation forcée de l'économie et met en place un régime totalitaire.
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