Religion Aux Etats-Unis

Religion et société aux Etats-Unis depuis les années 1890

Début du XVIIème siècle, c’est dans les années 1620 que les premiers pèlerins en provenance d’Europe débarquent sur les rives du Nouveau Monde. Ils ont la spécificité d’être des calvinistes radicaux, c’est à dire « des puritains », des protestants radicaux. Tous les nouveaux arrivants ne sont pas des prosélytes (propagande) chrétiens qui rêvent de fonder la nouvelle Jérusalem, mais néanmoins l’ambiance générale est fortement marquée du sceau de cette religion radicale puritaine avec ce projet de venir faire dans le nouveau monde ce qu’ils n’ont pas pu faire dans l’ancien => c’est à dire la cité de dieu sur terre, « la nouvelle Jérusalem » .

Ces puritains ont une vision du rapport de la religion à la société très particulière , des pasteurs qui gouvernent la société => il faut rappeler que ces puritains sont des européens , ils ne sont pas spontanément américains, ils viennent aussi avec leur culture européenne , or l’Europe du XVIIème c’est quoi => c’est une Europe de chrétienté , fondée encore sur le principe de la paix d’Augsbourg , avec un lien extrêmement consubstantiel (inséparable) entre le politique et le religieux et donc naturellement ces puritains installés outre-Atlantique vont véhiculer avec eux cet héritage . Simplement, ils l’articulent de manière différente de ce qui se passe en Europe, pour une raison simple = c’est qu’en fait ces puritains sont tous quelque part des hérétiques , ce sont des protestants dont l’Europe ne veux pas pour diverses raisons , notamment parce qu’ils sont jugés trop radicaux , en particulier par l’église d’état en Angleterre . Du coup, ils partent s’installer dans le nouveau monde mais ils n’ont pas d’idées très différentes des européens restés en Europe et donc ils considèrent qu’il est tout à fait naturel que l’état et le religieux travaillent main dans la main et c’est ce qu’ils vont essayer de construire dans les colonies du nouveau monde avec en arrière plan cet idéal d’une nouvelle Jérusalem. Parce qu’il faut voir que la culture des puritains est une culture très profondément biblique et pour eux l’Europe quelque part c’est l’Egypte de pharaon qui a rejeté le peuple élu. Et donc on part s’installer dans le Nouveau monde avec cette idée que finalement, rejetés par pharaon on va refonder cette nouvelle Jérusalem sur la base d’une élection.

Leur but même lointain est-il de créer un état théocratique (société dans laquelle le gouvernement est exercé par l’autorité religieuse) ? L’idéal théocratique est ce qui les anime et chacune de ces petites communautés va essayer de l’appliquer au niveau local. Jusqu'à la veille de l’indépendance on observe très concrètement que 8 des colonies ont établi, ont érigé au rang d’église d’état une confession particulière et sur les 5 colonies restantes 4 ont elles aussi proclamé leur préférence pour une confession donnée. Pendant un temps, au niveau local, on arrive à maintenir cet équilibre politico religieux avec une certaine uniformité locale sans toutefois que ce projet puisse aller au delà de ces diverses petites communautés.

C’est à dire qu’il y a déjà différentes religions sur le sol de ce qui va devenir les Etats-Unis => effectivement, nous sommes dans une pluralité mais pas du tout dans le pluralisme. La pluralité ça peut être une marqueterie de petites églises d’états , et c’est précisément le schéma qu’on observe dans les colonies américaines avant l’indépendance c’est à dire un certain nombre de colonies qui ont chaque fois établi une église particulière qui a véritablement le monopole de la croyance légitime , donc il y a une pluralité d’églises mais en même temps pas du tout de pluralisme , c’est à dire qu’à l’intérieur de chaque colonie il y a un contrôle social extrêmement fort qui est exercé , une chasse à l’hérétique, une chasse aux sorcières, on connaît l’épisode des sorcières de Salem donc pas du tout de pluralisme => pas de tolérance .

Le culte catholique est proscrit mais néanmoins on voit poindre dans la première moitié du XVIIIème siècle quelque chose de nouveau, un nouvel idéal qui va d’une certaine façon concurrencer cet idéal théocratique , c’est ce qu’on va appeler l’idéal républicain => l’idéal républicain c’est cette idée que au-delà de leurs divisions confessionnelles , au- delà du morcellement territorial, commence à se dessiner quelque chose comme un projet national autour de cette idée que s’il y a bien quelque chose qui unit tous ces gens de provenance si diverse et de confession si diverse c’est leur attachement à tous à l’idéal de liberté . Si on veut comprendre quelque chose à l’histoire américaine il faut vraiment garder cela en tête , ce principe cardinal qu’est la liberté à commencer par la liberté religieuse et c’est là aussi où les choses se compliquent pour les radicaux, car curieusement par un renversement, cette pluralité va faire signe progressivement vers le véritable pluralisme , c’est-à-dire vers l’établissement d’une instance supérieure étatique neutre pour garantir précisément à toutes ces confessions la liberté pleine et entière parce que très rapidement chacune d’entre elles s’aperçoit que l’ambition unificatrice se heurte à la pluralité des confessions et que la seule façon de tenir ensemble c’est d’accepter la pleine liberté religieuse.

Il faut aussi rappeler qu’il y a un idéal d’importation qui vient de l’Europe du XVIII ème siècle, de l’Europe des lumières, ces lumières écossaises en particulier qui irriguent justement ces penseurs de la république dans ces nouveaux territoires, dans ces colonies qui vont devenir bientôt les Etats-Unis => lumières écossaises => c’est important de souligner cette influence là qui est souvent mal connue en France, parce que pour nos auditeurs français on a toujours l’image des lumières un peu anti clérical avec Diderot, Voltaire mais la tradition des lumières françaises est une tradition des lumières ce n’est pas la seule il y a aussi les lumières anglo-saxonnes et notamment les lumières écossaises qui mettent très en avant le pluralisme politique et le pluralisme religieux, il n’y a pas du tout d’opposition entre la religion et la politique, et par ailleurs un élément très important de ces lumières écossaises qui va avoir beaucoup d’influence sur la scène culturelle nord américaine , c’est l’accent sur le « Common sense » => c’est tout simplement le bon sens , c’est le fait que chaque citoyen qui analyse un texte

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