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Résumé le Fromage et les Vers - Carlo Ginzburg

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Par   •  1 Décembre 2022  •  Fiche de lecture  •  8 790 Mots (36 Pages)  •  397 Vues

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KOPP CARLA, HIST-1

Fiche de lecture Le fromage et les vers - Carlo GINZBURG

        Carlo Ginzburg est né le 15 avril 1939 à Turin, en Italie, et est toujours vivant à ce jour. Né d’un père professeur de littérature russe, journaliste et activiste, et d’une mère romancière, Carlo Ginzburg s’est orienté vers l’étude de l’histoire. C’est aujourd’hui un important historien italien, très reconnu dans le monde entier. Carlo Ginzburg collectionne les titres : historien moderniste, historien de l’art, médiéviste, professeur d’histoire…

Mais c’est son implication dans la micro-histoire qui l’a le plus rendu célèbre, puisqu’il est désormais considéré comme le plus éminent représentant de ce mouvement. La micro-histoire, de son nom initial microstoria, est née en Italie dans les années 1970. Le but de ce courant est d’émerger de l’étude des masses, pour s’intéresser à des individus normaux. Les historiens procèdent alors à une réduction plus ou moins importante de l’échelle d’étude : cela peut s’arrêter sur un groupe restreint d’individus, ou bien sur un seul et même individu. Cette approche permet alors d’éclaircir les sociétés, les fonctionnements, les usages… et aide la compréhension de l’époque étudiée.

Ce courant historiographique est à distinguer de l’oeuvre de fiction : l’étude est différente mais reste on ne peut plus réelle. Les historiens procèdent à des recherches de différentes sources afin d’expliquer une réalité en restant sur une échelle restreinte. Comme nous pouvons le voir dans Le fromage et les vers, les sources sont diverses : témoignages, livres d’époques, poèmes, comptes rendus des interrogatoires, correspondances épistolaires… Les divers angles vus servent à appuyer la réalité des faits, et non pas à assimiler l’ouvrage à une oeuvre de fiction.

La micro-histoire, désormais développée, se divise en deux courants. D’abord, la micro-histoire sociale, puis, la micro-histoire culturelle. C’est dans la seconde que les oeuvres et travaux de Carlo Ginzburg viennent s’inscrire.

        Le Fromage et les vers est publié pour la première fois en 1976, en Italie. C’est cette ouvrage qui rendit Carlo Ginzburg célèbre, et le fit monter au rang de représentant incontournable de la micro-histoire culturelle. C’est la trouvaille d’archives de l’Inquisition Italienne, des trouvailles fortuites alors que Carlo Ginzburg cherchait des informations sur les sorcières, qui le lança dans la réalisation de cet ouvrage.

Son récit présente l’histoire de Menocchio, un meunier du Frioul Italien, qui fut soumis à deux procès du Saint-Office au XVI. Au fil du récit, l’auteur fait découvrir au lecteur les fantaisies du meunier : ses aspirations, sa religion simplifiée, ses idéaux, ses envies mais aussi ses accusations envers l’Eglise, les riches… Mais on y découvre aussi sa cosmogonie singulière, qui entraîna le curieux titre Le fromage et les vers ; Nous le reverrons par la suite, mais le meunier affirmait que la naissance du monde reposait dans une dynamique qu’il avait imagé à l’aide de la métaphore fromage — putréfaction — vers.

Menocchio, de son vrai nom Domenico Scandella, est né en 1532 à Montereale, un village frioulant, où il a d’ailleurs passé l’entièreté de sa vie. Une fois marié, Menocchio a eu 11 enfants dont 4 qui sont morts.

Il était meunier, mais avait aussi déclaré d’autres activités aux inquisiteurs : charpentier, scier, faire des murs et d’autres choses… Mais outre ses activités paysannes, le meunier s’était aussi investi dans la vie du village et dans l’Eglise : il avait été podestat en 1581, et également camérier. Entre ses deux procès, Menocchio avait accumulé les professions : professeur des écoles, trésorier de la paroisse de Montereale…

Nous avions donc à faire à un individu lambda : paysan du Frioul, intégré dans son village, investi dans la société frioulante.

C’est à partir de ce personnage que Carlo Ginzburg mène son récit. Si le meunier nous semble peu commun dans ses idées, Carlo Ginzburg va orienter son lecteur au travers de ses recherches vers la reconstruction d’une culture populaire, paysanne, du XVI. La reconstruction ne concerne évidemment qu’une infime partie de ce qu’était cette culture populaire, mais elle permet tout de même une plus ample compréhension de celle-ci.

Le récit, divisé non pas en chapitre mais en section, rebondit de sources en sources. Les témoignages récoltés dans le cadre de l’enquête du Saint Office sur le meunier, les propos du meunier aux inquisiteurs… C’est cette recherche de sa vie qui se suit pendant tout le livre, et qui s’appuie uniquement sur les archives obtenues de l’Inquisition, car il n’en n’existait nul autre. Mais au delà de ces archives, insuffisantes pour reconstruire ne serait-ce qu’un fragment de la culture populaire, Carlo Ginzburg s’est lancé dans un vrai travail d’investigation ; dans son récit, il croise les ouvrages, émet des hypothèses concernant la possible appartenance religieuse de Menocchio à un courant hérétique, les dément puis réitère, rapproche les propos et idéaux du meunier à des faits sociaux, contemporains au paysans ou antérieurs, mais aussi à des mythes bien plus anciens… C’est un travail minutieux, qui lui aussi, jongle avec les échelles et les sources, tout en restant axé sur la personne de Menocchio et non pas sur une majorité.

Ainsi, dans Le fromage et les vers, il y a deux grands éléments qui mènent le récit : Menocchio, ses idées, son affront aux inquisiteurs… En bref, le meunier et ses idées, lesquelles il est fier de les affirmer et de les faire savoir. L’autre élément, c’est tout ce qui est présumé avoir exercé une certaine influence, plus ou moins importante, sur le meunier et ses idées. C’est Carlo Ginzburg qui s’occupe de la seconde partie, en retrouvant des livres, en suggérant d’autres…

        Menocchio a été dénoncé le 28 septembre 1583 au Saint Office ; s’il n’y avait pas de preuve évidente du délateur, les enfants du meunier ont accusé le curé de Montereale (Don Odorico Vorai) avec qui Menocchio était en profond conflit. En tout cas, c’est cette dénonciation qui a initié toute l’histoire du meunier, que Carlo Ginzburg s’est efforcé de faire revivre au travers de son oeuvre. Lettré dans une société paysanne analphabète, Menocchio avait pu se cultiver un tant soit peu avec la lecture, et cela le distinguait légèrement des paysans lambdas. Mais ce n’était pas seulement cela qui le distinguait.

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