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Le discours d'Aristide Briand à propos de la loi de 1905 : "une loi de bon sens et d'équité"

Commentaire de texte : Le discours d'Aristide Briand à propos de la loi de 1905 : "une loi de bon sens et d'équité". Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  12 Mars 2018  •  Commentaire de texte  •  1 857 Mots (8 Pages)  •  2 525 Vues

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Etude de texte : extrait du discours d’Aristide Briand :

Intro :

Le document est un extrait du discours d’Aristide Briand prononcé le 3 juillet 1905 à propos du débat sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, loi qualifiée par Briand ainsi : « une loi de bon sens et d’équité »  démontre déjà à quel clivage appartient Briand sur cette question. Discours prononcé lors d’une session ordinaire de la chambre des députés.

Aristide Briand : né en 1862 à Nantes, est un homme politique, avocat et diplomate français qui a longuement appartenu au paysage politique français notamment au début du XXème siècle et à l’entre-deux-guerres : 11 fois président du Conseil et 26 fois ministres sous la 3ème République. Il a également joué un rôle essentiel dans les relations internationales de l’entre-deux-guerres et a notamment été l’un des premiers à prôner une union des pays européens lors de son mémorandum présenté devant la SDN à Genève en 1929. Nous nous intéressons ici au Briand des années 1900-1905, socialiste engagé et député de Saint-Etienne en 1903, Aristide Briand joua un rôle important dans le processus de laïcisation de la France, il a ainsi porté l’étendard socialiste en faveur de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, sujet même du discours étudié.

Ce discours est donc prononcé le 3 juillet 1905 soit 5 mois avant la promulgation de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en décembre 1905. Présenté devant le Parlement, ce discours apparaît donc comme un moment clé du débat parlementaire à propos de cette loi, débat très clivant notamment entre la gauche et la droite française. Ainsi ce discours fait office d’argument en faveur de l’application de la loi de séparation, loi qualifiée de « bon sens et d’équité ».

Ce document nous immisce ainsi au cœur d’un débat parlementaire passionné encadrant une des lois les plus marquantes de la République française, ce discours d’Aristide Briand nous permet de comprendre le cheminement de la création d’une telle loi et sa réception dans par le paysage politique français, réception largement clivante et alimentant des revendications politiques diverses. Ce document nous invite à étudier le processus qui a amené la présentation d’une telle loi devant l’Assemblée nationale ainsi que sa réception par les différentes parties de cette dernière.

On peut noter qu’Aristide Briand dans un premier temps de cet extrait tente d’expliquer le cheminement empirique de cette loi, ses tenants et aboutissants tout en défendant son caractère nécessaire et républicain. Il nuance ensuite son propos en expliquant qu’une telle loi ne résulte en rien de son engagement politique personnel mais d’une nécessité républicaine inscrite dans l’ordre de la modernité.

Dans un second temps Briand se heurte aux arguments de la partie adversaire (inscrite à droite) et y répond en mettant en avant le caractère républicain de cette loi et en dénonçant une droite cléricale et agonisante (cette attaque ayant un but rhétorique de caricature venant appuyer son propos).

Nous allons donc désormais étudier de plus près ce discours et tenter d’en décortiquer les différentes parties et enjeux afin de mieux comprendre ce morceau d’histoire que constitue la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905.

Développement :

  1. Une loi émanant d’un processus républicain nécessaire et raisonnable :

  1. Une loi héritière de processus de républicanisation :

Aristide Briand débute son discours en invoquant de grandes figures telles que Gambetta, Jules Ferry, Paul Bert ou Waldeck-Rousseau qui avaient déjà avant lui réfléchis à la question de la séparation de la religion et de l’Etat et donc de la question de la laïcité républicaine. Il explique que leurs hésitations et inquiétudes quant à cette question les avaient fait reculer face au défi qu’une telle loi imposait, et que cette incertitude face à la question de la laïcité ne devait pas clore le débat mais au contraire instruire les modernes sur les enjeux et conséquences d’une telle loi. Briand se fait donc étendard d’une loi héritée d’une pensée déjà mûrie par de grands hommes et dont les enseignements tirés de cet empirisme doivent permettre de mettre au jour une loi respectant les valeurs républicaines et évitant « d’ébranler la République ». Briand explique ensuite qu’une telle loi a donc été pensée et rédigée de façon à assurer la « jouissance gratuite et indéfinie des églises », soit de façon à respecter la liberté de culte et l’équité des différentes religions. Cette loi semble s’inscrire donc dans une logique républicaine d’indépendance de l’Etat vis-à-vis de l’Eglise catholique et de son emprise tout en affichant un profond respect des institutions religieuses. Aristide Briand poursuit son propos en appelant les divers ministres à approuver cette loi qui permettra de respecter la liberté de culte dans le contexte de liberté des associations permis depuis la loi de 1901 et d’assurer aux églises une pérennité dans le cadre républicain. Il conclue cette première approche en assurant que cette loi saura « affronter, sans péril pour la République, les critiques de ses adversaires ».

  1. Une loi raisonnée et raisonnable :

Briand qualifie cette loi comme de « bon sens et d’équité » et conjuguant la liberté des individus, celle des Eglises et les intérêts de l’Etat. Cette déclaration suscite d’ailleurs les applaudissements de la gauche et de l’extrême gauche qui constituent les plus fervents supporters de cette loi (donc opposés à la droite conservatrice). Briand tente ensuite de désamorcer une critique à son égard qui voudrait que cette loi émane non pas d’un intérêt public et général mais d’un intérêt particulier à la gauche. Il explique alors que son engagement dans la défense de cette loi ne provient en rien d’un activisme exacerbé socialiste mais bien d’une profonde volonté d’assurer les valeurs de la République : liberté, égalité, … et l’indépendance de l’Etat. Briand appuie son propos en invoquant et en louant la collaboration du centre et d’une partie de la droite qui ont « accolé leur signature aux leurs sous des articles importants ». Ainsi le rapporteur démontre que ce projet n’est pas unilatéralement porté par la gauche mais bien pensé par un relatif consensus du paysage politique français (sans compter la droite conservatrice). Enfin il invoque également ceux refusant cette loi (droite et extrême droite) et fait appel non pas à leur engagement politique et leurs valeurs mais à leur RAISON pour comprendre la nature de cette loi : ligne 84-85 « jugement selon leur conscience ». Cet appel à la raison semble renvoyer à un héritage des Lumières dont l’idéologie prônait la suprématie de la raison et de la conscience sur les passions.

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