L'histoire de la vie privée (de l'Antiquité jusqu'à nos jours)
Cours : L'histoire de la vie privée (de l'Antiquité jusqu'à nos jours). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Camille MARQUET • 28 Janvier 2021 • Cours • 2 254 Mots (10 Pages) • 1 057 Vues
CULTURE GÉNÉRALE |
Maître de conférence en histoire du droit.
THÈME 1 : L'HISTOIRE DE LA VIE PRIVÉE (de l'Antiquité jusqu'à nos jours) |
La vie privée couvre tous les éléments qui sont non publics de la vie d'une personne, ce sont des éléments qui ne peuvent pas être exposés sans son consentement. Le droit à la vie privée est une protection contre une intrusion dans l'intimité des personnes. Que cette intrusion soit le fait de l'Etat ou des tiers. De manière concrete la vie privée est liée au domicile, aux correspondances, aux relations intimes...
La difficulté juridique qui se pose est que les composantes de la vie privée n'ont jamais fait l'objet d'une définition d'ordre légal, les contours en sont imprécis. En 1968 Robert Badenter mentionne que, "les juristes français se sont plus volontier attachés à dépeindre le contenant, le mur de la vie privée ..;"
En France, le principe du respect à la vie privée à penettrée notre droit depuis le 19ème siècle, mais il a fallut attendre 1970 pour que cette notion soit inscrite dans notre législation. Aujourd'hui c'est l'article 9 de la loi du 19 juillet 1970 qui régie la vie privée. Ce droit à un fondement constitutionnel, par un arrêt en date du 29 Juillet 1999, le CC a donné à ce principe une valeur constitutionnelle sur le fondement de l'article 2 de la DDHC.
Les tribunaux ont impliqué cette protection au droit à la vie sentimentale, au secret relatif à la santé, au secret de la résidence, au secret du domicile, aux opinions personnels, au droit à l'image, à la vie familiale.
À mesure que s'est développé l'individualisme, la vie privée à prit de plus en plus d'ampleur dans notre société. Mais elle trouve ses limites dans la libertés d'information.
I. La vie privée dans l'Antiquité
Dans la Grèce Antique, il y a schématiquement une distinction privée - publique de l'espace : le monde de la polis (monde politique) et de l'oikos (monde de l'économie familiale). Au dela de cette séparation il existe des lieux intermédiaires tels que les banquets. Dans ces lieux là il est difficile de faire la distinction entre ce qui relève du domaine public et ce qui relève du domaine privé pour une simple personne.
À Rome par contre, il n'existe pas de garantie propre à la vie privée, c'est même tout l'inverse. Les élites ont fait de la transparence et de l'ouverture des notions primaires. Les eclaves eux sont confinés dans la sphère de la vie privée du maitre, la participation à toute activité publique leur est interdite. Dans chaque maisonnée, le pater familias impose sa loi dans toute sa famille.
--> Nous pouvons retenir de l'Antiquité qu'il existe tout de même une certaine confusion entre les deux domaines, différemment d'aujourd'hui.
II. La vie privée au Moyen-Age
En 476, l'empire occident s'est effondré. L'empire romain n'a pas résisté à la faiblesse de ses empereurs, mais cet empire n'a pas resisté à l'envhissement des barbares sur son territoires (peuple germanique). Les peuplades barbares sont arrivées avec leur propre droit et va imposer son autorité publique. A Partir du 5e siècle, il va arriver des communautés très diverses. La confusion entre le publique et le privé va perdurer au Moyen-Age.
Cette confusion va très largement empirer lors de l'entrée en féodalité. Les seigneurs locaux vont construire des chateaux qui deviennent l'embleme du territoire. Cet enchatelement est l'appropriation du privé par la puissance publique. Il faut attendre le début du 12e siecle pour attendre que le monarque reprenne les pouvoirs qu'il a perdu. Cela va bouleversé le rapport entre le public et le privé. Le privé devient tout ce qui n'est pas publique, on dénote une véritable distinction à partir du 12e siècle. La diversification et l'augmentation des échanges marchands vont relever des échanges privés. L'individus dans le domaine public fait l'objet de la représentation : Louis 11 est roi, dans le domaine privé il est seulement "naturel", c'est à dire un homme. Ceci jusqu'au 15e siècle.
III. La vie privée dans l'époque moderne
Il faut attendre le 16e siècle pour qu'il y ait un nouveau bouleversement, l'humanisme juridique ou la 2nd naissance du droit commun. Les droits coutumiers vont s'unifier au profit d'un droit francais. Dans ce cadre on va avoir un grand mouvement d'affirmation des individus. L'individus va pouvoir s'émanciper de ses anciennes attaches, il va pouvoir donner libre court à un soucis de soi. C'est le début de la conquête individuelle, il y a un affinement de la pudeure qui va conduire à certains actes. On chiera en privé. Au 16e siecle des pratiques qu'on qualifie encore aujourd'hui de privée se font encore en public puisqu'on répond à un souci de représentation : le roi va dormir devant ses sujets. Il est en perpetuelle représentation car il ne ressent pas du tout l'envie du privé. Pour tous les individus publics il n'existe pas de vie privée. L'enfant royal est un enfant public, toutes les étapes de sa vie le seront également. Tous les gestes quotidiens se font enpublic. La vie du roi est faite pour le domaine public. La Bruyere : "il ne manque rien qu'à un roi que les douceurs d'une vie privée".
C'est au 18e siècle qu'un basculement énorme va s'opérer. A partir du 18e siècle, la famille va être considérée comme un espace devenu plus privatif, moins ouvert, le corps lui même va se privatiser avce l'apparition des lieux d'hygiene. La salle de bain fait son apparition, les toilettes deviennent privatifs. A travers ces lieux d'intimité, on assiste à l'avènement de l'intimité "psychique". Marie Antoinnette devient reine en 1714 et revendique fermement son droit à la vie privée, elle crée le Trianon qui est éloigné des regards. Elle va tenter de se soustraire le plus possible des contraintes royales. L'époque est marquée par la lecture qui devient silencieuse et provoque une individualisation plus poussée avec l'avénement de l'imprimerie. La lecture publique devient reserve aux classes pauvres qui ne savent pas lire. Ces transformations correspondent à de nouvelles formes litteraires, on voit se développer la correspondance des courriers, mais également l'autobiographie. Le goût de la solitude traduit ces sensibilités nouvelles. On assiste à un espace qui était public au Moyen Age à un espace qui devient de plus en plus intimiste.
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