L’expérience péroniste en Argentine (1945-1955)
Dissertation : L’expérience péroniste en Argentine (1945-1955). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Zagdoh • 18 Novembre 2018 • Dissertation • 2 400 Mots (10 Pages) • 460 Vues
L’expérience péroniste en Argentine (1945-1955)
Alain Touraine décrit le populisme comme "cette réaction, de type nationale, à une modernisation qui est dirigée du dehors". C'est cette réaction que va connaitre de nombreux pays d'Amérique latine à partir de la crise des années 1930. L’Argentine, grande exportatrice de denrées alimentaires surtout à destination de la Grande Bretagne, subi de plain fouet la crise de 1929. La misère, déjà très ancrée, progresse inexorablement. L'Argentine prend conscience des inégalités sociales, de la pauvreté et de la dépendance économique du pays vis-à-vis de l’occident. Ce contexte profite aux généraux pendant la décennie infâme qui débute avec un coup d’état militaire mené par le colonel Uriburu soutenu par la droite conservatrice afin de renverser un gouvernement qui représentait une bourgeoisie urbaine. Cette décennie est marquée par une très grande instabilité politique, la montée d’un ultra-nationalisme et l’intervention de plus en plus fréquente de l’armée dans les questions polisseuse : les militaires considèrent que l'armée n'a pas uniquement une mission de défense nationale mais qu'elle a aussi pour mission de developper et surtout d’organiser la patrie. L’Argentine reste pendant la très grande majorité de la guerre neutre jusqu’en mars 1942 date à laquelle elle se voit obliger de déclarer la guerre à l’Axe afin de pouvoir rejoindre les organisations internationales qui se mettent en place. Le 4 juin 1943 a lieu un nouveau coup d’état militaire contre le gouvernement de Ramón Castillo organisé par le GOU (le « Groupe des Officiers Unis »), c’est a ce moment qu’apparait le colonel Juan Domingo Perón qui entre au gouvernement. Né en 1895 dans la pampa argentine d’une famille de propriétaires moyens issue de l’immigration espagnol et italienne, il fait une carrière militaire comme enseignant mais aussi et surtout comme attaché militaire à l’étranger : c’est ce dernier poste qui permet au colonel d’aller au Chili mais aussi en Europe où il passe du tempos en Italie fasciste et en Espagne sous Franco après la guerre civile. C’est en rentrant en 1941 qu’il prépare ce coup d’état. Suite a ce dernier, il est nommé ministre du Travail et de la Prévision avant de devenir vice-président le 7 juin 1944. C’est dans ce contexte que s’inscrit ce dossier documentaire qui s’échelonne sur une période allant de 1950 à 2015. Le premier document, Les vingt vérités, de Juan D. Perón datant de 1950 définit le péronisme et sa doctrine : le Justicialisme. Le second document est un extrait du livre autobiographique d’Eva Perón intitulé La raison de ma vie de 1952, cet extrait notre l’importance des « descamisados » (les sans-chemises en espagnol) et de cet événement fondateur du péronisme du 17 octobre 1945. Enfin nous avons un ensemble de documents iconographiques sur Juan et Eva Perón. il est composé d’une photographie d’Evita s’adressant à une foule de femme à Buenos Aires en 1951, d’un extrait de livre de lecture pour les classes primaires montrant l’importance des Perón datant de 1954, d’une affiche de propagande parue dans le livre La nation argentina libre soberana de 1950 appuyant sur la nécessité d’industrialiser le pays et enfin une affiche du film Eva no duerme (Eva ne dort pas) de l’argentin Pablo Aguero datant de 2015, film qui retrace l’histoire du cadavre d’Evita Perón suite à sa mort prématurée en 1952. Comment Juan D. Perón a-t-il su transformer l’Argentine à l’échelle politique mais aussi socio-économique ? Afin de répondre à la question nous étudierons la doctrine proposée par le couple Perón afin d’établir, dans un second temps, un constat de l’État péroniste.
Le colonel Perón est un personnage clivant : depuis le coup d’état de 1943, il a gagné en popularité. Cependant il n’est pas aimé de tous, il existe une double opposition menée par les partis anti-fascistes et la droite conservatrice. Perón commence a inquiéter le gouvernement dont il fait parti. le 10 octobre 1945 il est contraint de démissionner et il est placé en détention à l’île Martin Garcia. Une fois la nouvelle répandue, une grève générale explose dans tout le pays. Une foule immense se déplace jusqu’à la Plaza de Mayo le 17 octobre 1945. Dans le document B, Eva Perón décrit cet événement fondateur. Elle insiste sur le rôle du peuple, ceux qu’elle surnomme les « descamisados », comme on peut le voir à la ligne 12 et 13 : « je n’oublierai jamais qu’a chaque descamisado, je dois un peu de la vie de Perón ». Cette manifestation dépasse les expectatives. Sous la pression, Perón est libéré. C’est une date fondatrice du péronisme qui est célébrée comme le jour de l’alliance liant Perón et le peuple. Il apparait au balcon du centre politique argentin : la casa Rosada. Cette image reste jusqu’à devenir la marque déposée du péronisme.
On ne peut pas évoquer l’expérience péroniste sans évoquer Eva Duarte qui devient la seconde femme de Juan D. Perón à la mi-octobre 1945. Eva Perón est une femme qui a su se hisser dans l’échelle sociale. Actrice, elle va utiliser la radio et son charisme pour accompagner le colonel Perón. Elle se présente comme la première des péroniste. C’est elle qui, le 17 octobre 1945, appelle le peuple à se mobiliser pour la libération de Perón. Elle joue un rôle essentiel dans la politique péroniste : elle voyage beaucoup notamment en Europe, elle tient des discours comme on peut notamment le voir dans la photographie présente dans le corpus documentaire où on peut voir Eva Perón devant une foule de femmes à Buenos Aires en 1951. Elle a grandement milité pour l’émancipation de femmes afin qu’elles aient les mêmes droits politiques, économiques et sociaux que les hommes. Elle a aussi un rôle auprès de la CGT (la confédération générale du travail), elle a un côté de dame de charité. Elle lute aussi contre la pauvreté avec sa fondation qui financent la construction d’hôpitaux publics ou encore d’orphelinats. Le couple est absolument essentiel. son importance est telle qu’elle est considérée comme une sainte par le peuple, elle est appelée Santa Evita. Certains seraient près a tout pour garder des reliques (un verre dans lequel elle aurait laisser une marque de rouge à lèvre, un papier qu’elle aurait touché…). Même après sa mort elle reste un enjeu important pour les politiques : dans le film Eva no duerme (Eva ne dort pas) de Pablo Aguero (document C) on peut voir qu’il y a toute une histoire autour de son corps qui est caché au Vatican avant de retourner en Argentine pour être enterré, d’après le film, « sous six mètres de ciment ». Le péronisme peut aussi s’installer en Argentine grâce à une volonté de changement. Perón, qui se rapproche des syndicats, propose une alternative entre le communisme et le capitalisme. On peut voir dans le premier document, Les vingts vérités, que Perón souhaite mettre fin à l’oligarchie comme il est écrit dans le deuxième points : « tout cercle politique est antipopulaire, et donc n’est pas péroniste » et devenir indépendant d’un point de vu économique (« une Argentine économiquement libre », point dix-huit). Il insiste sur l’importance du travail (« il n’existe pour le péronisme qu’une seule classe d’Hommes : ceux qui travaillent », point quatre) et de la justice (« nous embrassons le peuple avec de la justice », point dix). Il utilise aussi a différentes reprises le vocabulaire de la nouveauté comme par exemple « Argentine nouvelle » (point cinq) ou encore « la véritable démocratie » (point un) comme si l’Argentine n’avait jamais connu cela puisqu’elle n’était pas réelle.
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