Les mémoires de la SGM : lecture historique
Étude de cas : Les mémoires de la SGM : lecture historique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 27 Septembre 2013 • Étude de cas • 3 599 Mots (15 Pages) • 797 Vues
Thème 1. Chapitre 1. Les mémoires de la SGM: lecture historique.
Entre mémoires et histoire
Les conséquences du conflit ont marqué les mémoires mais celles-ci évoluent au fil des temps. Il revient à l’historien d’en écrire l’histoire.
La mémoire est un phénomène complexe, largement subjectif: la mémoire intègre une expérience, un ressenti, une large part d’émotion, de sensibilité. Elle évolue entre souvenirs, amnésie, refoulement et revitalisation. La mémoire sélectionne, laissant parfois dans l’ombre ce qui dérange ou effraie, elle se déforme par l’interprétation que tel ou tel témoin fait de son passé à la lumière de ce qui est survenu depuis. Elle s’entretient par les manuels d’histoire, par les commémorations ; elle peut aussi s’étioler, ou s’effacer avec le temps. En fait il n’y a pas une mémoire mais des mémoires
officielle : liée à la commémoration ou la glorification, créant une certaine identité nationale ; elle met en avant certains personnages dans les programmes scolaires.
de groupe : acteurs de conflits, partis politiques, associations….. qui défendent la mémoire de leur groupe ( cf la mémoire résistante qui s’ancre sur un certain nombre de certitudes et se sent menacée en 70 car les historiens commencent la déconstruction de certains mythes
savante : celle de l’historien
collective/diffuse/sociale : celle de la nation.
L’histoire, elle demeure, en s’appuyant sur les faits et sur les documents qui les attestent. Elle est fondamentalement une « remise à distance ». L’historien étudie ce que les témoins racontent sur une période donnée mais aussi ce qu’ils occultent. Il confronte ces informations aux autres sources dont il dispose car il cherche à comprendre et à expliquer.
Il n'existe pas pour l'historien de « devoir de mémoire » cristallisé dans des revendications catégorielles ou communautaristes, mais bien un devoir d'histoire, un devoir d'intelligence.
Au lendemain de la guerre, la reconstruction est nécessaire, comme après toute guerre, dévastatrice par nature .Compte tenu de la spécificité de la situation française, la reconstruction doit aussi être envisagée sur le plan moral et politique. En effet, la société française est profondément divisée. Les Français furent d’abord largement attentistes, puis hostiles à Vichy, et deux camps s’affrontent dans ce que l’on peut assimiler à une « guerre civile » : d’un côté les partisans de Vichy et de la collaboration, et d’un autre côté les forces issues de la Résistance.
Comment sortir, alors, d’une guerre pendant laquelle la République a été remplacée par un régime collaborationniste qui a profondément divisé les Français ?
Problématique : Pourquoi les années 1940 à 1945 sont-elles un « passé qui ne passe pas » (Henri Rousso) pour les Français ?
I. La mémoire sélective 1944 – 1970
La guerre achevée se manifeste un besoin d’unité, la nécessité de ressouder la population, la volonté de bâtir un consensus. Celui-ci s’appuie sur deux points : l’identification de l’ensemble de la société française autour de la Résistance et l’oubli du régime de Vichy.
1. La construction d’une mémoire officielle 44 - 47
a . L’image d’une France unie et résistante doc 1 p 51
La Nation s’identifie aux hommes qui ont largement contribué à la libération du territoire national. On assiste donc à l’union de toute la société autour de la Résistance et pendant cette période, les divisions politiques entre résistants sont gommées ou aplanies car on considère les résistants avant tout comme des patriotes.
Les différents partis politiques, PCF ( légende du parti des « 75000 fusillés), SFIO, MRP véhiculent l’image d’une France majoritairement résistance et De Gaulle incarne et magnifie cette image.
Dès 1946, le film « La bataille du rail » de René Clément glorifie la France résistante. Sa projection aux enfants des écoles primaires se répète d’année en année.
C’est le « résistancialisme » avec assimilation de la Résistance à l’ensemble de la population et minoration de l’importance du régime de Vichy et de la collaboration.
b. Le refoulement de Vichy hors de la mémoire officielle doc 1 p 60
De Gaulle annule tous les décrets et les lois pris par l’autorité de fait qu’est l’Etat français. Pour lui comme pour les partis de la résistance, ni la France, ni la République, ni la société française dans son ensemble ne peuvent être tenues pour responsables de la politique de collaboration de Vichy
L’épuration, d’abord sauvage puis sous une forme judiciarisée ( p 54-55) permet de punir ceux qui ont pris une part active à la politique de collaboration et qui sont considérés comme des traîtres, mais au-delà de cette attitude, il existe tout de même une idée de réconciliation : on dédouane une majorité de Français qui ont tout de même largement soutenu le régime de Vichy jusqu’en 42.
L’histoire officielle est alors en totale distorsion avec la vérité historique falsifiée pour des raisons idéologiques. En déclarant que Vichy est nul et non avenu, la question des responsabilités de l’administration française dans la déportation des Juifs de France est totalement éludée, la spécificité de leur calvaire aussi…
c. Une image erronée de la déportation doc 2 p 51
L'image qui capte l'attention est celle des « déportés résistants » victimes de la répression nazie.
Véritables héros nationaux car la seule raison à l’origine de leur souffrance qui est alors retenue est le patriotisme et nulle autre ne saurait exister: qu’ils soient prisonniers politiques, résistants, requis du STO en Allemagne, prisonniers de guerre. D’ailleurs La mémoire spécifique des prisonniers de guerre 1 850 000 hommes en 1940 est effacée puisque c’est la preuve vivante de la plus grande défaite qu’elle ait jamais connue de son histoire : c’est la condamnation à l’oubli. Quant aux juifs de retour des camps d'extermination, ils ne sont pas considérés comme un groupe spécifique ayant échappé
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