Le Patrimoine : Lecture Historique
Cours : Le Patrimoine : Lecture Historique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar laskow974 • 16 Mai 2013 • Cours • 1 801 Mots (8 Pages) • 1 026 Vues
Le Patrimoine : Lecture Historique
I. De la naissance du patrimoine à la multiplication des patrimoines
A. L’élaboration du patrimoine
Il est important de comprendre qu’un objet urbain aujourd’hui considéré comme patrimonial ne l’a pas toujours été. Il l’est devenu lorsqu’un groupe, une société a considéré qu’il devait être préservé pour être transmis à ses descendants. Le patrimoine est donc une construction sociale.
Un objet devient patrimonial lorsqu’une société estime que, en le détruisant, elle perdrait une trace importante de son histoire. Le patrimoine est donc un signe du rapport de cette société à son passé. Elle choisit des éléments qui sont pour elle des symboles de ce passé.
Mais le patrimoine n’est pas l’histoire : les choix effectués par une société ne sont pas toujours historiquement corrects. Elle peut avoir une vision erronée de son histoire, ou de l’objet qu’elle choisit. Ainsi, le Louvre est souvent considéré comme le Palais des Rois de France à Paris. Pourtant, c’est l’actuel Palais de Justice, sur l’île de la Cité, qui a été le premier, et le principal, palais royal. De plus, ce sont les Tuileries aujourd’hui disparues qui ont, davantage que le Louvre, accueilli le pouvoir royal.
B. L’extension du patrimoine
Historiquement, la religion et le pouvoir politique ont fourni les premiers objets patrimoniaux, considérés comme tels pour leur ancienneté et leur valeur esthétique. A Rome, dès le XVIème siècle, ce sont les monuments antiques, vus comme des signes de la splendeur de la République et de l’Empire Romain. A Paris, la Révolution cherche à préserver, après la chute de la monarchie en 1792, certaines des traces du pouvoir royal disparu.
L’élaboration du patrimoine d’une ville n’est pas seulement le fait de la société qui l’habite. Ainsi, la valeur patrimoniale du mur occidental, vestige du temple de Jérusalem, se diffuse en Europe lorsque s’y renforce au cours du XXe l’idée d’une nation et d’un Etat pour les juifs persécutés. A Paris, les quais de la Seine sont classés « patrimoine mondial de l’humanité » en 1991.
Enfin, de nouveaux objets, autres que monumentaux, peuvent devenir patrimoniaux. A Paris, à partir des années 1970, se diffuse l’idée d’un patrimoine paysager, d’un patrimoine industriel.
II. Des usages différents du patrimoine
A. Affirmer une identité
Préserver et mettre en valeur le patrimoine peut servir à affirmer une identité. Il s’agit dans ce cas d’utiliser le patrimoine comme une justification, comme une preuve. Ainsi, à Jérusalem, des patrimoines différents servent à affirmer l’ancienneté de l’implantation des groupes qui se disputent le contrôle de la ville. Le patrimoine est un moyen de soutenir des revendications concurrentes.
Le patrimoine peut aussi faire l’objet d’une véritable mise en scène identitaire. A Rome, Mussolini veut, pour exalter ses projets d’expansion, faire des Italiens les héritiers de la République et de l’Empire romain. Pour cela, il emploie les vestiges des Forums antiques comme cadre monumental de manifestations de masse.
B. Ouvrir et accueillir
L’intérêt que portent aujourd’hui les sociétés à leur patrimoine témoigne de l’importance qu’elles attachent à sa préservation. Il faut donc le protéger, lui permettre de traverser le temps sans dommage. Ainsi, à Paris, après 1830, une nouvelle administration en charge des « monuments historiques » dispose pour cela des moyens financiers et techniques.
Pour préserver le patrimoine, il faut aussi que les générations futures comprennent pourquoi la société actuelle l’a choisi. Il doit donc être étudié et explicité. C’est le rôle, à Paris, des panneaux que la municipalité place devant bâtiments et lieux patrimoniaux depuis la fin du XXe siècle.
Enfin, les sociétés veulent avoir accès à leur patrimoine, même si sa fonction originelle a disparu. Il faut donc aménager le patrimoine pour l’ouvrir au public. Ainsi, à Paris, la gare d’Orsay, désaffectée mais considérée comme un témoin de l’architecture industrielle, est devenue un musée. L’attrait pour le patrimoine constitue aujourd’hui un enjeu économique majeur, générant revenus et emplois.
III. Les conflits autour des patrimoines
A. Concurrences
L’étude scientifique du patrimoine peut remettre en question la manière dont la société considère son passé. En effet, historiens ou archéologues peuvent montrer que la vision qu’elle a construit de son patrimoine ou de son histoire est fausse. De même, toute action sur le patrimoine peut être considérée par un groupe comme une tentative de modifier ou de nier son passé.
Ces situations sont sources de tensions, particulièrement lorsque des patrimoines sont mis en concurrence par des groupes différents. C’est le cas à Jérusalem, dans le cadre de la rivalité créée entre patrimoines juif et arabo-musulman.
B. Fragilités
L’intérêt grandissant pour le patrimoine peut, paradoxalement, le mettre en danger. En effet, comme à Rome, la forte fréquentation fragilise les œuvres anciennes et menace leur préservation. De plus, la multiplication des objets patrimoniaux accroît encore les besoins financiers nécessaires à leur sauvegarde.
Pourtant, c’est leur fréquentation qui témoigne de leur statut patrimonial et génère les sommes nécessaires à leur entretien. Il y a donc conflit entre deux impératifs : préserver et accueillir.
C. Excès
L’attention portée au patrimoine peut conduire à figer l’espace urbain. En effet, la possibilité d’intervenir au cœur de la ville devient de plus en plus difficile : à Jérusalem, pour éviter tout conflit ; à Rome et Paris, pour préserver un patrimoine de plus en plus important.
Pourtant, l’organisation urbaine de ces villes ne répond plus aux besoins actuels d’une métropole moderne. Ainsi, ni Rome ni Paris ne peuvent accueillir un trafic routier grandissant. De plus, faire de la ville un musée ne permet pas d’édifier des objets qui, plus tard, pourraient devenir patrimoniaux.
Les Mémoires, Lecture Historique
I. Mémoire
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