De Tel-Aviv à Jérusalem, quels enjeux?
Étude de cas : De Tel-Aviv à Jérusalem, quels enjeux?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Augustin Dallemagne • 11 Août 2019 • Étude de cas • 5 895 Mots (24 Pages) • 478 Vues
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De Tel-Aviv à Jérusalem, quels enjeux ? Analyse selon la perspective identitaire et les théories transnationalistes Travail réalisé par Augustin Dallemagne LSPRI2020 – Introduction aux relations internationales : Théories et systèmes Liégeois Michel et Orinx Kimberley 2018-2019 Relations Internationales : Diplomatie et Résolution de conflit |
I : Introduction
D’abord Empire ottoman, ensuite mandat anglais, puis enfin Israël, le territoire ne pouvant aujourd’hui être objectivement qu’appelé territoire « Israélo-palestinien » a connu de nombreuses autorités différentes. Cependant, aujourd’hui la question est bien là. Qui est le peuple légitime de ce territoire tant contesté. D’une part, les juifs réclament le territoire qui leur aurait été accordé par le Royaume-Uni et qu’ils estiment leur revenir dûment, notamment au travers des textes qui leurs sont sacrés. D’autre part, les peuples arabes dits palestiniens, vivant sur ces terres depuis des générations, et estimant ce territoire comme leur.
Ce conflit, trouvant son origine bien avant l’ère moderne des relations internationales, ne cesse depuis sa réactivation peu avant 1918 et la fin de la première guerre mondiale, de faire la une de l’actualité plusieurs fois par an avec les plus récents évènements du conflit. L’évènement récent le plus marquant est certainement l’annonce du président américain Donald Trump le 6 décembre 2017 de sa volonté de déplacer l’ambassade américaine (alors située à Tel-Aviv) à Jérusalem. Cette opération s’effectuera et la nouvelle ambassade américaine ouvrira alors à Jérusalem le 14 mai 2018.
Le déplacement d’une ambassade peut paraitre comme un élément anecdotique, mais derrière cet acte se cache en réalité la reconnaissance officielle des Etats-Unis de Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël, ce qui est un élément bien plus important que le simple déplacement de l’ambassade.
Dès lors, afin de comprendre en quoi ce déplacement est un nouvel évènement marquant dans l’histoire de ce conflit, il s’agira d’analyser en revenant de manière chronologique et ensuite thématique sur le sujet en centrant l’étude sur deux manières de percevoir les relations internationales. Ainsi, le éléments identitaires du conflit seront mis en avant dans un premier temps, suivis d’une analyse selon les théories transnationalistes présentées notamment par Joseph Nye et Robert Keohane.
En effet, le conflit israélo-palestinien comporte son lot d’enjeux, de causes et de conséquences identitaires qu’il s’agit de relever afin de comprendre en quoi la reconnaissance des USA de Jérusalem comme capitale est un enjeu si fondamental. De plus, les théories transnationalistes vont permettre de mettre en lumière les aspects moins souvent mis en avant du conflit, en prenant un certain recul par rapport aux théories stato-centrées souvent mises en avant et proposées, tant par la presse grand public que par la presse et la recherche scientifique plus approfondie.
Enfin, le conflit israélo-palestinien étant très clivant, et l’analyse identitaire d’un conflit étant subjective par nature, il s’agit de mentionner qu’aucune opinion personnelle ne sera exprimée ici, l’objectif étant de présenter les différents éléments d’analyse de la manière la plus objective possible.
II : Avant 1914
D’un point de vue identitaire, le conflit israélo-palestinien trouve son explication essentiellement dans les nombreuses différences qui opposent l’identité juive et l’identité palestinienne. Pour comprendre comment se sont développées ces deux identités, il s’agit de remonter bien avant le début des tensions. Il s’agit dans un premier temps de mettre en avant comment l’identité juive s’est construite à travers l’histoire, et comment l’évolution de cette identité les a menés à terme à s’installer sur le territoire de l’actuel Israël, à la suite de la prise progressive d’importance du mouvement et de l’idéologie sioniste.
Le sionisme, tel que défini par Alain Boyer dans son ouvrage : « Les Origines du sionisme », est le « mouvement national du peuple juif qui a pour but le retour des Juifs en Terre d’Israël, leur patrie d’origine, en vue d’y constituer une entité politique autonome, un Etat-nation. » [1] Bien ancré dans la religion juive, le mouvement sioniste tient son nom d’une des collines de Jérusalem (Sion), terme régulièrement employé dans la Torah[2], souvent pour en désigner le peuple (le peuple de Sion). Il s’agit là d’un des éléments principaux de l’idéologie sioniste mais également de l’identité juive. En effet, dans les textes de la Torah (qui selon les juifs sont issus de Dieu lui-même), le territoire disputé aujourd’hui est dit « terre promise », la terre qui revient de droit aux juifs. En effet, l’on retrouve notamment des passages tels que « Maintenant, Israël, écoute les lois et les ordonnances que je vous enseigne. Mettez-les en pratique, afin que vous viviez, et que vous entriez en possession du pays que vous donne l'Éternel, le Dieu de vos pères. »[3]. Ainsi, bien qu’une part du peuple juif ait continué à vivre sur les terres d’Israël, la diaspora reste un élément caractéristique de ce peuple. Cette diaspora commence en 588 avant Jésus-Christ suite à la destruction du temple de Salomon. Elle se poursuit sans jamais s’arrêter, et donne lieu à une identité et à une culture juive hors des limites de son territoire à travers le culte synagogal en établissant une patrie spirituelle[4] qui rayonne au-delà des frontières d’Israël et rassemble les juifs dispersés partout dans le monde autour d’une identité commune. Au sujet de cette identité commune, Alain Boyer dira que : « L’individu juif est défini par son appartenance à une communauté, une « nation juive », qui, en vertu de « privilèges » toujours révocables consacrant tout à la fois son existence et sa sujétion, dispose d’une large autonomie interne. »[5]. Cependant, malgré cette identité commune au-delà d’un territoire, le désir et la volonté des Juifs de s’établir en terre sainte, en Israël a toujours été présent, et c’est durant la deuxième moitié du 19e Siècle que les premières réelles revendications et mouvements voient le jour parmi les juifs. En effet, le peuple juif cherche à sécuriser son identité en en donnant une traduction politique qui va lui donner une garantie de survie et d’autodétermination.[6]
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