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Les origines de la lutte entre Armagnacs et Bourguignons

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Par   •  4 Décembre 2018  •  Commentaire de texte  •  2 900 Mots (12 Pages)  •  724 Vues

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HISTOIRE SOCIALE ET POLITIQUE (FIN MOYEN ÂGE)

LE ROYAUME DE FRANCE AU TEMPS DE LA GUERRE DE CENT ANS

Les origines de la lutte entre Armagnacs et Bourguignons (document de 1491 environ) d’après Thomas Basin dans Histoire de Charles VII

Comme l’écrit Bertrand Schnerb, « la guerre civile qui éclata en 1410 fut l’une des plus formidables crises du pouvoir que la monarchie française ait eu à subir avant 1789. Ce conflit est connu comme celui qui opposa les « Armagnacs » aux « Bourguignons ». » C’est ce conflit que l’auteur Thomas Basin va tenter de décrire dans son Histoire de Charles VII. Thomas Basin est un évêque et un chroniqueur français de langue latine né en 1412 en Normandie et mort en 1491. Il est le premier évêque normand à se rallier à Charles VII ce qui lui vaudra une place de conseiller du roi. Entre 1471 et 1484, il rédige l’Historiæ de rebus a Carolo VII et Ludovico VI. Francorum regibus gestis qui est une chronique générale racontant les faits se déroulant de 1407 à 1483. Thomas Basin est donc un contemporain de cette guerre civile entre Armagnac et Bourguignon. Cependant, dans l’extrait de sa chronique que nous allons par la suite étudier, il est question d’évènements de 1407 et donc antérieurs à la naissance de l’auteur. On peut donc déduire que Thomas Basin a récolté d’autres sources orales ou écrites des évènements précédents sa naissance pour les incorporer aux faits dont il est le témoin. On y voit ici son besoin de relater les débuts de la guerre civile qui éclate en 1407 suites à plusieurs difficultés dans le royaume. Tout d’abord, le roi Charles VI devient fou à 24 ans, en 1392 et il ne peut donc plus assurer tout seul le gouvernement du royaume. De plus, le Grand Schisme qui survient en 1378 oblige la Chrétienté à se diviser en deux obédiences. Et pour finir, la fiscalité pourtant pérenne mise en place par Charles V à sa mort en 1380 échoue avec les entreprises de Louis duc d’Anjou ce qui oblige la monarchie à instaurer de nouveau le fouage et à imposer de plus en plus la population française pour remplir le Trésor.  Dans cet extrait, Thomas Basin nous relate donc les débuts de cette guerre entre Armagnacs et Bourguignons en 1407. Il commence par introduire le roi Charles VI et sa condition intellectuelle pour expliquer la querelle de pouvoir entre le duc d’Orléans et le duc Jean de Bourgogne. Puis, il énonce la volonté de Jean duc de Bourgogne d’assassiner son oncle le duc d’Orléans et pour finir, l’auteur nous explique comment le duc de Bourgogne est parvenu à retourner l’opinion public contre le duc d’Orléans pour justifier son assassinat. Dans ce contexte de tensions dans les années 1407, nous pouvons alors nous demander en quoi ce texte met-il en avant les difficultés présentes depuis la fin du XIVe siècle et le problème de la fiscalité qui s’accroit toujours plus dans le royaume de France depuis le début de la Guerre de Cent ? Pour répondre à cette question, nous nous emploierons d’abord à présenter la rivalité présente entre les « princes de fleurs de lys », puis nous verrons la place du duc d’Orléans dans le royaume et ce qui lui attire les foudres de l’opinion public et pour finir, nous aborderons le stratagème de Jean de Bourgogne pour convaincre la population et justifier son acte.

  1. La rivalité entre les « princes de fleurs de lys »
  1. Une lutte pour prendre le gouvernement
  • Charles VI est devenu fou en 1392 et son oncle le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, puis son fils Jean de Bourgogne, voit ici une occasion de reprendre le contrôle de la monarchie après le gouvernement des Marmousets tandis que Louis d’Orléans, le frère de Charles VI, pense profiter de l’occasion pour affirmer sa place.

 L.4 à 8 : « Ce malheur fut cause qu’entre les princes du royaume, surtout entre le duc d’Orléans, frère de Charles VI et Jean duc de Bourgogne, des jalousies se firent pour le gouvernement du royaume.

 Louis duc d’Orléans, cadet du roi, voit enfin l’opportunité de trouver sa place dans le gouvernement tandis que Jean de Bourgogne, fils de Philippe le Hardi, veut suivre l’ambition de son père à gérer le royaume à la place du roi.

  •  Charles VI retrouve parfois la lucidité comme en 1393 où il désigne son frère, Louis duc d’Orléans comme régent du royaume pendant ses absences et à sa mort, ce qui accentue la rivalité entre le duc d’Orléans et le duc de Bourgogne.

 L. 6 à 8 : « La folie du roi lui interdisait absolument de gouverner par lui-même. Chacun des princes, au contraire, par ambition à la fois par intérêt, se jugeait plus indiqué que le voisin pour cette grande charge. »

 Malgré l’ordonnance du roi concernant sa régence, Jean de Bourgogne, vivement opposé à Louis d’Orléans, considère qu’il doit évincer son oncle du pouvoir car il est mieux placé pour gouverner et prendre en main la régence.

  1. Un réseau d’alliances qui amplifie le conflit

  • Louis d’Orléans se trouve des alliés comme le duc de Lorraine, le comte de Clèves ou encore le roi Wenceslas de Luxembourg-Bohême mais tous ces alliés sont des ennemis de Robert de Bavière, allié et parent par mariage de Philippe le Hardi. Jean de Bourgogne, son fils, est d’ailleurs marié à Marguerite de Bavière.

 L. 8 à 9 : « Et chacun comptait beaucoup de sectateurs et de partisans. »

 On a une conflictualité entre Jean de Bourgogne et Louis d’Orléans par le simple fait qu’ils soutiennent des personnes différentes. Entre la famille de Bavière et le roi Wenceslas, cela ira même jusqu’à une guerre ce qui rend difficile toutes négociations entre le duc d’Orléans et le duc de Bourgogne car ils deviennent par là des ennemis interposés.

  1. Deux politiques distinctes

  • Les rivalités entre le duc d’Orléans et le duc de Bourgogne sont également dues à leurs politiques distinctes. En effet, Luis d’Orléans veut continuer à appliquer la politique réformatrice des Marmousets qui passe par le renforcement de l’appareil administratif et juridique, de la fiscalité et l’affirmation du pouvoir royal face à l’Angleterre ou le Pape. A l’opposé de cette politique se trouve Jean de Bourgogne qui lui prône une politique diplomatique avec l’Angleterre et le Pape pour résoudre le conflit franco-anglais et le schisme ; de plus, la famille de Bourgogne prône une réforme beaucoup plus traditionnaliste.

 L. 7 : « Chacun des princes, au contraire, par ambition à la fois et par intérêt »

 Dans cette phrase, on peut lire entre les lignes du texte. On retrouve bien ici des ambitions différentes : la famille d’Orléans veut renforcer l’État et contrer le roi d’Angleterre tandis que la famille de Bourgogne tend surtout à réunifier la chrétienté et à s’unir au roi d’Angleterre si cela peut garantir la paix.

  1. Le duc d’Orléans et le contrôle de la fiscalité
  1. Le duc d’Orléans contrôle le Trésor …

  • En étant désigné régent du royaume, Louis d’Orléans est donc désigné à la tête du gouvernement et par ce fait, il a la possibilité de contrôler le Trésor. On avait vu ce rapport entre être à la tête du gouvernement et avoir la main sur le Trésor avec l’exemple de Louis d’Anjou, frère de Charles V et régent du royaume qui dilapide le Trésor au début du règne de Charles VI.

 L. 26 – 27 : « De lui dépendaient le gouvernement et l’administration de tout l’État et de prérogatives royales. »

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