Commentaire détaillé : Rituels de fidélité du roi danois Harald à l’empereur Louis Le Pieux (826)
Commentaire de texte : Commentaire détaillé : Rituels de fidélité du roi danois Harald à l’empereur Louis Le Pieux (826). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lea Roze • 5 Février 2023 • Commentaire de texte • 2 740 Mots (11 Pages) • 312 Vues
Commentaire détaillé : Rituels de fidélité du roi danois Harald à l’empereur Louis Le Pieux (826)
Dans l’ouvrage Vita Anskari, rédigé par l’évêque de Hambourg-Brême Rimbert vers 875. L’auteur nous montre les missions de conversions menées dans la zone scandinave par le moine franc Anschaire dans les années 820. Il existe assez peu de source sur la christianisation du nord européen, mais nous allons en voir une.
Cet extrait est issu d’un poème, public, traduit du latin vers le français. Ce texte a pour but de convaincre le Roi, ce qui explique sa conservation dans le temps. Le poème reprend la forme antique, il est inspiré de l’Eneide de Virgile. Il est issu de l’ouvrage Carmen in honorem Hludovici christianissimi Caesaris Augusti rédigé par Hermold le Noir. L’auteur, né en 790 et mort en 838, est un ecclésiastique de la période carolingienne. Il est présent lors de l’expédition en Bretagne de 823 au côté de Louis le Pieux. Mais il est frappé par l’exil en 826 pour avoir aidé les fils du monarque à rentrer en révolte contre leur père. Ce dernier écrit donc ce poème depuis Strasbourg ou il essaye de retrouver les bonnes grâces du pouvoir royal. Ce poème est là pour flatter la famille impériale et montrer une grande harmonie au sein de la dynastie. Cet œuvre s’arrête sur la cérémonie avec Harald en 826, période où l’auteur est envoyé en exil. La date de rédaction du poème est probablement l’année suivant son exil, et les spécialistes s’accordent à penser qu’il a été envoyé en 828 avant la destitution d’Hugues de Tours en février.
Cette partie du poème s’inscrit dans une période majeure du souverain danois. Harald cherche du soutien dans la crise successorale qui touche le trône et la région danoise. Ce dernier a été chassé du pouvoir en 813 et il s’était réfugié à la cour de Louis le Pieux une première fois. Les deux souverains entretiennent à partir de cette date des liens et l’empereur aide Harald en lui envoyant des renforts. Depuis 820, Louis le Pieux souhaite christianiser dans la Scandinavie. Il charge Ebbon, archevêque de Reims, de cette mission. Le monarque désire être le protecteur de la foi chrétienne et convertir les païens du nord européen. Cette christianisation passe par le baptême de Harald en 826.
Cet extrait prend place au palais d’Ingelheim à proximité de Mayence. Ce palais est représentatif du pouvoir carolingien. Il est construit à proximité d’un château mérovingien. La première visite de Charlemagne date de 770, mais on sait qu’il y séjourne assez peu, car les travaux ne sont pas terminés. Louis le Pieux s’y rend plus régulièrement et le palais devient à cette époque représentative des carolingiens par la décoration, comme nous l’apprend Hermold le noir dans une partie du poème.
Ce passage commence par la fin de la cérémonie du baptême puis l’auteur nous présente la scène de chasse associée au banquet. Après ces rituels de la société franque, Ermold décrit la recommandation d’Harald et les cadeaux du roi franc à ce dernier.
Le baptême d’Harald a été l’occasion de créer des liens très forts, les cérémonies qui suivent favorisent cette idée. Comment l’auteur a réussi à nous montrer le renforcement de cette amicitia dans un cadre franc marqué par la religion chrétienne ?
Premièrement, nous verrons les rituels profanes qui privilégient les liens puis la religion comme point essentiel des relations. Nous finirons par l’identité franque transmise à Harald.
- Des rituels profanes qui favorisent les liens aristocratiques
- La chasse
Ligne 12 = « Une île, qu’enveloppe le cours profond du Rhin » : Il faut définir l’endroit où ils vont chasser. C’est dans la foret du palais d’Ingelheim. C’est un endroit où Charlemagne se rendait, mais à sa mort les travaux n’étaient pas totalement finis. Louis Le Pieux, on le sait, y est plus régulièrement. De plus, cela rappelle l’importance de la foret et de sa propriété au Moyen Âge.
Ligne 10= « César, suivi de ses Francs » : La chasse est une pratique de cour. Elle vise à resserrer les liens entre le souverain et ses sujets, mais aussi les grands du pouvoir. La présence des riches familles permet à Louis le Pieux de fédérer autour de sa personne.
Lignes 4 à 5= « César, ardent, met lui-même à mort une foule d’animaux, qu’il frappe de sa propre main. » : Les souverains carolingiens sont souvent représentés en train de chasser. Cette représentation est là pour montrer la force du souverain. On représente, comme ici, plus généralement la chasse à la cour, car elle est plus physique et met donc plus en avant la vigueur physique du souverain.
Ligne 8= « Et voici que monte à cheval Judith » : Les femmes ne sont pas interdites de chasse à l’époque carolingienne. Paul Diacre montre dans ses écrits qu’il n’a rien de choquant à cela. Mais cela reste rare. La présence de Judith a pour but de renforcer sa légitimité dans un poème ou l’auteur chercher à s’attirer les grâces du pouvoir. Il la flatte et met en avant son importance dans le pouvoir.
Ligne 37= « Alors, il saisit des armes à sa taille, et frappe la bête tremblante » : On parle ici de Charles, le dernier fils de Louis le Pieux. Ce dernier est né en 823, ce qu’il fait qu’il a trois ans au moment des faits. La mise en avant de ce dernier a pour but de légitimer sa place dans la famille royale et montrer qu’il a l’étoffe d’un futur souverain.
- Le banquet
Lignes 49 à 50= « Une venaison variée couvre la table de l’empereur. » : « Venaisons » : C’est de la viande, le plus souvent de gibier. Au Moyen Âge, les rois invitent des membres de la cour à de grands festins pour montrer l’étendu de leur pouvoir. Le but est de servir des mets raffinés pour impressionner leurs hôtes.
Ligne 59= « L’empereur, selon l’usage, repartit la chasse entre tous ses serviteurs » : Le roi doit se montrer comme un souverain riche capable de subvenir aux besoins de ses sujets. Il montre donc son opulence puis la partage. Le roi se montre matériellement supérieur.
Ligne 59= « Une bonne part en revient aux clercs. » : La présence du clergé permet de sacraliser les actes du souverain. De plus, c’est une façon de ne pas être écarté des discussions du souverain surtout qu’elle touche celle de l’église. Notamment que sous Louis le Pieux, le clergé ne veut pas être écarté de la diplomatie.
Lignes 50 à 51= « Ils portent les coupes à leurs lèvres, et à son tour la soif est chassée par le doux breuvage : le vin généreux » : Les poèmes d’Alcuin et de Théodulf nous apprennent que le repas carolingien est en deux temps : celui du repas vu au-dessus puis la potatio de la boisson. Le vin, tout comme le repas, a pour but de renforcer les liens entre le souverain et ceux qu’ils l’entourent. Le vin a aussi un aspect religieux.
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