Commentaire La Fonction Comtale
Commentaire de texte : Commentaire La Fonction Comtale. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar basiloulaterreur • 17 Octobre 2019 • Commentaire de texte • 1 997 Mots (8 Pages) • 861 Vues
Dans son Manuel de Diplomatique, Arthur Giry indique que le formulaire de Marculf est “le formulaire le plus important de l’époque mérovingienne et le plus intéressant aussi au point de vue diplomatique”.
En effet, le texte étudié est un extrait du Formulae de Marculf, qui est un recueil d’actes juridiques datant de l’époque mérovingienne. C’est une sorte de manuel, indiquant aux rédacteurs d’actes codifiés comment procéder. Il comprend en réalité une multitude d’exemples d’actes déjà rédigés, pour afficher un modèle au rédacteur.
Il a été composé par un moine nommé Marcellin, et sa première publication daterait d’entre la fin du VII et le début du VIII. L’extrait étudié est tiré de l’édition du formulaire par Zeumer dans Monumenta Germaniae Historica, en 1886.
Le texte que nous allons étudier est un extrait du formulaire, c’est une section intitulée Chartes de duché, de patriciat ou de comté. Il porte sur la nomination du nouveau comte.
En effet, la fonction comtale est en plein essor au moment de la première rédaction du formulaire.
Après la disparition de l’empire romain au Ve siècle, qui disposait d’une organisation adminisrative perfectionnée, il ne subsiste plus qu’une seule circonscription administrative, la civitas, ou cité. Les mérovingiens vont la requalifier, et la civitas devient un pagus, ou pays. Le Roi décide alors de placer à leur tête quelques uns de ses nombreux compagnons (commites en latin, qui donne comte). Le comte dirige alors un pagus, assisté de vicomtes. Le titre de duc apparaît lui bien plus tardivement, au VIIe siècle, et il désigne un comte règnant sur un duché, c’est à dire une plus grande circonscription, regroupant plusieurs comtés.
Pour ce qui est du droit, l’époque est marquée par un droit basé sur la coutume. Puisque la fonction comtale est en expension, le nombre de comtes augmente et il paraît donc logique de passer à l’écrit les coutumes concernant leur nomination et leurs obligations.
Le texte permet donc d’entrevoir très largement l’organisation du pouvoir local au cours de la dynastie mérovingienne, la conception de la fonction comtale ainsi que sa consistance.
La première partie du développement concernera le statut du comte (I), nous y démontrerons que le comte est le relai du pouvoir royal (A) mais aussi une grande figure pour le peuple (B). Puis, dans un second temps, nous aborderons ses pouvoirs (II), qui sont le gouvernement (A) et la justice (B).
I) Le statut du comte
Dans un besoin de s’assurer un contrôle et une influence sur tout le royaume, les rois Mérovingiens installent à la tête de chaque pagus, qui correspond l’ancienne cité romaine, un de leurs compagnons, ce sont les comtes.En effet, le Roi ne peut assurer un gouvernement précis, efficace sur tout son royaume dans le même temps, le Roi s’aide donc des comtes. Ils sont l’expression du pouvoir royal au niveau local.
A) Le relai du pouvoir royal
Le comte, c’est avant toute chose un proche du Roi. En effet, le Roi le choisit lui-même parmis sa cour, ses fidèles et ceci ad nutum, c’est à dire sans avoir à justifier quelconque choix de nomination ou de révoquation. Selon le texte, il est choisi grâce à la “perspicacité de la clémence royale”, qui est dite comme parfaite, ce qui illustre que le comte est parmis les hommes les plus valereux, à l’image de son Roi. Le comte est un des fidèles du Roi, et qui sont en premier lieu des chefs de guerre. Le comte est donc placé à la tête du comté pour assurer la continuité de la puissance et de l’autorité royale. Et si le comte est le visage, le relai du pouvoir royal auprès de son peuple, il doit au Roi un certain nombre d’obligations, de services en échange de son poste. En effet, il faut que le Roi garde le contrôle sur l’ensemble de son territoire, qu’il ne perde pas le contrôle d’une partie de son peuple, d’un comté ou d’un dûché. En effet, le Roi se doit de se garantir une fidélité sans faille de la part de ses comtes, comme il est indiqué dans le texte, “pour l'assumer et la régir, en sorte que tu gardes toujours une foi intacte à l'égard de notre gouvernement”. Il peut révoquer à souhait les comtes, ce qui fait planer une menace sur un comte qui serait tenté de fuire l’autorité de son Roi. Il peut également demander au comte un service militaire, puisque les comtes sont souvents des chefs de guerre. Pour finir, le Roi impose au comte de lui transmettre les impôts relatifs au comté, ce qui allège le pouvoir royal et permet une collecte plus simple. Le texte le montre : “et que tout ce que dans cette charge l'autorité du fisc est en droit d'attendre, que tu l'apportes toi-même, chaque année, à nos trésors”.
Mais si le comte est le miroir du pouvoir royal, c’est aussi une grande figure pour le peuple.
B) Le comte, une figure importante pour le peuple
Le comte doit être digne de sa fonction, ce qui lui confère une légitimité auprès du peuple, et ce qui assure donc le contrôle du Roi sur le peuple à travers le comte. En effet, le texte stipule “ La perspicacité de la clémence royale est louée dans sa perfection pour ce qu'elle sait choisir entre tous les sujets ceux que distinguent leur mérite et leur vigilance et il ne convient pas de commettre une dignité judiciaire à quiconque avant d'avoir éprouvé sa foi et son zèle”. Cela montre bien que le comte est digne de sa fonction, qu’elle la lui est attribuée de manière légitime.
Le comte est certes le relai du pouvoir du Roi, mais pour le peuple c’est surtout la seule figure de pouvoir connue. En effet, il est impossible pour le Roi de France de se déplacer dans tous les comtés de France régulièrement, le peuple ne le connaît donc pour la plupart du temps que de nom. Le comte, lui, est physiquement présent dans son comté, ce qui apporte un sentiment de reconaissance et de proximité du peuple envers lui. En allant plus loins, si le comte défend le peuple, le protège et le gouverne d’une manière pérenne et que le comté prospère, comme le montre le texte : “ tous les peuples habitant là – tant Francs, Romains, Burgondes, que toute autre nation – vivent et soient administrés par ta direction et ton gouvernement et que tu les régisses par droit chemin, selon leur loi et coutume, que tu apparaisses le grand défenseur des veuves et des orphelins” ou encore “que les peuples vivant dans la prospérité et dans la joie sous ton gouvernement aient à demeurer tranquilles”, il est possible que la figure du comte remplace, ou tout du moins égale celle du Roi. Le risque est que le peuple n’obéisse plus qu’au comte, et non au Roi. C’est d’ailleurs ce qui mènera la dynastie mérovingienne à sombrer.
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