Théâtre et politique à Athènes au Vème siècle

Exposé théâtre et politique à Athènes au Vème siècle

Le théâtre grec est né à Athènes, la première tragédie représentée daterait de 534, sous la tyrannie de Pisistrate mais il prend son essor au plus fort de l’histoire de la cité-état, au Vème siècle, alors que celle-ci, par l’instauration de la démocratie est en train de découvrir le pouvoir de la parole. Il nous reste peu de chose du théâtre grec : sur les centaines de pièces jouées sur la scène athénienne au Vème siècle, une trentaine de tragédie à peine nous sont parvenues ainsi que 11 comédies d’Aristophane. On ne peut considérer le théâtre comme un simple divertissement, il est né pour des raisons religieuses et a ensuite rempli des fonctions politiques.

Quelle place occupe le théâtre au sein de la cité Athénienne au Vème siècle ? Quels sont les liens entre le théâtre et la politique ?

I Présentation générale de l’art dramatique à Athènes au Vème siècle

• Les lieux où sont représentées les pièces de théâtre

Le théatron : celui d’Athènes est le premier installé, au 6ème siècle, sur l’agora mais il s’écroule au début du 5ème siècle. A ce moment-là,  Le deuxième est construit en bordure du sanctuaire de Dionysos, contre la colline de l’Acropole.  Au début, les spectateurs prenaient place sur la pente naturelle de l’acropole puis en 420 des gradins furent construit, les premiers rangs en pierre était réservé aux prêtres et aux magistrats, puis on trouvait des bancs en bois. Il y avait d’ailleurs plus de places au théâtre qu’à l’Ecclésia. Ce n’est pas le seul théâtre d’Athènes : l’Odéon de Périclès par exemple, est construit au milieu du 5ème siècle, à proximité de l’Acropole lui aussi. On retrouve aussi des théâtres ailleurs dans d’autres dèmes de l’Attique.

Plusieurs parties de l’amphithéâtre où sont représentées les pièces : la skéna ou skènè (la scène), en bois, correspond aux coulisses, l’orchestra était en terre battue et est le lieu où se trouve le chœur et où les acteurs déambulent.

Machine à faire voler les acteurs : acteur suspendu à une grue érigée derrière la skènè parfois avec son char ou sa monture, souvent utilisé pour faire apparaitre les dieux dans le ciel et qui a donné l’expression deus ex machina.

Pas de décors, on ne reconnait seulement la présence de quelques accessoires. Il n’y a pas d’habillage de la scène, les mots que prononcent les acteurs servent à la situer, différence majeure avec le théâtre tel qu’on le connait aujourd’hui

• Poètes, acteurs, chœur

Les poètes : nous en connaissons principalement 3 du Vème siècle. Les auteurs tragiques Eschyle, Sophocle et Euripide et l’auteur comique Aristophane. Ce sont ceux qui ont remportés le plus de concours : Sophocle aurait été gagnant à 18 reprises et Eschyle 13 ! Ils seraient tous issu de milieux aisés, ils fréquentaient les cercles littéraires et politiques de leur temps. Par ailleurs, Sophocle fut stratège plusieurs fois. Tous furent l’objet d’un culte après leur mort.

Les acteurs sont tous des hommes qui sont des professionnels

La règle des 3 acteurs : au début un seul, l’hypokritès, « celui qui donne la réponse », seul à s’entretenir avec le chœur, Eschyle en introduit à deuxième, le « deutéragoniste » pour créer un jeu de questions réponses et de répliques, Sophocle pour apporter plus de complexité à l’intrigue et à l’action ajoute un troisième acteur, le tritagoniste. Le protagoniste reste le plus important, tous les regards convergent sur lui

Jamais plus de 3 acteurs qui jouent successivement l’ensemble des rôles donc changement rapide de masques et de costumes, parfois présence de figurants

Le costume a une fonction symbolique, il permet d’indiquer le rang, la naissance du personnage. Le masque est aussi un élément de caractérisation du personnage : il permet de différencier les sexes (blanc pour les femmes et foncé pour les hommes) et de reconnaître le héros

On retrouve aussi un petit nombre d’objets scéniques, porteurs de très forts symboles, tels que le char qui confère majesté et puissance au héros ou l’épée, qui peut annoncer un suicide.

Le chœur : constitué de choreutes, simples citoyens qui représente une collectivité fictive qui chantent et dansent et sont dirigés par le coryphée, accompagnés par la musique de l’aulète. Nombre de choreutes peut varier selon les besoins de l’action. Il a une place dans l’orchestra et ne la quitte pas de la pièce. Il chante entre les épisodes, lorsqu’on attend le retour des personnages. Cela permet de figurer un écoulement de temps plus ou moins long. Il dialogue avec le protagoniste par l’intermédiaire du coryphée mais peut aussi s’adresser au public. Lorsque cela arrive, ils se démasquent, marquant une différence avec la parole fictive. C’est fréquent dans les comédies, où un rapport de connivence entre le chœur et le public existe. Dans la tragédie, il sert plutôt à accentuer le pathétique du drame, il s’afflige sur le malheur des héros.

Son rôle diminue peu à peu au cours du siècle

• Distinction entre différents genres théâtraux

Il y a 3 types de pièces reconnus à Athènes : la tragédie, la comédie et le drame satyrique. Une pièce n’était pas admise si elle n’entrait pas dans une de ces catégories.

La tragédie prend ses racines dans le genre de l’épopée dont elle s’inspire autant dans les thèmes abordés que par sa forme en vers. Tragédie la plus ancienne dont on dispose du texte entier : Les perses de Eschyle 472. Peu de tragédies traitaient d’évènements historiques récents ou d’une intrigue inventée par le poète lui-même, les thèmes principalement issus des textes d’Homère étaient déjà tous connus de la majorité des spectateurs.

Le drame satyrique : très lié à la tragédie, il était représenté à la suite de celle-ci avec les mêmes acteurs et du même poète, on a conservé très peu de pièces : la plus complète le Cyclope d’Euripide. Il mettait en scène des satyres et peut être considéré comme une tragédie comique qui avait une fin heureuse.

La comédie : ce sont des créations en grande partie originale, imaginées par leurs auteurs. Les œuvres d’Aristophane nous sont les mieux connues. Bénéficie d’une grande liberté de ton, aborde des sujets de la vie politique de la cité et évoque des personnalités contemporaines.

...