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Mécanismes et formations du principat augustéen

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Par   •  30 Septembre 2016  •  Commentaire de texte  •  3 945 Mots (16 Pages)  •  1 001 Vues

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Commentaire de document : Les pouvoirs de l’empereur sous les Sévères

        

        Introduction

        Comme en témoigne la première phrase de ce document, l'avènement et le règne d'Auguste constituent une rupture importante dans l'histoire de l'empire romain. Celui qui voulait « passer pour l'auteur du meilleur des régimes » (Suétone, Auguste, 28) sut en effet infléchir le prestige des institutions et des valeurs de la République, et se les accaparer pour asseoir durablement son régime sur des « fondements durables » (op. cit.).

        Ce texte est un extrait de l’œuvre principale de Dion Cassius, son Histoire romaine qui retrace l'histoire de Rome de ses origines jusqu'au règne d'Alexandre Sevère. Nous sont parvenus les livres 36 à 60 qui couvrent la période de 68 avant notre ère à 47 après J.-C., et les livres 79 à 80, dont le contenu fut retranscrit par des auteurs byzantins  du XI-XIIe siècle -Xiphilin et Zonaras-, et qui couvrent les années 217 à 219 après J.-C. Le présent extrait est tiré du livre LIII, concernant l'après Actium, soit la prise et l'organisation du pouvoir à l'ère augustéenne. Ce livre présente un fort intérêt pour l'historient car ce récit s'accompagne d'une réflexion politique sur la nature de cette forme nouvelle de monarchie, réflexion appuyée sur l'expérience personnelle de Dion qui connaît ce système de l'intérieur, pour y avoir exercé diverses magistratures.

        En effet, issu d'une famille sénatoriale de Nicée, dans la région de Bithynie en Asie mineure,   son père fut consul suffect sous l'empereur Commode (183-184), et gouverna ensuite des provinces d'Asie mineure, et l'Illyrie-Dalmatie. Sa situation familiale l’amena, d'abord à voyager en Italie et à Rome, avant de suivre son cursus honorum (il était alors déjà avocat après avoir suivi des études de droit romain à Rome) qui le rendra questeur en 188 (magistrat chargé de la comptabilité des finances et comptes publics), et préteur sous Septième Sévère (magistrat de rang sénatorial, chargé d'attributions juridiques localisées à Rome). Il sera mené vers l'honneur suprême du cursus honorum en 229, date à laquelle il devient consul éponyme de Sevère Alexandre, mais décide de se retirer à Nicée pour la rédaction de son Histoire romaine. Cette origine sénatoriale est évidemment à prendre en compte pour comprendre l'orientation idéologique de Dion, et il convient ainsi de connaître les éléments importants des rapports entre l'empereur et l'ordre sénatorial pour dégager le positionnement de l'auteur par rapport à cette situation impériale.

        Il ne convient pas dans cette introduction de retracer les étapes de formation du principat d'Auguste, chose qui sera faite lors du commentaire, mais seulement d'insister sur l'importance de ce règne dans l'évolution de l'empire entre Auguste et Sévère Alexandre, dernier empereur de la dynastie des Sévères.

        Enfin, ce texte mettant en lumière les principaux aspects du régime né d'Auguste, il convient de se demander quels sont les mécanismes et les raisons soulevées par Dion Cassius pour expliquer l'implantation d'un régime fondamentalement contradictoire, le principat. L'étude des ambiguïtés du nouveau régime pose la question des moyens de légitimation du pouvoir impérial, qui, nous le verrons dans la dernière partie, tend finalement à l'absolutisme du princeps.

  1. Un régime fondé sur des ambiguïtés

        Ce nouveau régime ne put s'instaurer et s'affirmer naturellement, par le fait qu'il tente une synthèse de plusieurs régimes, dont les modes de fonctionnement sont contradictoires. Ces régimes sont la monarchie et son roi, et la République incarnée dans ses institutions magistrales.

  1. La peur de la monarchie

        Pour bien comprendre d'où naît l'ambiguïté qui caractérise le régime augustéen, il faut d'abord s'attarder sur l'origine même de ce régime, le contexte dans lequel il émergea. On relèvera d'abord l'idée suivante : le régime d'Auguste est caractérisé par un rejet de la monarchie, une sorte de hantise de tout ce qui renvoi à la royauté, non seulement de la part des sénateurs, ce qui peut sembler logique puisqu'ils y sont dépourvus de leurs pouvoirs traditionnels, mais également plus largement par le peuple romain dans sa globalité. En effet, les contemporains d'Auguste associent la monarchie avec l'ensemble des troubles survenus dans le siècle précédant celui de l'empereur : c'est pourquoi « Les Romains avaient pour ce mot de monarchie une haine telle » l.4, les guerres civiles destructrices qui mêlèrent ambitions (à l'image du conflit entre Crassus, puis Pompée et César, pour obtenir le pouvoir à Rome) et oppositions (entre populares, aux revendications populistes, et optimates, aristocrates romains conservateurs) trouvèrent leur apogée à la suite de l'assassinat de César, lorsque s'ouvrit une période de treize années consécutives de guerres civiles. On comprend alors pourquoi Auguste reniait à associer son action à toute pratique monarchique, jusqu'à éviter les appellations de « roi, et de celui de dictateur » l.17. La monarchie était associée à la violence, la destruction et la mort, causées par les agissements de ces monarques. La volonté du peuple romain était alors avant tout, avant même d'avoir quelconque considération sur la nature du pouvoir du nouvel empereur, de recouvrer la paix civile.

        Deux observations doivent être ajoutées à ce constat, l'une concerne l'attitude de la population romaine envers le nouvel empereur, l'autre concerne l'attitude de ce dernier envers son propre pouvoir. De la précédente idée il faut retenir que lors de la victoire d'Octave à Actium le 2 septembre 31 avant notre ère, ce dernier apparut rapidement comme le restaurateur de la paix (image avec laquelle il sut très bien jouer), et le continuateur des traditions romaines, ce qui lui attira la bienveillance de la population romaine. La seconde observation concerne Octave lui même, qui en effet ne se considéra jamais comme un monarque, comme en témoigne le contenu de son Res gestae, dans lequel il affirme avoir rendu leur liberté au Sénat et au peuple romain. Ainsi s'établit un régime paradoxal dans lequel le monopole du pouvoir appartient à l'empereur, et ou l'empereur masque ce monopole derrière l'apparence de la tradition pourtant bafouée.

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