Commentaire de texte: Fulbert de Chartres, Lettre à Guillaume V d’Aquitaine (1020)
Fiche de lecture : Commentaire de texte: Fulbert de Chartres, Lettre à Guillaume V d’Aquitaine (1020). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lulu14 • 1 Mars 2015 • Fiche de lecture • 1 641 Mots (7 Pages) • 1 592 Vues
Devèze Emilie
Lundi 14h30-16h
Travaux Dirigés d’histoire des institutions
Séance 2 : La féodalité
Commentaire du texte « Fulbert de Chartres, Lettre à Guillaume V d’Aquitaine (1020) ».
La féodalité est « un ensemble d’institutions créant et régissant les obligations d’obéissance et de service de la part d’un homme libre appelé « vassal » envers un autre homme libre qu’on appelle « seigneur » et des obligations de protection et d’entretien du seigneur envers le vassal » Ganshof. En un sens plus large, le terme féodalité décrit une forme de société particulière bâtie sur l’existence d’un contrat liant les hommes entre eux et les terres. Mais ce terme est récent (XVIIIème siècle) et l’on parlait plutôt de vassalité ou de fidélité aux XIème siècle (période du document).
La féodalité est le résultat d’une longue construction au fil du temps et il n’est pas difficile de constater les débuts à la vassalité Carolingienne (les grands du royaumes ou fidèles venaient prêter hommage au roi et lui jurer fidélité). Au fil du temps, face aux invasions et à l’insécurité constante, cette pratique s’est multipliée d’abord naturellement puis encouragée par le Capitulaire de Mersen de 847 qui stipule « que tout homme libre prenne dans le royaume le seigneur qu’il veut, nous ou l’un de nos fidèles ».
C’est à cette notion de fidélité que s’intéresse la lettre de Fulbert de Chartres (évêque de Chartres depuis 1007) à Guillaume V d’Aquitaine (Comte de Poitou). Dans cette lettre, Fulbert de Chartres, reconnu pour être un intellectuel et un ami de Robert II le Pieux (fils d’Hugues Capet), tente de définir ce qu’est la fidélité et ce qu’elle engendre.
Dès lors, une question s’impose : En quoi consiste la fidélité selon Fulbert de Chartres ? A ce titre, l’auteur évoque les éléments clés de la fidélité avec la vassalité et la concession en fief (I) et s’étend sur les six aspects de la fidélité qui mènent à l’existence d’obligations engendrées par cette dernière (II).
I/ La fidélité comme notion constituée d’un double lien
Dans son texte, l’auteur évoque les faits de « jurer fidélité » (l. 3) à un seigneur et de « mériter son fief » (l. 12). Il convient donc de préciser ce qu’il entend par là. Pour cela, il est important de se pencher sur la vassalité (A) et la concession en fief (B) ainsi que ce qui les lie.
A/ Le lien personnel : La vassalité
Par définition, la vassalité résulte d’un contrat par lequel un homme libre, le vassal, devient dépendant d’un autre homme libre, le seigneur, et qui engendre des obligations réciproques. Cette notion apparaît donc comme un lien personnel et son statut de contrat traduit l’importance de la volonté. Cela signifie que le vassal comme le seigneur ne sont pas contraint d’être liés mais le font de leur plein gré.
Ce contrat est à la fois formaliste, archaïque et oral. Il est empreint de formalisme au sens qu’il ne prend effet qu’après la réalisation de certains rites qui sont l’hommage et le serment de fidélité. Son caractère archaïque lui vient du fait qu’il est hérité du comendatio Carolingien et son caractère oral s’explique par le fait que très peu gens, à cette époque, maîtrisaient la lecture et l’écriture.
Ainsi, les rites étaient accomplis en public de la manière suivante. Le 1er, appelé l’hommage (ancienne comendatio), consistait en une donation des mains entre le seigneur et son futur vassal accompagné de parole et parfois suivit de l’osculum (baiser qui renforçait le lien personnel créé). Le 2ème (qui apparaît à l’époque Carolingienne), appelé serment de fidélité, consistait à jurer fidélité : le vassal se tenait debout face au seigneur et jurait, la main sur le livre saint ou sur une relique, foi et fidélité au seigneur. Ce 2ème rite, principalement évoqué par l’auteur, donnait un caractère religieux au lien.
Mais l’auteur ne se contente pas d’évoquer le lien personnel, il fait aussi allusion à a la notion de fief.
B/ Le lien réel : La concession en fief
La relation de vassalité occasionnait le plus souvent une concession en fief (ancien bénéfice Carolingien) du seigneur à son vassal ce qui représente un lien réel. Il s’agit en fait d’une terre que le vassal tient de son seigneur et qui doit lui permettre de mieux le servir en fournissant au vassal l’entretien et les moyens de subvenir à ses besoins (revenu stable pour vivre, s’entraîner et s’équiper). Mais le fief n’est pas toujours terrestre, il peut aussi s’agir de droits comme le droit de rendre la justice, de percevoir des amendes… auquel cas on parle de « fief en air ».
Cette concession prend effet par l’investiture. Elle a généralement lieu après le serment de fidélité et consiste soit à parcourir la terre concéder (la montrée du fief) soit au don d’une petite motte de terre symbolique. Par cette investiture, le seigneur vê son vassal.
Il est important de préciser que même si le seigneur, dans la majorité des cas, concède un fief
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