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Les Croix De Bois

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Par   •  3 Mai 2013  •  2 303 Mots (10 Pages)  •  1 239 Vues

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Encensé par les uns, critiqué par les autres ; vu comme pacifiste bien souvent mais pas par son auteur, les Croix de Bois est un livre à part. Un peu témoignage, un peu roman, il est un récit réalisé à partir du vécu de Dorgelès au 39e RI de septembre 1914 à septembre 1915. Son récit est réécrit, romancé, avec des personnages inspirés de ses compagnons sans être eux. Il n'écrit pas comme Genevoix. Même si on perçoit les grandes étapes suivies par ce régiment, ce n'est pas son but. Aucune unité n'est mentionnée qui rend son récit universel et transposable à n'importe quel secteur du front. L'absence d'élément chronologique précis renforce cet effet.

Ce qui fait la force et le succès de cet ouvrage est la simplicité de lecture de cette écriture et une immersion unique dans l'univers si particulier d'un groupe de combattants.

Le style, en effet, est remarquablement clair et permet une lecture rapide. Ce qui ne veut pas dire qu'il soit pauvre ; au contraire les situations sont suffisamment détaillées pour permettre l'immersion du lecteur. Lecteur qui lira d'autant plus vite l'ouvrage car le récit et l'unicité de chaque chapitre donnent envie d'avancer.

On est donc, avec cet ouvrage, au cœur du thème de ce site, le parcours de combattants de la guerre 1914-1918 et c'est dans cette optique que j'ai écrit ces lignes : en quoi nous aide-t-il à comprendre les combattants, leur vie ?

Les thèmes abordés par chaque chapitre donnent une bonne idée de la vie quotidienne de ces hommes, de leur mode de pensée, de fonctionnement, de leur diversité (sociale, culturelle, de point de vue). Même si l'auteur a pris volontairement des personnages aux profils très différents (culturel, social, géographique), cela n'enlève rien à la qualité de ce que Dorgelès nous narre.

Les chapitres :

I. Frères d'armes :

Arrivée de trois bleus à la 5e escouade de la 3e compagnie. L'accueil un peu viril de la part des anciens permet de découvrir les individus qui composent ce groupe : le caporal Bréval, le cuisinier Fouillard, le père Hamel, l'agent de liaison Lagny, Bouffioux, petit Belin, Broucke du Ch'nord, Sulphart. Le narrateur, Jacques, reste très en retrait bien qu'étant présent parmi les anciens.

Les bleus découvrent le front, écoutent les anciens parler de leur campagne. On y découvre un long laïus sur la retraite et sur ce que la Marne leur a rapporté : une victoire abstraite, 15 sous concrets !

En fait, c'est une longue introduction montrant le fonctionnement du groupe, la mentalité des individus, leur cohésion. Si les anciens s'amusent de la naïveté des nouveaux, c'est sans malice mais pour mieux leur prodiguer des conseils. Ainsi, Sulphart prend Demachy sous son aile : il devient son "ancien", sans que l'expression ne soit utilisée, et Demachy "son bleu", dans une tradition de caserne fortement ancrée.

Le lecteur, comme les bleus, intègre le groupe, va vivre avec lui, car c'est bien là le but du livre : permettre au lecteur de comprendre ces hommes, ce qu'ils ont vécu, comment ils l'ont vécu. Dorgelès décrit minutieusement les odeurs, les techniques utilisées pour se protéger du froid la nuit, rendant l'immersion complète.

II. A la sueur de ton front :

Dorgelès poursuit son travail de présentation en racontant la corvée de ravitaillement pour laquelle Demachy, bien que tout nouveau, est volontaire. Il est secondé par Sulphart qui lui apprend les combines. On voit apparaître l'individualisme des hommes, loin de l'image des combattants unis. Mais cet individualisme a deux visages : on pense à soi avant tout, mais aussi à ce groupe auquel on appartient, l'escouade.

III. Le fanion rouge :

Le texte commerce par la longue description d'une marche où le narrateur développe la difficulté de l'exercice en prenant l'exemple du jeune Demachy. Une fois arrivé, le groupe va en ligne, s'installe dans les abris.

Une compagnie sort après un bombardement préparatoire. Elle est fauchée par une mitrailleuse allemande puis par un bombardement français trop court. Un homme agite sa ceinture de flanelle rouge pour signifier que le tir est trop court. Mais il est tué sous les yeux des hommes de l'escouade du narrateur.

Demachy nous fait découvrir le no man's land : il est volontaire pour une patrouille de nuit. Les hommes ramassent les papiers et les plaques des soldats tombés dans l'après-midi. Mis en boite par les anciens, Demachy rapporte la preuve de ce qu'il a fait, mettant fin aux gentils sarcasmes et au chapitre.

Dorgelès utilise pour la première fois un type de chute qui se retrouve régulièrement dans le Cabaret de la belle femme et dans les Croix de Bois. Une chute couperet rendant inutile tout commentaire.

IV. La bonne vie :

Le groupe est une nouvelle fois au repos. Les hommes se préparent à la revue. Même s'il romance, les effets de réel (la partie sur les uniformes disparates par exemple, pages 56 à 58) permettent de s'imaginer parfaitement les combattants de l'hiver 1914-1915.

Dans ce chapitre, il aborde aussi la question de la peur. Bouffioux cherche toutes les opportunités permettant de s'embusquer. Il accepte de devenir cuistot. Son premier repas est l'occasion d'une mise en boite par les soldats du groupe car il n'a aucune connaissance particulière pour cette fonction.

V. La veillée d'armes :

Ce chapitre aurait pu s'intituler "la vérité sort des marmites" (dans le sens cuisines) si l'annonce de l'attaque prochaine n'avait été vraie. Dorgelès y expose, au détour de l'arrivée du ravitaillement en première ligne, les bruits qui circulaient, venant le plus souvent des hommes de l'intendance, des cuisines...

Une fois l'information confirmée, Dorgelès décrit son état d'esprit, celui de ses camarades. Il y pense pendant ses trois heures de garde. Il se rend compte et expose à quel point la guerre l'a marqué. Il imagine ce qu'il en sera quand il sera vieux. Mais sera-t-il vieux un jour ?

VI. Le Moulin sans ailes :

Dorgelès évoque les civils dans les villages où il est au repos. Ses mots sont durs comme les prix pratiqués ; il parle des femmes

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