Les Croix De Bois
Documents Gratuits : Les Croix De Bois. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 25 Octobre 2013 • 308 Mots (2 Pages) • 1 135 Vues
Ils attaquent !
Gilbert et moi avons bondi ensemble, assourdis. Nos mains aveugles cherchent le fusil et arrachent la toile de
tente qui bouche l’entrée.
- Ils sont dans le chemin creux !
Le cimetière hurle de grenades, flambe, crépite. C’est comme une folie de flammes et de fracas qui
brusquement éclate dans la nuit. Tout tire. On ne sait rien, on n’a pas d’ordres : ils attaquent, ils sont dans le
chemin, c’est tout...
Un homme passe en courant devant notre trou et s’abat, comme s’il avait buté. D’autres ombres passent,
courent, avancent, se replient D’une chapelle ruinée, les fusées rouges jaillissent, appelant le barrage1. Puis le
jour semble naître d’un coup ; de grandes étoiles blafardes crèvent au-dessus de nous, et, comme à la lueur d’un
phare, on voit naître des fantômes, qui galopent entre les croix. Des grenades éclatent, lancées de partout. Une
mitrailleuse glisse sous une dalle, comme un serpent et se met à tirer, au tir rapide, fauchant les ruines.
- Ils sont dans le chemin, répètent les voix.
Et, aplatis contre le talus, des hommes lancent toujours des grenades sans s’arrêter, de l’autre côté du mur.
Par dessus le parapet, sans viser, les hommes tirent. Toutes les tombes se sont ouvertes, tous les morts se sont
dressés, et, encore aveuglés, ils tuent dans le noir, sans rien voir, ils tuent de la nuit ou des hommes.
Cela pue la poudre. Les fusées qui s’épanouissent font courir des ombres fantastiques sur le cimetière
ensorcelé. Près de moi, Maroux2, en se cachant la tête, tire entre deux sacs dont la terre s’écroule. Un homme se
tord dans les gravats, comme un ver qu’on a coupé d’un coup de bêche. Et d’autres fusées rouges montent
encore, semblant crier : « Barrage ! barrage ! »
Les torpilles3 tombent, par volées, défonçant les marbres. Elles arrivent par salves, et c’est comme un
tonnerre qui rebondirait cinq fois.
- Tirez ! tirez ! hurle Ricordeau2 qu’on ne voit pas.
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