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Les joueurs de skat

Analyse sectorielle : Les joueurs de skat. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  29 Juillet 2024  •  Analyse sectorielle  •  487 Mots (2 Pages)  •  70 Vues

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II) Description et analyse de l’œuvre ( diapo 2)

Cette peinture aux couleurs sombres dans les tons bleu-vert-marron représente 3 hommes assis autour d’une table de café et jouant aux cartes et plus particulièrement au Skat, un jeu très populaire en Allemagne.

Le joueur de gauche est amputé du bras droit, et possède une main articulée. Il tient ses cartes avec son pied, et sa jambe est remplacée par une prothèse en bois. Il dispose d’un étrange appareil auditif et son visage est largement mutilé tant à l’œil qu’à la bouche et au cuir chevelu.

L’homme situé au centre est représenté avec des jambes remplacées par deux prothèses en bois qui se confondent avec les pieds de chaises. La partie gauche de son visage est mutilée puisqu’il a un œil de verre, son crâne est scalpé et il lui manque une oreille. Sa mâchoire est aussi désaxée et il n’a plus de peau sur le menton et le cou. Il semble ne plus avoir de bras puisqu’il tient ses cartes avec ses dents.

Le joueur de droite est amputé des deux jambes jusqu’au bassin et son bras droit est une prothèse articulée. Son visage est aussi largement mutilé : son nez est coupé et caché par un bandeau et il a une prothèse de mâchoire. Il possède une croix de fer attachée à sa veste en signe de reconnaissance militaire.

Au second plan, nous pouvons voir à gauche, un lampadaire avec une tête de mort dans le halo de lumière, et derrière les hommes sont affichées des unes de journaux allemands faisant référence à la guerre. Sur la droite, nous apercevons un porte-manteau vide.

Otto Dix utilise dans cette œuvre, le procédé du collage. En effet, il ajoute des objets et des matériaux divers comme des unes de journaux, des feuilles métalliques, des morceaux de tissus, et même sa propre photographie d’identité. Le procédé est loin d’être anodin : en prélevant des morceaux de réalité qu’il assemble sur sa toile, l’artiste propose une métaphore du corps des invalides, brisé puis difficilement reconstruit évoquant ainsi des corps dont les fragments ne peuvent plus s’accorder harmonieusement. Les médecins sont impuissants pour réparer les corps mutilés : ils sont recomposés sur la toile comme ils le sont dans la réalité, dans une juxtaposition de divers éléments, perçus par les autres comme dérangeante voire monstrueuse.

Le choix d’une scène de café que l’on reconnait ici aux chaises bistrot, au guéridon et au porte-manteau s’oppose à la solitude des trois personnages. Le café, lieu de rencontre omniprésent dans la peinture du tournant du siècle est l’occasion pour le peintre d’amplifier le caractère tragique de son sujet, le retour des mutilés dans la vie civile est une illusion : ils ne se retrouvent qu’entre eux, irrémédiablement en marge de la société.

Le peintre dénonce ici le traitement réservé aux invalides ( « Les gueules cassées » ) par la société de l’après-guerre.

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