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Voltaire vs. Rousseau, les rivaux géniaux des Lumières

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Par   •  27 Janvier 2024  •  Cours  •  1 728 Mots (7 Pages)  •  163 Vues

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Voltaire vs. Rousseau, les rivaux géniaux des Lumières

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Voltaire (1694-1778) le mondain à qui tout sourit,

 Rousseau (1712-1778) le misanthrope torturé : tout oppose ces deux illustres penseurs, de leur mode de vie à leurs idées !

Dans les années 1760, Voltaire, au faîte de sa gloire, s’installe au château de Ferney, dans l’Ain. Tel un souverain, il reçoit le gratin européen, paré d’une belle robe de chambre en satin bleu et d’une perruque à trois queues. Rousseau, quant à lui, est un philosophe errant dont les livres sont brûlés en place publique. Il se cache dans une petite maison en Suisse, où il vit simplement, vêtu d’une longue tunique arménienne et coiffé d’un bonnet.

L’opposition des deux philosophes des Lumières ne réside pas seulement dans leur style de vie. En 1755, dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Rousseau s’en est pris à la propriété, regrettant qu’on n’ait pas « arraché les pieux » le jour où un homme s’empara d’un terrain pour la première fois. « Voilà la philosophie d’un gueux qui voudrait que les riches fussent volés par les pauvres », note Voltaire dans la marge de son exemplaire. Leur incompatibilité idéologique et personnelle ne fera que s’accentuer, générant une haine destructrice. La faute à Voltaire ? Ou la faute à Rousseau ?

L’Enfance

• François-Marie, un élève brillant
• Jean-Jacques, l’ado mal-aimé

Le petit François-Marie Arouet – qui ne se fait pas encore appeler Voltaire – est un génie ! La légende veut qu’à l’âge de 3 ans il récite les Fables de La Fontaine, mais aussi la moins innocente Moïsade, un manuscrit clandestin qui dénonce la religion comme imposture. Son père, un bourgeois austère, envoie son fils prodige étudier au prestigieux collège parisien Louis-le-Grand. François-Marie accumule les premiers prix et… les pitreries. Cet enfant, s’inquiète son confesseur, est « dévoré de la soif de la célébrité ». Un jour qu’il joue en classe avec sa tabatière, celle-ci est confisquée. François-Marie se met à versifier : « Adieu, ma pauvre tabatière ; / Adieu, je ne te verrai plus… » Ce n’est pas encore un chef-d’oeuvre mais l’adolescent en a décidé : il vivra de sa plume.

Dix-huit ans après Voltaire, Jean-Jacques Rousseau naît d’un horloger de Genève, qui l’abandonne quand il n’a que 10 ans. Il est envoyé en apprentissage chez un maître-graveur qui le maltraite. « Taciturne » et « sauvage » – c’est ainsi qu’il se décrira plus tard dans Les Confessions –, Jean-Jacques mène une existence monotone, ponctuée de promenades. Le 14 mars 1728, au retour d’une excursion tardive, il découvre les portes de Genève fermées. Il prend alors une décision : « Sur le lieu même je jurai de ne retourner jamais chez mon maître. » Monsieur de Pontverre, un homme d’Eglise, l’accueille, tout en essayant de le convertir au catholicisme. Rousseau, qui est protestant, se laisse convaincre. Il est envoyé à Chambéry chez une autre transfuge, Madame de Warens, qui prend sous son aile ce jeune homme timide mais bien de sa personne – Jean-Jacques est mince, doté d’un visage agréable éclairé par un regard noir et vif. Devenue sa maîtresse, la dame stimule son goût naturel pour l’étude en lui faisant découvrir les oeuvres de Voltaire. Ce dernier devient son modèle, un idéal d’écriture. Jean-Jacques, qui doit subvenir à ses besoins, s’essaye à divers emplois : secrétaire, précepteur, interprète, puis maître de musique. Se découvrant une passion pour la composition, il part tenter sa chance à Paris en 1742.

Deux artistes passionnés

• Voltaire, dramaturge mondain
• Rousseau, musicien frustré

A 19 ans, Arouet est grand, maigre et ne manque pas d’allure. Grisé par la popularité que lui valent sa répartie et ses sourires malicieux dans les salons, il va trop loin en écrivant une épigramme sur la relation incestueuse que le Régent entretiendrait avec sa fille, la duchesse de Berry. En 1717, direction la prison de la Bastille ! Privé de contacts humains, mais aussi d’encre et de papier, il fait face à cette pénible épreuve : « J’appris à m’endurcir contre l’adversité et je me vis un courage que je n’attendais pas. » Enfin, après onze mois de détention, le prisonnier est relaxé. Se faisant désormais appeler Voltaire, l’anagramme d’Arouet l. j. (le jeune) – dans la calligraphie de l’époque héritée du latin, le U et le J s’écrivent V et I –, il n’a qu’un but : devenir un auteur de premier plan. Le 18 novembre 1718, sa première pièce, OEdipe, obtient un immense succès. En 1724, La Henriade, un poème épique, fait de lui l’écrivain le plus célèbre de France. Ultime consécration, il signe un opéra, La Princesse de Navarre, pour le mariage du Dauphin avec l’infante d’Espagne, le 23 février 1745.

C’est à ce sujet que, quelques mois plus tard, a lieu l’un des premiers échanges entre l’illustre auteur et Rousseau, qui commence à se faire remarquer comme musicien. Celui-ci a été chargé par le duc de Richelieu de produire une version abrégée de La Princesse de Navarre. Il va enfin collaborer avec son idole ! « Il y a quinze ans que je travaille pour me rendre digne de vos regards », lui écrit-il. Mais Voltaire, qui vient d’être nommé historiographe du roi et triomphe à la cour, n’en a cure. Quelques jours avant la représentation, il écrit tout de même à Rousseau : « Je compte avoir bientôt l’honneur de vous faire mes remerciements. » Il semble que l’occasion ne se soit jamais présentée…

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