Pourquoi l’Espagne est-elle considérée comme un exemple de transition démocratique réussie ?

        En 1939 Fransisco Franco prend le pouvoir suite à un coup d’état pendant la guerre civile d’Espagne. Sa victoire lui assure la place de dirigeant politique, et peu à peu il impose sa dictature. Les libertés en sont réduites et la population se voit obligée d’être catholique. En 1974, Franco tombe gravement malade, ce qui le conduit à choisir son successeur, Juan Carlos. Le régime de Franco d’une longévité exceptionnelle prend donc fin après près de 35 ans de pouvoir, et malgré toutes attentes, Juan Carlos entame un transition démocratique décisive. Dans le vaste champ d’étude que constituent les phénomènes de transition et de consolidation des démocraties, l’Espagne reste aujourd’hui une référence incontournable.

Pourquoi l’Espagne est-elle considérée comme un exemple de transition démocratique réussie ?

(Après avoir abordé le sujet de la passation de pouvoir entre Franco et Juan Carlos et les engagements démocratiques de la nouvelle Constitution, nous allons étudier les difficultés et obstacles du nouveau régime.)

        Tout d’abord, il est important de souligner les conditions de passation de pouvoir. En effet, les 10 dernières années de la dictature ont été marquées par la montée des conflits sociaux et des oppositions. A l’image de la dégradation physique de son chef, le régime franquiste semble agonisant. Au sein du mouvement franquiste monopolisant le pouvoir, quelques voix se font entendre admettant qu'une réforme politique s'avère nécessaire pour répondre aux aspirations du peuple espagnol, épuisé par le manque de libertés démocratiques. Cependant, avant sa mort, Franco désigne lui-même Juan Carlos comme son successeur et choisi la restauration de la monarchie en 1975, pensant que ce nouveau roi assurerait le maintien de l'héritage politique franquiste. Il s'avère que ce dernier est aujourd'hui reconnu comme un acteur principal de la transition démocratique. Il commence par remplacer Carlos Arias Navarro, ancien chef du gouvernement nommé par Franco, par Adolfo Suarez, personnage-clé de la transition. Le peuple est alors soulagé, et ce sentiment est ressenti dans les résultats du référendum pour une réforme politique démocratique avec le résultat écrasant de 94% de « oui ».

        Juan Carlos, successeur du dictateur Franco, décide de ne pas suivre ses pas  et réussi en quelques années à transformer le régime espagnol en démocratie représentative garantie par la Constitution de 1978.

        Le sujet de la nouvelle Constitution du pays a engendré pendant plus d'un an des débats longs et laborieux ainsi qu'un travail fastidieux. Le texte constitutionnel est finalement adopté en décembre 1978, après un vote à la quasi unanimité de tous les partis. Cette constitution, qui fait alors entrer l'Espagne dans un nouvel ordre constitutionnel et qui marquerait l'avènement de la transition démocratique assure de des droits fondamentaux aux citoyens espagnols. L'article premier pose les bases de ce nouveau régime, basé sur les valeurs suprêmes de la liberté, de la justice, de l'égalité, du pluralisme politique, ainsi que de la souveraineté nationale, des valeurs bien à l'opposée à la dictature tout juste achevée. De plus, elle reconnaît des nationalités telles que catalanes et basques dans le cadre toutefois de « l’unité indissoluble de la nation espagnole, patrie commune et indivisible de tous les espagnols ». L'article 10 revendique et renvoie à une forte volonté de paix sociale dans ce nouveau régime.

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