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La table de Banasa

Étude de cas : La table de Banasa. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Octobre 2023  •  Étude de cas  •  5 725 Mots (23 Pages)  •  223 Vues

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La Tabula Banasitana, un exemple de diffusion de la citoyenneté romaine avant l’édit de Caracalla ( 212 ap. JC)

                                                         

                           


                                                             

PLAN DU COMMENTAIRE

           Introduction

I ) La concession viritane, une procédure exceptionnelle 

          a) une démarche individuelle relayée par le gouverneur

          b) qui sollicite le beneficium  impérial

          c) et qui est extrêmement encadrée

II ) Une démarche participant au processus d’intégration des élites locales

     a) la stratégie politique des Romains en Maurétanie

     b) des requérants qui appartiennent à l’élite locale

     b) et qui sont déjà fortement romanisés

        

III ) Citoyenneté romaine et respect du droit local

    a) les privilèges attachés au droit de cité

    b) un signe « officiel » de civilisation dans le monde dominé par Rome

    c) la restriction impériale ou la sauvegarde du jus gentis

          Conclusion

       En 212 après Jésus Christ, un édit de Caracalla désigné communément sous le nom de Constitution Antoniana accordait la citoyenneté romaine à tous les hommes libres habitants l’Empire, les deditices exceptés. Cette mesure, qui s’appliquait à un nombre considérable d’individus étant donné l’étendue du territoire dominé par Rome à cette époque, a pu un temps diviser la communauté des historiens de l’Antiquité. En effet, constituait-elle une véritable « révolution » pour les Romains ou, au contraire, ne faisait-elle qu’entériner légalement une situation déjà pratiquement acquise dans la réalité ? Si cette polémique est aujourd’hui largement dépassée, c’est sans doute grâce à d’importantes découvertes, notamment archéologiques, concernant les mécanismes d’octroi du droit de cité avant cette célèbre décision, découvertes au premier rang desquelles on peut citer le document que nous allons étudier : la Tabula Banasitana.

  Cette table de bronze a été mise à jour fortuitement en 1957 dans le voisinage du forum de Banasa, au Maroc, un site d’époque romaine qui se situe à l’intérieur des terres près de l’actuel oued Sebou, et qui appartenait alors à la province impériale de Maurétanie Tingitane. Elle comporte une inscription de 53 lignes parfaitement conservée, ce qui est déjà exceptionnel, entourée d’un trait continu incisé, et est très légèrement cassée aux angles inférieurs gauche et supérieur droit de la plaque (cf. photographie). Il s’agit en fait du dossier, réduit en vue de l’affichage à trois documents officiels, de l’accès à la citoyenneté romaine d’une famille berbère dans la deuxième moitié du second siècle de notre ère. Les deux premiers textes sont des copies de lettres des empereurs répondant favorablement à la requête des requérants. Dans la première, datée de 168/169 ap. J.C, Marc-Aurèle et Verus s’adressent au gouverneur provincial, Coiiedius Maximus, tandis que dans la seconde, datée de 177, le même Antonin et Commode, avec qui il partage officiellement le principat, répondent au procurateur de la Maurétanie Tingitane,  Vallius Maximus. Notons déjà que ces deux individus haut placés dans l’administration impériale jouent le rôle d’intermédiaire entre les Empereurs, d’une part, et les requérants, d’autre part. Concernant ces derniers, il ne faut pas se laisser abuser par l’homonymie car le premier Julianus cité, dans le document a), est très probablement le père de celui des textes b) et c). S’il appartient aux « premiers » du peuple des Zegrenses, c’est-à-dire à l’élite locale, il a le statut de pérégrin, d’où sa demande du droit de cité pour lui, pour sa femme Ziddina, et pour ses quatre enfants (parmi lesquels le « second » Julianus). Ce dernier réapparaît  près de huit ans après en tant que chef de la même tribu et, s’il est lui-même citoyen romain, il demande le droit de cité pour sa femme Faggura et pour ses quatre enfants qui eux ont tous le statut de pérégrins (le statut des enfants dépendant de celui de leur mère). Le troisième document, enfin, est une copie certifiée conforme du registre impérial, ou Comentarius civitate romana donatorum, dont on apprend l’existence avec cette table. Il contient la liste des Empereurs ayant octroyé le droit de cité, liste soigneusement élaborée, suivie des noms et âges des pérégrins concernés puis de la décision en tant que telle, et des signatures des douze membres du conseil impérial.

  On s’interrogera donc, à partir de ce document, sur les mécanismes politiques et administratifs concernant l’octroi de la citoyenneté romaine à titre individuel avant l’édit de Caracalla. La procédure mise en œuvre, appelée concession viritane, était-elle simple ? Qui était-elle susceptible de concerner et quels avantages apportait-elle au nouveau citoyen ?

  Pour tenter d’apporter quelques réponses à ces questions, nous étudierons d’abord la procédure de demande du droit de cité pour un pérégrin, une procédure qui frappe par son élaboration et par son souci de ne pas galvauder ce droit. Puis, nous examinerons les motivations qui peuvent être à l’origine de cette demande qui, nous le verrons, ne concerne véritablement que les élites provinciales tout en s’inscrivant, pour les Romains, dans une certaine stratégie politique vis-à-vis des peuples conquis. Enfin, nous préciserons les avantages que procure le statut de citoyen romain, notamment en matière de justice et d’impôts, mais aussi les restrictions que fait l’empereur concernant le respect du droit local, cette dernière mention nous semblant constituer l’intérêt majeur de ce texte.

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