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Discours de Pausanias dans le banquet de platon

Commentaire de texte : Discours de Pausanias dans le banquet de platon. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  23 Novembre 2024  •  Commentaire de texte  •  1 332 Mots (6 Pages)  •  12 Vues

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   Ce texte est un extrait du Banquet de Platon (428 – 348 avant notre ère). Il s’agit du discours de Pausanias (180 c – 183 a), qui vient apporter une précision fondamentale dans la compréhension du culte d’Eros, dieu communément dit de l’« amour » . Pausanias est lui-même l’éraste d’Agathon qui reçoit les invités chez lui. Les penseurs grecs sont nombreux à se pencher sur la question de l’amour et son déploiement dans les sphères privées, publiques. Le Banquet voit son titre repris par l’auteur Xénophon (Robert Flacelière clôt le débat de l’antériorité de Platon ou de Xénophon en attribuant la première publication à Platon – les deux ouvrages comportant des similitudes). Le discours de Pausanias porte l’éloge de Eros qui sillonne le Banquet à une perception plus fine, en distinguant l’Eros primordial ou céleste de l’Eros jeune et vulgaire. Le premier est tout-puissant et jalonne les rapports de pouvoir. Il a insufflé l’union de ses frères et sœurs (Nyx, erebe, Gaïa, Tartare) permettant la procréation, la perpétuation des entités divines. L’Eros primordial rapproche deux êtres et enclenche le processus de création (charnelle ou spirituelle). Son pouvoir outrepasse celui de Thanatos (dieu de la Mort). Le second Eros mène à la débauche. C’est le Cupidon des latins. Les dénominations conventionnelles de « Dieu de l’Amour » et de « puissance cosmique » ont tendance à éclipser les multiples configurations d’Eros. L’existence des deux puissances de l’amour éclaire sur la pensée du monde des Grecs. Lorsque Platon écrit Le Banquet, au Vème siècle avant notre ère, les croyances mythologiques imprègnent la vie sociétaire de la polis tout entière. Les Grecs plébiscitent le couple homosexuel masculin dont la dynamique bien connue de l’éraste (celui qui aime, l’homme viril et mûr car plus âgé) et de l’éromène (celui qui est aimé, le jeune garçon)

La foi en un Eros germé en chaque individu régit un système de pensée autour de l’élévation spirituelle, ou au contraire, de la dépravation humaine. C’est ce que nous verrons dans une première partie avant de nous recentrer sur la sphère du politique (de polis, la cité) au sein de laquelle Eros jouit d’une place importante.

   Parce qu’il est double, Eros est par définition ambivalent. Sa dualité, qui ne prouve pas un don d’ubiquité mais

Exalte l’amour chaste et pédagogique au détriment de la pédérastie charnelle, condamnée avec force.

  Hésiode narre dans la Théogonie la naissance d’Aphrodite ouranienne, née du sperme d’Ouranos. Elle est l’Aphrodite ancienne qui va mettre au monde Eros primordial : les deux sont célestes, divinement bons, anoblissant pour qui les reçoit. Cette Aphrodite inaugurale partage avec Athéna un point commun : elles n’ont pas de mère donc rien d’ « abâtardi ». Tout au contraire l’Aphrodite vulgaire, « pandémienne » (épiclèse à connotation péjorative), fille de Zeus (lui-même petit-fils d’Ouranos) et de Diomè selon Homère, n’a aucune conscience du bien et du mal. L’Eros pandémien ignore toute morale. Certains philosophes à tendance aristocratique n’hésiteront pas à dénigrer ce désir impur. La recherche du plaisir, la dépendance au plaisir que distille l’Eros en l’homme abaisse celui-ci à assouvir ses désirs auprès des deux sexes – masculin et féminin. Or, il ne va pas sans dire que si les relations homosexuelles masculines font l’objet de vives admirations et sont érigées en modèle de vertu, les relations entretenues par une femme et autrui sont viles, basses. Désirer une femme évacue l’Eros primordial et est irrémédiablement réduit à ce désir de peu de valeur que fait naître l’Eros pandémien. L’Amour profane est évacué comme désirable

De manière symétrique, l’Eros primordial enclenche l’élévation spirituelle. Le désir est une partie constitutive de l’acte philosophique. Point de départ de la tradition renaissante des « traités de l’amour », Marsile Ficin l’amour permet de dépasser la condition basse de la mélancolie pour atteindre la sphère haute de la fureur (Commentaire sur le Banquet de Platon, Marsile Ficin, 1461). Le conte d’Amour et de Psyché, dans les Métamorphoses d’Apulée, prouve combien l’érotisme permet d’accéder au monde des idées

   Les liens érotiques élément nodal des relations politiques. Sous plusieurs aspects, ils sont fondamentaux pour le maintien de la concorde et la reproduction du groupe de citoyens.

Se poser la question de amour et politique, ou de amour ou politique, nécessite de faire jour sur les qualités communes des deux notions. De toute évidence amour et politique initialisent le lien humain voire la production humaine. Aux yeux du philospphe, la politique est l’art de produire infiniment la juste mesure. C’est ensemble que l’on pense la démocratie : le pouvoir du peuple, le pouvoir d’une entité humaine regroupant une multitude de personnes qui n’auraient pas conscience de leurs existences respectives sans l’attribution de fonctions politiques décidées d’un commun accord. Le désir quant à lui fait exister l’autre aux yeux de l’un. Il est une recherche productrice d’immortalité corporelle et spirituelle, c’est une poièsis. Politique, désir, forment un tissu social, le sumploke de Platon.  Les hommes sont la cité selon l’éloquente formule « andres gar polis » Les pratiques pédérastiques opèrent le rite de passage indispensable à la formation des citoyens et des soldats. La relation entre deux hommes occupant une place structurelle dans le développement de l’andreia acquiert une fonction propédeutique. L’ordre du monde dépend d’Eros, Claude Calame parle de l’ « eros propédeutique d’une philia politique (philia politikê) ». En prenant part à ce type de relations, à cette dyade, l’éromène est initié aux liens de la philia. L’ouvrant en dehors du cadre familier de son oikos, l’eros prend une dimension politique dans l’institution de la justice. Ainsi, leur tâche – à l’amour et à la politique - est de faire coexister les natures de forces différentes selon un équilibre pas toujours évident. Précisément, cet équilibre peut être purement illusoire. Cet équilibre peut être apparent, et ne reposer que sur une supercherie écran de fumée démagogie gouvernants utopie artifice art du voilement et du dévoilement

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