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Par quels moyens les géants du numérique assurent-ils leur puissance à l'échelle internationale ?

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Par   •  7 Mars 2023  •  Dissertation  •  3 282 Mots (14 Pages)  •  264 Vues

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Dissertation : Par quels moyens les géants du numérique assurent-ils leur puissance à l'échelle internationale ?

"ChatGPT", "Bard", "Ernie Bot" : après les NFT et le métavers, l’intelligence artificielle mise en place par les géants du numérique ouvre de nouveaux horizons au monde entier.

Bien que très présents dans notre monde actuel, le terme de géants du numérique n’est pas toujours très clair et mérite d’être défini. Les géants du web désignent les acteurs d’internet d’influence mondiale comme Airbnb, Amazon, Apple, Google, Microsoft, Netflix, Uber et tant d’autres. Elles partagent une caractéristique : une importante base de données d'utilisateurs, à l’origine d’un chiffre d'affaires considérable.  

La notion de puissance mérite également d’être définie puisqu’elle désigne l’ensemble des capacités que possède un état pour s’imposer dans les rapports de force internationaux par l’usage du hard power (militaire, économique) et du soft power (culture…).

On peut alors se demander par quels moyens les géants du numérique assurent-ils leur puissance à l'échelle internationale ?

Afin de répondre à cette question, nous commencerons, dans un premier temps, par présenter les formes économiques, dans un deuxième temps, les formes politiques et dans un troisième temps, les formes culturelles. 

Les moyens économiques de ces sociétés leur permettent de percer sur la scène internationale. Or, l’économie mondiale ne semble pas profiter de la santé financière de ces entreprises. Par des pratiques comme l’optimisation fiscale les GAFAM vont rediriger leur chiffre d’affaires vers les pays où le taux d’impôts payé à l’État est faible. En effet, les services vendus étant dématérialisés, leur location est difficile et leur vente est possible depuis n'importe quel pays. Trois de ces sociétés ont d’ailleurs profité de ce système appelé “Double Irish”. En effet, lorsqu’une vente était effectuée à un client français chez Apple, Google ou Facebook, le taux d’impôts ne serait pas de 25% mais de 12,5% car le siège de leurs sociétés était basé en Irlande. Par la mise en place d’une taxe sur les GAFAM, la France s'était vue contrainte de la supprimer suite aux menaces de représailles commerciales des Etats-Unis. En effet, ces sociétés dirigeant la diffusion de l’information, jouent alors un rôle politique majeur, puisqu’il est possible pour eux de manipuler les opinions. 

Le nombre de salariés permet de faire pression sur les gouvernements, s’imposant alors à l’internationale. Les GAFAM ont réussi en n’ayant, finalement, que peu de salariés. A titre comparatif, ils ne dépassent que de quelques milliers, à eux cinq, l’emploi chez Carrefour, premier employeur français. Or, c’est justement par des entreprises comme Airbnb ou Uber que ces entreprises transforment le monde de l’emploi : ils ont inventé une nouvelle forme institutionnelle : l’entreprise à l’effectif permanent et en CDI réduit, et c’est par ce genre de nouveautés que les GAFAM conservent une si grande puissance. 

Les moyens politiques de ces sociétés leur permettent également de s’imposer dans le monde. Leur richesse leur offre une capacité à financer des partis politiques, des candidats ou une capacité à faire du lobbying au cours des élections par leur contrôle de la circulation de l’information. On voit, par exemple, émerger des théories complotistes remettant en cause les autorités et déstabilisant alors les démocraties. Les réseaux sociaux comme Facebook nous enferment également, par exemple, dans des bulles cognitives créant l’illusion que le monde pense comme nous. Mais comment préserver une démocratie si même les médias sont contrôlés par des hommes comme Jeff Bezos (Amazon) qui a pu se payer le Washington Post. Leur capacité à financer des organisations internationales étatiques ou non étatiques témoignent donc encore une fois de leur puissance.

La réputation des GAFAM contribue à leur puissance politique par leur capacité à rencontrer des dirigeants internationaux et à fonder des organisations ou des évènements internationaux. En effet, en l’espace de quatre ans, le lobbying de leurs filiales françaises a été multiplié par trois, passant de 1,35 à 4,075 millions. Ces dépenses, leurs permettent l’organisation d’évènements publics avec des gens les mieux placés. Meta France par exemple est allé trouver certains talents chez le Cnil. C’est également par ce lobbying qu’ils parviennent à manipuler les autorités qui freinent leur développement (protection de la vie privée, législation sur les travailleurs, ...). 

Les GAFAM mettent également en place des moyens culturels pour peser internationalement. Dans un premier temps, ils disposent d’une masse très importante de la clientèle qui leur fournit du marketing et une influence culturelle sur une grande partie de la population mondiale. En effet, par une collecte de données, les GAFAM intègrent toutes les données possibles sur chaque utilisateur (big data). Sur Facebook, par exemple, des informations sur votre travail, vos revenus, vos origines ethniques, votre religion, vos opinions politiques ou encore les publicités sur lesquelles vous cliquez sont recensées : autant d’informations qui peuvent être exploitées par des publicitaires. Google et Microsoft en conservant l’historique de navigation ou encore l’historique géographique de ses utilisateurs ne sont pas en marge non plus. C'est par la collecte de toutes ces données que ces entreprises fondent leurs revenus : le sponsoring, en proposant des publicités adaptées aux utilisateurs, ils contrôlent indirectement leurs achats, créant du profit aux entreprises qui investissent dans ces firmes pour être mises en avant. 

En s’appuyant sur une langue internationale, les GAFAM développent leur puissance. En effet, elles profitent du pouvoir de l’anglais pour asseoir leur influence tandis que les BATX profitent de la diffusion internationale du chinois. L’anglais, langue internationale est aujourd’hui la langue la plus diffusée dans le monde et incarne le processus de la mondialisation. Aujourd’hui, cette domination est renforcée par le développement de nouvelles pratiques de consommation comme la diffusion de séries tv à succès en VOST. Des sociétés comme Netflix profitent de cet avantage linguistique. Google capte environ 90% des recherches internet et Amazon domine le secteur de la vente en ligne. Mais cette toute puissance est aujourd’hui menacée par l’émergence d’acteurs chinois dans le secteur du numérique. Les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) ont une domination incontestée en Asie. Ainsi, Baidu (l’équivalent de Google en Chine) est le premier moteur de recherche utilisé par plus d’un milliard de Chinois et Alibaba domine la vente en ligne.

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