Plan de commetaire composé sur "le nègre de surinam"

La conquête de l’Amérique s’est accompagnée d’une terrible violence à l’égard de populations africaines déportées sur le nouveau continent et réduites en esclavage, notamment dans les plantations de canne à sucre. Or, au XVIIIè siècle, le développement des idées d’égalité et de liberté naturelles amènent un certain nombre de philosophes des Lumières à prendre la plume contre cette terrible pratique. Ainsi, dans le chapitre dix-neuf de son célèbre conte Candide ou l’optimisme, publié en 1759, Voltaire fait entrer son héros éponyme au Surinam, où il rencontre un esclave mutilé. On peut alors se demander comment, dans cet extrait connu comme « Le nègre de Surinam », Voltaire dénonce l’esclavage. Il est notable tout d’abord que la fiction permet à l’auteur de s’adresser au plus grand nombre de lecteurs, puis que l’incarnation de l’esclavage dans un personnage renforce sa dénonciation, et enfin que le narrateur-auteur effacé derrière ses personnages réapparaît parfois, provoquant des effets d’ironie.

1) Par une argumentation indirecte, une fiction, qui permet d’élargir le lectorat

a- Un récit où domine le discours direct : étude des temps —> aspect vivant, quasi théâtral.

b- Un pseudo pittoresque par l‘évocation de l’Afrique dans le vocabulaire de la mère + allitération [k/g] —> un récit coloré.

c- Les réactions de Candide reflètent celles des lecteurs. Modalités affectives.

=> La fiction permet d’illustrer l’esclavage qui se déroule loin du lecteur européen. Le récit imagé incite à ce dernier à prendre conscience de la situation outre-Atlantique par identification à l’émotion de Candide face au « nègre », un personnage marquant.

2) Par un personnage fort qui incarne l'esclavage et témoigne de sa condition

a- Une mise en situation qui s’apparente à un « usage » : vêtement avant le corps, présent de généralité, parallélisme « quand on / on nous » qui insiste sur la répétition des mauvais traitements —> montre une cruauté habituelle, banalisée.

b- Une biographie qui met en scène une mère dénaturée et peut-être dupée : antithèse « l’honneur d’être esclave » —> l’esclavage rompt les liens les plus naturels.

c- opposition « on » (la société) / « nous » (les esclaves) fait du nègre un porte-parole qui utilise la comparaison animale et un argument biblique pour convaincre le lecteur déjà ému.

=> Le discours du nègre, à la fois persuasif et convaincant, en fait le porte-parole efficace des esclaves en général. Mais derrière cette figure, on peut aussi entendre la voix du narrateur- auteur extérieur.

3) Par une présence discrète mais repérable du narrateur qui produit des effets d'ironie.

a- Un vocabulaire qui n’est pas celui de l’esclave dans la concession faussement naïve « je ne suis pas généalogiste mais...» et l’onomastique « Vanderdendur » —> ironie voltairienne.

b- Une interpellation de Candide / lecteur par nègre / auteur dans le « vous » dans deux phrases percutantes sur le « sucre » et sur les « parents » —> famille humaine disloquée par le « prix »

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