Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde
Commentaire de texte : Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar vzzzzzzz • 2 Juillet 2023 • Commentaire de texte • 1 386 Mots (6 Pages) • 188 Vues
Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde
(1999)
LL3- Les derniers mots d’Antoine
Introduction :
Juste la fin du monde est une pièce de Jean-Luc Lagarce écrite en 1990 pendant une résidence de l’écrivain à Berlin et joué pour la première fois en 1999. Jean-Luc Lagarce née en 1957, est un metteur en scène, comédien et dramaturge du XXème, il appartient au théâtre de l’absurde et au nouveau roman. Peu reconnue de son vivant, il est l’un des auteurs contemporains les plus joués en France. Il meurt a l’âge de 38 ans, en 1995, atteint du sida. Cette pièce met en œuvre une tragédie qui concerne Louis, trentaine, retourne voir sa famille après une longue absence pour annoncer sa mort prochaine, mais n’y parviendra pas. La pièce traite de la famille, du retour et aussi de la difficulté de communication.
C’est un extrait de la scène trois de la partie 2. Alors que Louis est en train de partir, son frère adresse une très longue tirade où il explique sa relation douloureuse avec Louis, de ses souffrances et les rancœurs qu’il a accumulé. Selon Antoine, Louis s’est mis dans le rôle de l’enfant malheureux. Antoine, le frère cadet, s’est senti responsable de son frère qu’il pensait devoir protéger mais aussi mal aimé par la famille inquiète pour l’aîné. Il expose l’ambivalence de leur relation entre le ressentiment et l’amour compassionnel.
. Problématique : En quoi cette scène de dénouement relève-t-elle que la crise n’a pas été résolu ?
. Mouvements :
- Une présence accusatrice (ligne 185 à 195)
- L’opposition entre les deux frères (ligne 196 à 211)
- Le caractère pathétique d’Antoine (ligne 212 à 220)
Analyse linéaire :
I- Une présence accusatrice (l.185-195)
Antoine dénonce les accusations sans mots de Louis
. Ligne 186 : « tu es là, devant moi » => cette position est interprétée comme une accusation
« accuser dans mot » oxymore => son frère l’accuse, juste en étant là, remplace des paroles qui le rendent coupable au yeux des autres. Confusion dans l’axe temporelle.
. Ligne 187 : « te mettre debout devant moi » périphrase ,il développe l’idée précédente en transformant le verbe d’état en verbe d’action => les accusations de Louis, ne passent pas tant par les mots que par les attitudes volontaires de Louis
. Lignes 188-190 : l’allitération en P met en valeur les trois mots « plainte, pitié, peur » et Antoine le qualifie de « vieux mots » => on reconnaît les sentiments attribué à la tragédie : la terreur et la pitié. Antoine se compare au spectateur d’une tragédie dont Louis sera le Héros. Antoine manifeste le fait qu’il est toujours dans le passé, et qu’il ne peut sortir des rôles dans lesquels l’enfance l’a enfermé face à son frère. Expose la confusion de ses sentiments.
. Ligne 191 : « toute cette colère » démonstratif => Antoine nous donne le ton de sa propre réplique, il porte un regard sur lui-même.
. Ligne 193 : « je me reproche déjà », voix pronominale => Antoine se met à juger ses propres actes, comme s’il était lui-même prêt à être condamné.
. Ligne 194 : « tu n’est pas encore parti » => référence annonçant la fin prochaine, la mort de Louis
« partir » verbe comme un euphémisme => pour parler de la mort de ce dernier. + évocation au passé => Louis est déjà parti, une première fois, et Antoine se sent responsable de cela
. Ligne 195 : « le mal qu’aujourd’hui je te fais » => c’est un mal qui prendra un sens nouveau quand Louis mourra de sa maladie, et c’est sa famille qui se sentira responsables de ne pas avoir écouté ses dernières paroles.
=>Les personnages évoquent sans le savoir leur destin tragique, ici, Antoine est peut-être lui-même un héros tragique suspendu entre la culpabilité et innocence. On suppose qu’Antoine aurait deviné que son frère est venu pour annoncer une mauvais nouvelle.
II- L’opposition entre les deux frères (l.196-211)
. Ligne 196 : anaphore « tu es là » => marque la présence de Louis
. Ligne 197 : il confond le présent et le passé => il a été profondément traumatisé et Antoine devient le porte-parole de la famille afin d’exprimer son épuisement moral dans le passé et le présent
. Lignes 200-202 : image de l’enfance lui revient + « je te vois », présent de l’énonciation => opposition entre la présence insupportable de Louis depuis l’enfance + « plus peur pour toi que », comparaison => impact du traumatisme de l’enfance dans le présent : il revit la même scène.
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