Analyse linéaire Marivaux, Les Fausses Confidences, I, 2
Cours : Analyse linéaire Marivaux, Les Fausses Confidences, I, 2. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jyaozi • 13 Janvier 2024 • Cours • 3 486 Mots (14 Pages) • 134 Vues
Scène I, 2 début – avant-dernière réplique
Contexte
- présentation générale de la pièce : une comédie d’intrigues, mais qui constitue aussi à certains égards une comédie de mœurs, une comédie des sentiments et une critique sociale. on va trouver tous ces aspects dans le texte étudié.
- rappels sur la fonction d'une scène d'exposition : fonction informative (donner aux spectateurs les informations indispensables à la compréhension de la scène: personnages, intrigues...) et fonction séductive (donner au spectateur l'envie de voir la pièce: suspens, interrogations).
- la scène I, 1 n'apporte pas grand'chose: Dorante est accueilli par Arlequin dans une maison bourgeoise; mais le caractère nigaud d'Arlequin permet de faire ressortir, par contraste, l'intelligence de Dubois; et on comprend à l'empressement de Dorante à se retrouver seul qu'il manigance quelque chose. Cette première scène, très courte, favorise donc la curiosité du spectateur. L’entrée est comique, grâce au caractère farcesque d’Arlequin.
Première lecture
- une comédie d'intrigue : d'emblée, le spectateur est plongé dans l'intrigue. Cf didascalie initiale concernant Dubois : « entrant avec un air de mystère ». On comprend pourquoi Dorante voulait rester seul : il a Dubois pour complice et cherche à s'immiscer dans la maison. On apprend bientôt pourquoi : il veut obtenir la main d'Araminte, et ainsi, sa fortune.
=> les motivations de Dorante sont troubles : n’agit-il comme il le dit que poussé par ses sentiments ? ou est-il intéressé ?
- La fonction informative de la scène d'exposition est respectée : on en apprend plus sur les personnages présents, leur fonction sociale et leur rôle (le maître, mais désargenté / le valet, en apparence au service d'Araminte, en fait toujours au service de Dorante – valet astucieux et intrigant) ; on reçoit aussi des informations sur un autre personnage principal : Araminte ; en outre, on comprend le sujet de l'intrigue : le mariage aura-t-il lieu?
- La fonction séductive de la scène d'exposition est aussi respectée : un certain suspens est maintenu, grâce à une question rhétorique (« et tu crois... que je l'épouserai, moi qui ne suis rien? ») et grâce à l'opposition entre Dorante et Dubois (« notre affaire est infaillible » vs « quelle chimère »).
Organisation du texte
Le texte progresse de telle sorte que chaque passage apporte au spectateur une nouvelle information et approfondit le suspens.
répliques 1-3 : reconnaissance entre Dubois et Dorante. Le spectateur comprend pourquoi Dorante voulait se débarasser d'Arlequin; il comprend aussi qu'une intrigue est en cours (cf didascalie initiale « avec un air de mystère ») et que les deux hommes sont complices.
répliques 4-10 : allusion à Monsieur Rémy. Le spectateur comprend la teneur de l'intrigue: sans que Monsieur Rémy sache quel lien l'unit à Dorante, Dubois a averti Rémy qu'une place d'intendant est libre chez sa maîtresse. Une intrigue complexe, comme l'atteste la multiplicité des actions montrée par la succession de phrases juxtaposées, avec des verbes d'action: « il la prévint, … il m'a dit que je me rendisse... qu'il me présenterait... qu'il y serait... ou que... »
Cependant le spectateur comprend aussi que l'intrigue est difficile: le projet est « extravagant » de l'aveu de Dorante même, ce qui accentue sa curiosité. On met en évidence la difficulté de l'entreprise dans lequel ils se sont lancés: « je n'attends rien de notre entreprise ».
répliques 11-19 : : l'intrigue va encore plus loin: il ne s'agit plus seulement d'être l'intendant d'Araminte, mais également son mari ! La difficulté est mise en évidence avec le décalage entre Dorante, désargenté, et Araminte, femme du monde, décalage dont Dorante est conscient mais que Dubois cherche à effacer. Il s'agit donc d'une dispute entre maître et valet : chacun expose son point de vue.
- une scène enlevée, puisque les deux hommes se préparent à une action difficile et qu’ils ne semblent pas d’accord sur leur chance de réussite, ce qui attise la curiosité du spectateur.
- Ce n'est qu'à la fin de la scène qu'on comprend qu'il ne s'agit pas seulement d'une intrigue par intérêt financier, mais également par amour, si bien que la scène revêt une nouvelle profondeur : il ne s'agit pas seulement de cynisme intéressé, mais également d'amour et d'affection. = ambiguïté fondamentale du marivaudage…
Pistes pour une lecture linéaire
- une scène d’exposition réussie, qui nourrit la curiosité du spectateur (suspens)
- une scène qui met en évidence l’ambiguïté du marivaudage, entre intérêt et amour
- une scène qui montre qu’on est bien dans une comédie d’intrigue, avec Dubois comme meneur de jeu.
Lecture linéaire
La mise en place d’un mystère
1-2
Le présentatif « te voilà » et l’affirmation « oui » indique que la rencontre est prévue depuis longtemps : « je vous guettais », il s’agit donc de la mise en place d’une intrigue.
3
Relecture comique de la scène I, 1 : ridicule d’Arlequin pour nourrir la tonalité comique.
D’emblée, Dorante montre qu’il a peur de l’échec : expression du doute « j’ai cru », interrogation.
Dubois semble être le mentor de Dorante : « dis-moi », il attend tout de lui.
introduction de M. Rémy, personnage important pour réaliser l’intrigue envisagée.
Une « entreprise » compliquée : le mystère est bien entretenu !
4-5
la didascalie et la question de Dubois « n’y a-t-il là personne » indique que son intrigue requiert de la discrétion : « il est essentiel ». D’emblée, la pièce commence sous les auspices de la dissimulation, et du fait de Dubois.
Dorante répond à sa question : il obéit à Dubois, les rapports de force ordinaires sont donc renversés.
6-7
présentation d’éléments importants pour comprendre l’intrigue : M. Rémy est le « parent » de Dorante ; Dorante va être présenté comme « intendant ». Introduction de nouveaux personnages : « cette dame-ci », le présentatif souligne son importance ; inversement, le déterminant indéfini « une mademoiselle Marton » indique le peu d’importance de celle-ci.
l’intrigue prévue n’est connue de personne – là encore, on trouve le thème du secret. Mais alors que Dubois est clairement dans la dissimulation, par contraste on met en évidence l’honnêteté de M. Rémy : « de la meilleure foi du monde », superlatif. Le thème de la dissimulation apparaît aussi avec le « il ne sait point du tout », accentuation de la négation.
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