Charles Baudelaire, Une Charogne
Fiche : Charles Baudelaire, Une Charogne. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar alhya1 • 10 Mai 2023 • Fiche • 1 125 Mots (5 Pages) • 381 Vues
Explication linéaire: “Une Charogne”
Charles Baudelaire était un poète français influent du XIXe siècle, considéré comme un précurseur du symbolisme et de la modernité poétique. Il était mal compris par son époque et idéalise le passé. Son recueil de poèmes Les Fleurs du Mal, publié en 1857, a été attaqué pour outrage à la morale en raison de son contenu impudique sur des sujets tels que l'homosexualité, la sensualité, l'anti-religion et l'amour interracial. Le poème "Une Charogne" fait partie de ce recueil et traite d'un sujet inattendu, une charogne, pour explorer les thèmes de la laideur et de la beauté. Le recueil est réhabilité et sa seconde édition est publiée en 1861.
Le poème « Une Charogne », composé de douze quatrains, de rimes croisés et une hétérométrie d'octosyllabes et d'alexandrins, est extrait du recueil, fait partie de la section Spleen et Idéal.
Dans ce poème, un couple en promenade tombe sur une charogne, qui devient le sujet du poème de Baudelaire, initialement un thème non poétique.
Ainsi nous nous demanderons comment le poète transformait l'immonde en objet poétique?
Une Charogne Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d'été si doux : Au détour d'un sentier une charogne infâme Sur un lit semé de cailloux, Les jambes en l'air, comme une femme lubrique, Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique Son ventre plein d'exhalaisons. Le soleil rayonnait sur cette pourriture, Comme afin de la cuire à point, Et de rendre au centuple à la grande Nature Tout ce qu'ensemble elle avait joint ; Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s'épanouir. La puanteur était si forte, que sur l'herbe Vous crûtes vous évanouir. Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, D'où sortaient de noirs bataillons De larves, qui coulaient comme un épais liquide Le long de ces vivants haillons. Tout cela descendait, montait comme une vague, Ou s'élançait en pétillant ; On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague, Vivait en se multipliant. Et ce monde rendait une étrange musique, Comme l'eau courante et le vent, Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique Agite et tourne dans son van. Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve, Une ébauche lente à venir, Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève Seulement par le souvenir. Derrière les rochers une chienne inquiète Nous regardait d'un oeil fâché, Épiant le moment de reprendre au squelette Le morceau qu'elle avait lâché. - Et pourtant vous serez semblable à cette ordure, A cette horrible infection, Etoile de mes yeux, soleil de ma nature, Vous, mon ange et ma passion ! Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces, Après les derniers sacrements, Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses, Moisir parmi les ossements. Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine Qui vous mangera de baisers, Que j'ai gardé la forme et l'essence divine De mes amours décomposés ! |
§1: -v.1 verbe à l'impératif → souvenir/mémoire -verbe au passé simple = verbe de vue → tableau -jeu sur les pronom personnels «vous» = femme aimée / «nous» = couple * -apostrophe → voc abstrait, noble + rime → dualité entre laideur/beauté Spleen/idéal * -v.2 CCT + adj mélioratif + adverbe d'intensité → ancre le tableau dans l'idyllique, opposition v3 -v.3 COD péjoratif -CCL → une rencontre due au hasard. -v.4 allitération en M → son doux -antithèse des rimes * §2: -v.5 comparaison sexuelle + voc de position = impudique → champ lexical de la luxure -v.6 rime → importance du champ olfactif -v.7 adjectifs → représentation d'une femme sans gêne. -allitération en zeu → inconfort de ce lieu §3: -v.9 rime → mort dans le cycle naturel de la vie -v.10 comparaison → la charogne devient un vulgaire morceau de viande -v.11 allégorie → idée sacrée que le monde est fait sur de mêmes bases, laideur comme beauté -allitération en L → amplification §4: -v.13 champ lexical de la nature → notation visuelles = tableau -oxymore + comparaison -› beauté de la mort = typiquement baudelairien - allitération en s -v.15 notation olfactive péjorative, écho ”exhalaisons” §5: -v.17 évocation plus physique/matérielle de la mort → dimension hyper réaliste et presque « gore » -parallélisme → vision saisissante du corps en décomposition -occurrence → indécence du poème + paradoxe : la vie se nourrissant de la mort -v.18 métaphores militaires → Animation du non-humain = tableau morbide §6: -v.21 . verbes de mouvement de sens contraire + verbes d'action → cadavre réanimé reprend vie -comparaison → éloignement du réel -v.23 allitération en L → amplification §7: -v.25 rime → notation auditive = comparaison musicale → transformation artistique de l'horreur -v.26 comparaison → référence à la nature -v.28 verbes d'action → cadavre réanimé reprend vie §8: -v. 30 champ lexical de la peinture = comparaison picturale →Baudelaire efface l'horreur et se tourne vers le sublime, la description précise d'un tableau macabre devient une œuvre d'art progressivement -rime antithétique → passé VS futur →strophe sur la création artistique, réalité qui s'efface en souvenirs §9: -quatrain organique, évocation animale et animalité du corps humain -v.33 mot polysémique = animal/prostituée → tableau dégradant et grinçant de la femme -rime → angoisse de la mort? Instinct animal -v.34 rime → animal interrompu par le couple
§10: -v.37 tiret + p.p → Adresse directe au destinataire : marque de dialogue -verbe au futur + comparaison → il passe du souvenir du cadavre à la décomposition future de la femme -voc péjoratif = écho à l'image de décomposition ≠ métaphores galantes et amoureuses -v.40 mot à double sens = amour ardent MAIS du latin passio = la souffrance + rimée avec « infections » ≠ caractère névrotique de l'amour §11: -v41 phrase monosyllabique + exclamation forte → intensité de l'amour -vb au futur + comparaison → Insistance sur l'inéluctable destin de la femme aimée -Ô vocatif = apostrophe et superlatif adressé a la femme → sens religieux comme l'est un enterrement -v.42 euphémisme + CCL + action de décomposition = gradation -› adoucie l'idée de l’enterrement -V.43 allitération en zeu → accentue le caractère de putréfaction §12: -v.45 césure à l'hémistiche + opposition -rime → associe la mort au spiritualisme -termes de l'avidité amoureuse + rime → suggère le baiser avant la mort ou une forme de décomposition. |
Conclusion: Ce poème qui sonne comme un memento mori, montre tout le pouvoir de la poésie qui arrache les êtres et les choses au gouffre de la mort et à la réalité de la décomposition. Elle le fait par un processus très précis, le poète ne peut retenir du réel que des impressions mortes désignées ici par la figure du cadavre. Sa sensibilité, son génie consistent à les ressusciter sous une forme sublimée, l’artiste métamorphose la mort en vie, l’artiste par son art transforme le vulgaire, le banale et l’horreur en un chef d'oeuvre, tel est la signification de la métaphore de l’alchimie dans l’oeuvre de BAudelaire. Ce poème se montre très novateur car les codes de la poésie traditionnelle sont complètement inversés. Il propose ainsi une nouvelle forme de poésie amoureuse. On peut ainsi associer ce poème au suivant: "deprofundis clamavie”
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