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La religion s'oppose-t-elle à la raison ?

Commentaire d'arrêt : La religion s'oppose-t-elle à la raison ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  3 Février 2024  •  Commentaire d'arrêt  •  2 384 Mots (10 Pages)  •  146 Vues

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Lors du "procès du singe" de 1925, les créationnistes ont plaidé contre l'enseignement de l'évolution (qui propose que les espèces évoluent au fil du temps par un processus de sélection naturelle), soutenant que cela contredisait leurs convictions religieuses, notamment la création biblique. Cette remise en question de l'enseignement de la théorie de l'évolution dans les écoles met en lumière le conflit entre la raison et la religion. La raison est issue d’une locution latine signifiant “calcul” et est la faculté de l’intelligence (qui est propre à l’homme) qui consiste à assembler des jugements dans le but de former des concepts, de discerner le vrai du faux ou encore de fonder des connaissances objectives par les démonstrations rationnelles qu’elle permet d’élaborer. La religion est le rapport de l’homme à l’ordre du divin ou d’une réalité supérieure, tendant à se concrétiser sous la forme d’un système de dogmes ou de croyances, de pratiques rituelles ou morales. Elle relève du domaine de la croyance (adhésion de l’esprit dont l’objet n’est pas entièrement démontrable de façon rationnelle, expérimentale, ou communicable) et de la foi (croyance assurée à la vérité de quelque chose, confiance), et non du savoir (connaissance dont on peut rendre compte rationnellement ou expérimentalement). En ce sens, la religion renvoie au sentiment religieux, sentiment spéculatif qui n’est pas fondé en raison mais relève de la subjectivité individuelle. Au premier abord, tout laisse donc à penser que religion et raison sont antinomiques. Si la raison est la faculté de fonder un savoir ou une connaissance objective, la religion renvoie quant à elle aux domaines de la foi ainsi qu’à la croyance en une transcendance. La religion est en effet constituée de principes et de préceptes, de dogmes et de pratiques, ainsi qu’à sa source, d’une transcendance par définition inconnaissable. Pourtant, il est d’usage de nuancer dans la faculté de raison ce qui relève du rationnel et de l’irrationnel. Se demander si la religion est contraire à la raison, c’est ainsi s’interroger si la religion est rationnelle ou irrationnelle, si l’on peut rendre compte par la raison de ce qui en relève. La religion est-elle purement subjective et en cela contraire à l’élaboration objective que permet la raison ou peut-on concevoir un rapport de complémentarité entre les deux ? Entre religion et raison y-a-t-il nécessairement antinomie ou une possible compatibilité ?

Toute religion relève d’une croyance que l’on assimile à la foi. Celle-ci appartient au domaine du sentir que chacun ne peut ressentir qu’individuellement en son for intérieur. En cela, ce sentiment de foi est subjectif. Il appartient à chaque être particulier d’en faire l’expérience. Tandis que la raison est la faculté de l’esprit humain grâce à laquelle l’homme parvient à connaitre des vérités et de s’épargner des erreurs, elle lui permet d’élaborer des principes de connaissances. S'il est tautologique de dire que la raison est apte à mener des raisonnements, il ne l’est pas de dire que la raison est cette faculté de mener des démonstrations et de discerner le vrai du faux. En ce sens, elle présuppose de mettre en œuvre des moyens en vue d’une fin qui se veut rationnelle et fondée objectivement par des preuves. Or, la religion, en ce qu’elle appartient au domaine de la croyance qui suppose une foi aveugle, relève quant à elle de l’irrationalité. Tout comme on ne peut pas donner la preuve que l’on aime mais seulement des preuves d’amour, on ne peut produire une preuve démonstrative de sa foi religieuse. Comme l’écrivait Pascal, « c'est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c'est que la foi, Dieu sensible au cœur non à la raison ». Aussi, la religion en tant que pur sentiment subjectif intérieur qui repose sur une foi indémontrable appartient au domaine de l’irrationnel qui ne peut être fondé rationnellement.

De surcroît, la religion s'appuie sur l'idée de transcendance, définie comme la relation entre l'humanité et des êtres supérieurs ou divins. Cette transcendance, située au-delà de la réalité quotidienne, échappe à l'expérimentation et ne peut être rationnalisée. La raison, conçue pour calculer et mettre en relation des éléments, ne peut être utilisée pour prouver l'existence d'un Dieu non expérimentable. En effet, le sacré, contrairement au profane est ce qui est séparé du monde matériel dont on peut rendre raison, ce pour quoi il ne peut pas être rationnalisé. Kant souligne que l'idée de Dieu en tant que transcendance dépasse toute expérience possible, échappant ainsi à la connaissance rationnelle. La religion, représentant le domaine du cœur, demeure insaisissable par la raison, se caractérisant par une adhésion individuelle et subjective. Par exemple, les pratiques religieuses telles que la prière ou la méditation révèlent cette idée de transcendance. En ces moments de dévotion, les croyants cherchent une connexion directe avec un être transcendant, expérience qui transcende les limites de la compréhension rationnelle. La raison atteint ses limites dans ces moments, laissant la prière et la méditation appartenir au domaine du "cœur", insaisissable par la raison objective. Ainsi, l'idée de Dieu en tant que transcendance se manifeste dans la sphère du sentiment, de l'adhésion individuelle et de la foi personnelle.

La religion s’oppose à la raison car elle est fondée sur un besoin personnel de croire. L’individu croyant ne cherche pas à distinguer le vrai du faux à partir de sa raison, mais seulement à se rassurer. Dans L’avenir d’une illusion, Freud affirme que la religion est la névrose obsessionnelle de l’homme car elle serait une tentative de satisfaire ses désirs inconscients tout en apaisant ses angoisses existentielles. Au lieu de faire face à la réalité, il la fuit à travers les dogmes réconfortante religion. Il affirme ainsi que ces idées religieuses “ne sont pas le résidu de l’expérience ou le résultat final de la réflexion : elles sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus pressants de l’humanité”. Par exemple, l’impression terrifiante de la détresse infantile aurait éveillé le besoin d’être protégé (protégé en étant aimé), est un besoin auquel l’idée de Dieu comme père a satisfait. Ici, l’idée de désir, d’émotion s’oppose à la raison. En outre, le besoin de croire est d’autant plus contraire à la raison qu’il implique la foi comme un engagement qui abandonne le doute. Kierkegaard parle d’un “saut dans la foi” : ne parvenant pas

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