La bonne foi du contractant joue-t-elle un rôle au moment de l’échange des volontés ?
Dissertation : La bonne foi du contractant joue-t-elle un rôle au moment de l’échange des volontés ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Nazar Sto • 13 Octobre 2023 • Dissertation • 1 391 Mots (6 Pages) • 215 Vues
Nazarii Stoliarchuk Groupe 07
La question du rôle de la bonne foi du contractant lors de l’échange des volontés dans la formation
des contrats est un sujet de discussion majeur dans le domaine juridique et la jurisprudence en France.
Cette recherche vise à examiner si la bonne foi, en tant que principe fondamental du droit des contrats,
a une influence réelle sur l’établissement d’un accord contractuel lors de cette phase critique. Pour
aborder cette question, la dissertation sera organisée en deux parties, chacune divisée en deux sous-
parties.
La bonne foi du contractant joue-t-elle un rôle au moment de l’échange des volontés ?
D’abord, nous étudierons le rôle de la bonne foi en tant que principe clé lors de l’échange des
volontés (I), puis nous examinerons les critiques et les limites de ce concept (II).
I. Le rôle de la bonne foi dans l’échange des volontés
Dans cette première partie, nous mettrons en évidence l’impact de la bonne foi sur les modalités
du contrat (a) et les restrictions qui se posent au moment du consentement des parties (b).
a. Impact de la bonne foi sur la formation initiale du contrat
La bonne foi, en tant que fondement du droit des contrats, joue un rôle crucial dès le début de
l’échange des volontés. L’article 1104 du Code civil stipule que “les conventions doivent être exécutées
de bonne foi”, ce qui souligne clairement l’importance de la bonne foi dans la formation des contrats.
Son influence se manifeste d’abord lors de la phase précontractuelle. La jurisprudence française,
à travers des décisions telles que l’affaire “Manoukian” (Cour de cassation, 7 juillet 2004), a affirmé
que la bonne foi devait guider toutes les étapes du contrat, y compris les négociations préliminaires.
Cette jurisprudence insiste sur le devoir de loyauté et d’honnêteté des parties lors de ces négociations
initiales. Ainsi, la bonne foi crée un environnement propice à des négociations équitables et instaure
une confiance mutuelle entre les parties.
L’article 1104 du Code civil renforce cette notion en imposant aux parties l’obligation d’exécuter
le contrat de bonne foi. Cette obligation perdure tout au long du processus de formation du contrat,
depuis l’expression initiale de la volonté des parties jusqu’à la formalisation de l’accord.
Un exemple significatif de l’influence de la bonne foi dans la formation initiale du contrat est fourni
par l’arrêt “Deville c. Dupont” (Cour de cassation, 12 avril 2010). Dans cette affaire, les parties avaient
conclu un accord préliminaire, mais l’une d’entre elles avait dissimulé des informations essentielles. La
Cour a statué que le non-respect de l’obligation de bonne foi lors des négociations initiales pouvait
entraîner l’annulation du contrat.
L’influence de la bonne foi se manifeste également dans la manière dont les contrats sont
interprétés en cas d’ambiguïté ou de lacunes. L’article 1184 du Code civil permet au juge d’intervenir
pour combler les lacunes de l’accord des parties lorsque la bonne foi l’exige. Cette disposition accorde
aux juges une certaine latitude pour résoudre les litiges contractuels conformément aux principes de
justice et d’équité.
b. Les limites de la bonne foi au moment du consentement
Malgré l'importance de la bonne foi dans la formation des contrats, certaines limites délimitent
son champ d'application, conformément à l'article 1134 du Code civil français. Cet article stipule que
"les contrats légalement formés tiennent lieu de loi à ceux qui les ont conclus", ce qui confirme la
primauté des contrats en tant que loi entre les parties. Néanmoins, cela soulève des questions quant
à la possibilité d'utiliser la bonne foi pour échapper à des obligations contractuelles déjà établies.
La jurisprudence française, comme illustré dans l'affaire "Dupont c. Durand" (Cour de cassation,
15 mars 2012), a examiné des situations où la bonne foi pouvait être remise en question au moment
de la formation du contrat. Dans cette affaire, une partie avait profité d'une interprétation ambiguë
du contrat pour éviter ses obligations contractuelles. La décision de la Cour a souligné que la bonne foi
ne pouvait pas être une échappatoire pour contourner des obligations clairement définies dans un
contrat. Cette conclusion met en avant l'importance de la prévisibilité et de l'exécution des contrats.
L'article 1134 du Code civil, qui consolide le principe de la force obligatoire des contrats, doit être
interprété en harmonie avec l'article 1135, qui permet aux parties de réviser un contrat en cas de
circonstances imprévisibles.
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