L'ONU dans les situations post-conflits
Dissertation : L'ONU dans les situations post-conflits. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Icare Aurélien • 26 Novembre 2023 • Dissertation • 3 684 Mots (15 Pages) • 190 Vues
Toulon le 18 octobre 2023
Beuzard Aurélien
Séance 3
L’ONU dans les situations post-conflits
Après la pluie vient le beau temps. Comme aux évènements tristes succèdent les jours heureux, l’Organisation des Nations Unis (ONU) apporte de meilleurs jours aux sortir des conflits. En effet, ce n’est pas seulement la paix qui revient, c’est aussi l’espoir : l’espoir de transformation, l’espoir de développement, l’espoir d’avenir.
Mais les espoirs fragiles, déçus voire trahis peuvent être l’envers de la médaille de ces dividendes de la paix. Car c’est essentiellement au sortir des situations de conflits militarisés qui opposent deux ou plusieurs États, des forces gouvernementales à des groupes armés non gouvernementaux (ou même des groupes armés non gouvernementaux entre eux) qu’il faut analyser les interventions de l’ONU. Le concept de « post-conflit » est lui-même défini par les Nations unies qui en attendent « un modèle idéal de transition après une guerre, au sein duquel institutions internationales, États et acteurs civils, privés et associatifs œuvreraient ensemble pour surmonter les tensions et construire une paix durable » (Revue Hérodote. Postconflit : entre guerre et paix ? N°158, 2015). Il faut dès lors comprendre que les jours meilleurs ne sauraient être de courte durée ni retourner à l’orage pour préserver le rôle autant que le symbole de l’Organisation des Nations Unies. Ainsi sa charte l’exprime sans ambiguïté dans son préambule à travers l’exigence de préserver les générations futures du fléau de la guerre aussi bien que de créer les conditions nécessaires au maintien de la justice tandis que son article 2 proclame le but de consolider la paix. Cette consolidation s’avère au coeur de sa mission une fois tombé le silence des canons. Et il faut ajouter que l’Organisation des Nations Unies s’en donne les moyens. Elle le fait à travers ses organes principaux comme le Conseil de sécurité qui décide des opérations de maintien de la paix, de l’envoi de casques bleus ou de la création de tribunaux spéciaux. Elle le fait encore à l’aide de ses programmes et fonds tels que le Fonds des Nations Unies pour la population, le Haut-Commissariat pour les réfugiés, le Programme Alimentaire Mondial, le Programme des Nations Unies pour le développement ou l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. Elle le fait enfin par l’intermédiaire d’agences spécialisées, certes indépendantes mais qui travaillent avec elle dans le cadre d’accords négociés. Il faut dès lors insister sur le rôle de la Banque Mondiale, de l’Organisation Internationale du Travail, de l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture ou encore de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture.
Toutefois ces moyens trouvent des limites, font face à des contraintes : contraintes géopolitiques, contraintes politiques, contraintes juridiques, contraintes budgétaires, méfiances, défiances, scandales. De sorte qu’une question se pose à travers les attentes légitimes des États comme des populations au sortir d’un conflit : quelle est l’efficacité de la réponse onusienne ? Charles Dickens écrivait dans son roman De grandes espérances « Ne jugez rien sur l’apparence, ne jugez que sur des preuves. », c’est donc derrière les idéaux, les déclarations d’intention, les pétitions de principe, les règles de droit et la recherche de paix perpétuelle chère à Kant qu’il va falloir analyser le rôle de l’ONU dans les situations post conflits, en s’attachant aux promesses difficiles de la consolidation de la paix (I) comme aux espoirs contrariés d’une organisation limitée (II)
I Les promesses difficiles de la consolidation de la paix
L’ONU joue un rôle fondamental dans les pays qui sortent de la guerre à travers la prévention épineuse de la reprise des conflits (A) et la fragile reconstruction des sociétés (B). A) La prévention épineuse de la reprise des conflits.
Une fois les armes baissées, l’ONU possède différents moyens de prévenir la reprise des conflits. A travers le Conseil de sécurité, elle peut autoriser le déploiement des casques bleus qui agissent au titre du maintien de la paix comme de sa consolidation. Le premier blocage intervient dans la nécessité d’une unanimité du Conseil de sécurité, si dure à obtenir en raison du droit de véto de ses membres. L’ONU s’est aussi adjoint la création d’une Commission de consolidation de la paix pour intervenir en faveur des sociétés post-conflit. Il s’agit de mobiliser des ressources, de proposer des stratégies intégrées comme de donner des avis en la matière. Sur ces bases, les casques bleus viennent opérer de façon multidimensionnelle. Ils s’attachent en premier lieu aux séquelles de la guerre comme théâtre d’opération. Ils ont pour objectif d’aider au désarmement, au déminage, à la démobilisation des combattants, à leur réintégration dans ce que le langage onusien appelle la DDR. C’est le premier pas, le plus nécessaire. Comme le souligne Alassane Ouattara président de la Côte d’Ivoire, nation citée en exemple du désarmement, « mon pays a bénéficié, pendant plus d’une décennie, d’un engagement sans précédent de l’Organisation des Nations Unies ». La mission ONUCI (Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire) est ainsi restée 13 ans, de 2004 à 2017, avant de quitter le territoire sur un succès qui a commencé par un désarmement massif et un retour à la vie civile des anciens combattants. Une fois les objectifs atteints, l’opération n’était plus justifiée.
Dans une mission toute aussi essentielle, les casques bleus viennent appuyer la solidification de l’Etat, aidant à rétablir les processus constitutionnels jusqu’à surveiller les élections dans ce qui pourrait être appelé une force de stabilisation. C’est le cas de la mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) qui mobilise, depuis 2014, 35 000 personnes dont14 400 militaires et 3000 policiers pour aider à la transition démocratique après la guerre civile. Ce déploiement d’une opération de maintien de la paix dans le cadre d’un mandat voté à l’unanimité par le Conseil de sécurité est une chance donnée à une paix fragile. Il faut bien sûr noter l’élargissement progressif du cadre des missions de l’ONU avec la doctrine Capstone relatives aux « opérations de troisième génération » qui servent à la consolidation de la paix. Dans ce cadre, Charles-Philippe David et Olivier Schmitt insistent dans leur ouvrage La guerre et la Paix (2020) sur la réforme du secteur de la sécurité (RSS), réforme essentiellement normative destinée à stabiliser l’appareil de police et de justice pour rendre l’Etat à l’Etat et garantir la légitimité autant que l’efficacité de son monopole de violence légitime. Ainsi l’ONU intervient dans le cadre de la consolidation de la paix qui passe par le processus de solidification de l’Etat. Pourtant, là encore, le chemin peut être difficile. Le départ de la MINUSMA du Mali est le dernier exemple en date. Cette disgrâce des casques bleus, chassés par le nouveau régime, jette un éclairage cruel sur les limites et l’importance de la volonté des Etats qui les accueillent. On sait que la volonté des parties n’est pas forcément obligatoire, notamment dans le cadre de groupes armés non gouvernementaux, mais la structure étatique impose sa volonté de manière unilatérale. B) La fragile reconstruction des sociétés.
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