L'Autorité politique - Diderot - L'Encyclopédie - 1751
Commentaire de texte : L'Autorité politique - Diderot - L'Encyclopédie - 1751. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar MaitreLud • 6 Avril 2023 • Commentaire de texte • 1 739 Mots (7 Pages) • 308 Vues
Introduction
“Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres”. C’est par ces mots que Denis DIDEROT démarre son article intitulé ‘l’Autorité Politique”, rédigé en 1751 et extrait du 1er volume de son œuvre magistrale, “l’Encyclopédie”. Dans cet article, il développe sa réflexion sur la légitimité de l’autorité politique et sur les fondements de la souveraineté.
Denis DIDEROT était un écrivain reconnu pour son érudition, ayant appartenu au mouvement philosophique des Lumières (1715 - 1784). Philosophe et encyclopédiste, il était également à la fois romancier, dramaturge, conteur, essayiste critique d’art et littéraire et traducteur. Son esprit critique et son génie lui ont permis de laisser son empreinte dans l’histoire de tous les domaines où il intervint. Issu d’un milieu bourgeois et catholique, il n'embrasse pas la carrière écclésiastique qui lui était prévue. Il commence alors l’écriture et devient proche de Jean-Jacques ROUSSEAU. Ses écrits font parler et lui, et seront soumis à la censure. Considéré comme écrivain dangereux, il sera incarcéré, et ses textes seront saisis. Dès 1745, il entreprend la rédaction de son oeuvre : L'Encyclopédie. Ce qui devait être au départ qu’une simple traduction d’un ouvrage existant de 1728, va devenir du fait de ses pensées philosophiques, accentuées dans le sens de l’athéisme, et du révolutionnisme, l'œuvre de toute une vie. L'Édition de cette œuvre titanesque s’achèvera en 1772, et restera l'œuvre majeure de sa carrière, et un monument de la littérature et de la connaissance.
L'article “Autorité Politique” fût rédigé en 1751, en plein régime répressif, sous le règne de Louis XV, monarchie absolue de droit divin, basée sur la religion. L’auteur y fait une analyse critique de la notion de souveraineté, en mettant en avant l’idée que la souveraineté ne peut être fondée sur la force.
Mais cet article ne serait-il pas une manière subtile de remise en cause des pouvoirs en place ?
Afin de répondre à cette interrogation, nous étudierons dans un premier les différentes définitions de l’autorité de l’Autorité et de la souveraineté selon Diderot (I), puis en quoi cet article représente une dénonciation et une remise en cause subtiles du pouvoir en place (II).
I - Les différentes définitions de l’autorité et de la souveraineté selon Diderot
Même si Denis Diderot commence son article par un constat qui dit que nul homme ne peut, par nature, en commander un autre, il va rapidement opposer ce constat à la situation qui régit l'État français.
Afin de comprendre comment Diderot a pu exposer au travers cet article sa conception de l’exercice de la souveraineté et de l’autorité, il convient tout d’abord de revenir aux origines de l’autorité (A), puis dans un second de définir les différentes définitions de l’autorité, selon les postulats faits par Denis Diderot (B)
A - Les origines de l’autorité
Avant de procéder à toute critique ou de dénoncer un système qui ne lui convient pas, Diderot dès le 1er paragraphe fait allusion à deux idées qui étaient également développées par les philosophes contemporains de l’auteur, à savoir la liberté et l’Homme à l’état naturel.
Dès le départ (ligne 1), Diderot affirme que l’autorité à l’état naturelle n’existe pas et met en place le principe d’égalité entre les Hommes, et associe la notion de liberté. Il parle des droits naturels de l’Homme. Il utilise un formulation catégorique et appui son constat avec des termes bien précis comme “aucun” et répète le terme “droit”, qui accentue le fait que selon lui l’autorité n’est naturelle, mais seulement issue d’un droit. La seule autorité qu’il accepte comme naturelle est “l’autorité paternelle”, du moins tant que l’individu n’est pas en mesure de s’assumer seul (“doué de raison”).
Il oppose à l’autorité la notion de liberté, qui concerne tous les Hommes (“chaque individu”), quels qu’ils soient. Dès lors Diderot va commencer par faire un parallèle sur l’idée d’autorité qui s’oppose aux libertés, et entreprend d’en définir les différentes types.
B - Les différents types d’autorité
Diderot distingue 2 familles d’autorité, l’autorité naturelle et l’autorité non naturelle. Cette dernière sera ensuite divisée en deux catégories, illégitime et légitime.
L’autorité paternelle est définie par Diderot comme naturelle (ligne 3-4), car elle est celle du père de famille qui s’exerce à l’individu pour sa construction jusqu’à ce que celui-ci soit en age de raison (ligne 4 “aussitôt que les enfants seraient en état de se conduire”). Ici, dès que l’enfant est adulte, et qu’il est capable de se gérer, l’autorité paternelle cesse d’être légitime. Ce concept ne peut s’appliquer à l'État et celui qui le gouverne, car les gouvernés ne sont pas des enfants. C’est l’idée sous-jacente, implicitement glissée par Diderot.
En opposition, il y a l’autorité que Diderot définit comme non naturelle. En ligne 6 Diderot écrit “Toute autre autorité vient d’une autre autorité que de la nature”, qui reprend l’idée de départ et poursuit en faisant 2 distinctions qui se font concurrence.
Tout d’abord il aborde la notion d’une autorité légitime, basée sur l’obtention d’un consentement, et le partage du pouvoir délégué par les hommes à leurs représentants. A l’opposé de celle-ci, dans les lignes 8 à 15, il définit une autorité et la qualifie de non-légitime, qui s’impose par la “violence”. Le terme “usurpation”,
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