Commentaire de texte Lettre de Philippe le Bel roi de France à l’empereur Henri VII, juillet - août 1312

Betina Boukaka

Ce texte est un extrait d’une lettre de Philippe le Bel roi de France adressé à l’empereur Henri VII en juillet- août 1312. Dans cette lettre le roi de France répond directement aux courriers antérieur de l’empereur Henri VII qui annonçait son couronnement et qui de manière intentionnelle ou non fait état de sa supériorité hiérarchique en prétendant à une soumission de la part du Roi de France au vu de son récent couronnement. Ce dernier lui répond alors par la négative en lui rappelant que  le royaume de France ne reconnait pas de sujétion ni de soumission d’un roi à une autre autorité que celle de Jésus Christ incarnée par la Sainte Eglise de Dieu. Et donc en conséquence, lui Philippe le bel roi de France ne reconnaissait pas en L’empereur Henri VII une autorité supérieure à la sienne et ne se soumettrai pas.

Philippe le bel, fils de Phillipe III le Hardi née en 1268 est le onzième roi de la dynastie des Capétiens directs. Accédant au pouvoir à l’âge de 17 ans à la mort de son père il développera le royaume de France lui faisant atteindre l’apogée de sa puissance médiévale. Sous son règne, le royaume connaîtra une grande prospérité économique ainsi qu’un renforcement important du pouvoir royal.  Il est très contesté par les grands seigneurs et les bourgeois sur sa politique monétaire très instable qui a pour conséquence plusieurs mutations monétaires renforçant alors un  sentiment d’incohérence de sa politique. En plus d’être responsable de la « crise économique », on dit souvent de lui qu’il est un souverain moderne car il aurait mis en place un Etat centralisé et plus puissant en abandonnant les traditions féodales. En effet très admiratif de son grand-père Louis IX et de ses idées de centralisation, mettra en place une évolution de la monarchie féodale qui limitait les pouvoirs du roi vers une monarchie absolue en se basant sur le droit romain à l’aide de légistes formés et conseillers compétent qui jouent un rôle décisif dans sa politique. Ces différentes transformations le rendront impopulaire aussi bien auprès des seigneurs et bourgeois que des paysans qui se révolteront.

Adressé en 1312 à l’empereur Henri VII à la suite de son couronnement, le roi de France Philippe le Bel rédige cette lettre dans un contexte de graves tensions. En effet autant en France sous le règne de Philippe III qu’au Luxembourg sous le règne d’Henri VII des contestations et impopularité se font ressentir. Nous sommes au XIIIe siècle et la France est marqué par un renforcement du pouvoir royal et la centralisation des institutions sous l’autorité des rois capétiens. Les pouvoirs du roi jusqu’alors limités par ses vaisseaux se voient amplifié et la notion de pouvoir absolue se met en place. Au même moment Henri VII se voit recevoir la couronne impériale devenant ainsi le premier roi germanique à être sacré empereur depuis 1250 sous le règne de Frédéric de Hohenstaufen. Il entend restaurer la gloire du Saint-Empire romain germanique en voulant rétablir le pouvoir impérial non seulement dans certaines régions de l’Italie du nord mais également sur la frontière occidentale avec la France. Il adoptera pour ce faire,  une politique autoritaire qui l’entrainera dans des conflits en Italie et déclenchera l’opposition du Roi Philippe IV.

Dans cette lettre, Philippe le Bel marque bien son opposition aux souhait de l’empereur d’un retour à une pouvoir impérial en France lui rappelant la modification souvenue dans le royaume de France ou une monarchie absolue s’installe en annulant toutes traditions féodales et en conférant au roi plus de pouvoir. Nous analyserons ainsi dans cette correspondance adressée à l’empereur Henri VII, comment Philippe Le bel roi de France définit-il les termes du nouvel ordre en place, celui de la monarchie absolue. Après avoir posé les origines de la monarchie absolue (I) Philippe le bel définit l’utilisation du concept d’absolutisme au moyen-âge (II).  

1. Les Origines de la monarchie absolue.

Les origines de la monarchie absolue découle d’un renforcement du pouvoir royale (A) et d’une centralisation des institutions sous une dynastie de monarques capétiens (B).

1. Le renforcement du pouvoir royale.

« Le fait est notoire, admis et proclamé par tous, que depuis l’époque de Jésus-Christ, les rois de France n’ont jamais eu d’autres supérieurs qu’eux-mêmes… »

Dans cette phrase Phillipe le bel redéfinit la notion de supériorité et d’absolutisme des rois de France. En effet au XIIIe siècle le titre de roi de France remplace celui de roi des francs et initie le début d’une nouvelle ère pour le royaume de France. En effet en 1180, Phillipe II dit « Auguste » monte aux pouvoirs et endosse le titre de roi de France. Lors de son règne il affermit le pouvoir royal et assure un contrôle de la hiérarchie féodale.

Une des premières étapes de ce renforcement du pouvoir royale passe l’abandon du système féodal, un système politique dans lequel l’autorité centrale s’associe avec les seigneurs locaux et leurs populations dans un système complet d’obligations et de services. Dans ce système politique on observe une hiérarchisation d’instance autonomes caractérisés par de fort lien de dépendances d’homme à homme.

Ainsi en parlant de « fait notoire et admis et proclamé de tous… » il y’a la une référence à une reconnaissance établit et acté la supériorité des rois dans le royaume de France. La relation interdépendante laisse donc la place à un système de hiérarchie ou en haut de la pyramide siège le roi.

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