Commentaire de texte Lettre XXX des Lettres Persanes
Commentaire de texte : Commentaire de texte Lettre XXX des Lettres Persanes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar sasso2902 • 21 Septembre 2020 • Commentaire de texte • 1 139 Mots (5 Pages) • 813 Vues
I. La théâtralité du passage | ||
a) La dramatisation > verbes de mouvement : « j’arrivai », « je sortais ». > les temps choisis : - passé simple : met en relief les moments importants : « j’arrivai », « cela me fit résoudre ». - relayé par des imparfaits de répétition : les actions sont démultipliées «Si je sortais [...], tout le monde se mettait…», « si j’étais aux Tuileries [...], je voyais... », « si j’étais aux spectacles [...], je voyais... ». > narrateur, qui se met lui-même en scène :donne au discours le ton d’une confidence. - Expression de la subjectivité : P1 omniprésent. - Expression des sentiments : « j’entrai tout à coup dans un néant affreux » (adj axiologique) | b) L’intensité dramatique > Expression de la subjectivité > Adverbes intensifs : « tant », « si » (« si curieux et si rare ») > Répétition de « toutes » > Hyperbole : « comme si j’avais été envoyé du ciel » > Accumulation : « vieillards, hommes, femmes, enfants » > Chiffres hyperboliques : effet de démultiplication (« mille couleurs », « cent lorgnettes »). | c) La théâtralisation Des éléments propres au théâtre : > Le décor est planté dès le début : Paris, les Tuileries ; > Caractère visuel du récit « un arc-en-ciel nuancé de mille couleurs » > Les costumes (des Parisiennes / de Rica) : élément clé de l'intrigue (Rica change de costume comme un acteur). - Les discours rapportés au style direct - Action organisée autour d’une intrigue simple avec péripétie : « j’entrai tout à coup dans un néant affreux ». |
II. Un récit fondé sur des renversements | ||
a) Une structure en diptyque[1] Le passage s’organise en deux parties de dimension équivalente et qui se font écho : > Des expressions sont reprises : - le premier discours direct (« Il faut avouer qu’il a l’air bien persan ») est repris à la fin du texte (« Ah ! ah ! monsieur est Persan ? C’est une chose bien extraordinaire ! Comment peut-on être Persan ? ») ; - le terme «admirable», énoncé à la forme exclamative à la fin du premier paragraphe, revient à la fin de la lettre. > Certaines expressions sont également reprises mais sous la forme d’une inversion : « envoyé du ciel » / «dans un néant affreux» (réf : paradis / l’enfer) : souligne le renversement de statut subit par Rica. > Commentaire du narrateur qui opère la transition entre le 1er et le 2ème moment : mise à distance de l’action par la réflexion (verbes de pensée) : « je ne me croyais pas... », « cela me fit résoudre ». | b) Le changement du regard > Antithèses : - Changement de statut pour Rica - Attitude contradictoire des Parisiens > Ce changement se manifeste par le thème du regard, chez l’un et l’autre parti : - « je fus regardé » : passif (objet du regard) - « me voir » : COD (objet du regard) - « lorgnettes dressées contre ma figure » : violence d'un regard subi (sémantisme du verbe + prép qui marque l'opposition + « figure » > atteinte physique). - Verbe « voir » omniprésent (« voir », , « vu », « ne m’avoir pas assez vu ») + jeu sur le vocabulaire : « chose admirable ![2] » - Jeu de miroir des regards : Rica se voit à travers le regard des Parisiens (« je me voyais », « je me vis » : à la fois sujet et objet). - Dramaturge de la saynète, Rica est aussi spectateur et son expérience est visuelle : « pour voir » (but). - Lorsque Rica tombe en disgrâce, il est privé de ce regard (négation « sans qu’on m’eût regardé » ). > Jeu sur la réciprocité du regard. « Curiosité » des Parisiens // étonnement du narrateur : chacun est étranger pour l'autre. | c) L’étrangeté > Réciprocité : Pour les Parisiens, Rica est « curieux » // Pour Rica : «extravagance» des Parisiens. - syllepse de sens : « Les habitants de Paris sont d’une curiosité » (sujets et objets). > Mais Parisiens attachés à l’apparence // Rica décrit un comportement (récit de voyage : décrit les mœurs). > Leur comportement est marqué par l’excès > Les Parisiens sont déshumanisés car on individualisés : Masse indistincte. - Même lorsqu'il y a une prise de parole, le locuteur est pluriel : « des gens » (indéfini). - Pronom personnel indéfini : « on » > Ce sont les Parisiens qui deviennent donc ces Autres que décrit le récit de voyage ; c’est sur eux que porte le jugement. |
III. L’exercice de la satire | ||
a) Le jeu du miroir : la caricature des Parisiens > Insistance sur le comportement avec les imparfaits de répétition qui donnent un aspect mécanique à ce comportement ; > Exagération : hyperboles / intensifs > Rica appelle, en miroir, à l'ironie : « Je souriais quelquefois d’entendre » > Ironie : ex/ « Chose admirable ! » > caractérisation des Parisiens : « des gens qui n’étaient presque jamais sortis de leur chambre » : ironie de l'adv « presque », qui atténue (semble un gage de neutralité) alors que le propos est hyperbolique (« chambre » : espace très restreint). | b) La mise en scène de la superficialité > « extravagance » des Parisiens : critique explicite prise en charge par Rica + confirmée par le récit. > Soudaineté des changements : - adv de temps (« aussitôt » x3, «en un instant », « tout à coup »). > Rythme de la phrase : « Si je sortais, tout le monde se mettait aux fenêtres ; si j’étais aux Tuileries, je voyais aussitôt un cercle se former autour de moi ». > Ironie : Culpabilité du « tailleur » > On ne sait pas tout de suite le motif de curiosité (mot « habit » seulement dans la deuxième moitié du texte). > Le résultat de l'expérience est retardé avec des > Théâtralité du récit // Paris est un théâtre, la société se donne en spectacle, et le regard sur l’Autre est conditionné par son costume. | c) Le regard sur l’Autre > Question finale : double sens : - illogisme : étroitesse d'esprit et ethnocentrisme. - mais aussi une interrogation de l’auteur sur l’identité culturelle. > « Libre de tous les ornements étrangers » : ici « libre » a aussi sa valeur forte : Pour les Parisiens, Rica est l’« étranger » ; or cette étrangeté enferme le Persan qui, en quittant l’habit qui le distingue, devient « libre ». > Montesquieu met en évidence, c’est que l’étrangeté n’est en somme qu’une affaire d’« habit », d’apparence : en le quittant, Rica redevient un homme « apprécié au plus juste », dit-il avec ironie. |
...