Commentaire de texte Lettre XXX, Montesquieu

Commentaire de texte :

        Les Lettres Persanes, dont provient la Lettre XXX, est un roman épistolaire du XVIIIe siècle écrit par Montesquieu. Celui-ci est un philosophe et écrivain français des lumières, issu d’une famille de magistrat. Il a, pendant de nombreuses années, fréquenté les salons parisiens. Son roman épistolaire Lettres Persanes relate la correspondance entre des voyageurs ayant quitté la Perse pour découvrir l’occident et leurs proches, restés au pays. Plus précisément ici, la lettre XXX fait part de l’arrivée de Rica à Paris et nous montre le choc des cultures. En quoi l’omniprésence du regard dans cette lettre permet une critique de la société parisienne ? Dans une première partie nous parlerons de la satire de l’Occident puis dans une seconde partie nous étudierons la critique de Montesquieu par le regard.

        On voit dans cette lettre que la société est fondée sur le culte de l’apparence. Le champ lexical du regard avec « vu », « regardé », « admirable », « pour voir » sature le texte et nous indique que seule l’apparence compte. L’auteur dénonce une forme de superficialité des parisiens. La phrase « mon tailleur qui m’avait fait perdre en un instant l’attention et l’estime publique » souligne que la considération de l’Homme se fonde seulement sur le paraitre et non sur le mérite pour les parisiens. Paris en tant que capitale de la France représente le pays. Montesquieu en choisissant les « habitants de Paris » dans sa lettre élargit donc la critique. En effet, il ne critique pas seulement les parisiens mais aussi toute la société de l’époque : « tout le monde », « les femmes », « des gens », « on ». La formule « voir s’il restait encore dans ma physionomie quelque chose d’admirable » montre que Rica attend une évaluation de lui-même qui reste encore sur l’apparence, le paraitre. La question finale « Comment peut-on être Persan ? » donne une forme de moralité à ce récit qui oblige le lecteur à se questionner. Dans le texte, le fait d’être persan peut être perçu comme un phénomène de mode « tous voulaient me voir ». Ce récit offre donc aux lecteurs une critique de la frivolité des parisiens à s’attacher à des choses futiles et sans importance.

On constate que dans cette lettre, Montesquieu dénonce la satire de la société parisienne de l’époque, sans oublier de décrire le caractère ethnocentrique de cette population, soit le fait de penser que sa civilisation est supérieure à celle des autres, d’avoir un esprit fermé. On voit dans le texte que Rica est isolé par rapport aux autres avec « tout le monde …. Aux fenêtres » mais aussi avec la gradation « je voyais aussitôt un cercle se former autour de moi », « cent lorgnettes contre ma figure » qui met en avant un étouffement progressif de Rica. Les parisiens se ruent autour de lui sans chercher à le comprendre. Une fois que Rica quitte son costume persan, on constate que les parisiens deviennent indifférents : « je demeurais quelquefois une heure dans une compagnie sans qu’on m’eût regardé, sans qu’on m’eût mis en occasion d’ouvrir la bouche ». Cela traduit donc une opposition dans les relations sociales et montre à Rica que les parisiens ne s’intéressent à rien d’autre qu’à eux-mêmes. Mais le paradoxe « des gens qui n’étaient presque jamais sortis de leur chambre ; qui disaient entre eux : il faut avouer qu’il a l’air bien persan » met en évidence les préjugés qu’ont les parisiens envers les étrangers. Cela traduit l’ignorance des parisiens qui, dès qu’ils voient un étranger, se précipitent vers lui pour considérer cet homme « curieux et rare », mais aussi leur manque d’ouverture puisque pour eux, toute différence est perçue comme quelque chose de surnaturel « envoyé du ciel ». Les hyperboles « une curiosité qui va jusqu’à l’extravagance » et « troubler le repos d’une grande ville » renforce cette idée.

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