Jean-Luc Lagarce : Juste la Fin du Monde

Juste la fin du monde

Auteur : Jean-Luc La garce (1957-1995) est un dramaturge et metteur en scène du XXe s, il a un théâtre proche de Unesco et Beckett. Ses thèmes de prédilection sont la disparition et la famille. Il fonde la compagnie de théâtre de La Roulotte. En 1988, il apprend qu’il est séropositif au virus du SIDA, cette maladie va inspirer et influencer son écriture de JLFDM bien qu’il ne souhaitait pas écrire sur le sida. Son succès, relatif de son vivant, va surtout se révéler après sa mort : avec de nombreuses représentation et mise en scène de la pièce mais surtout avec le film de Xavier Dolan en 2016 « Juste La Fin du Monde ». Ce film va donner une réelle médiatisation à la pièce qui est de nos jours un classique du théâtre du 20e siècle.

L’oeuvre : Titre alternatifs « Les Adieux » ou « Quelques éclaircies », finalement c’est Juste la Fin du Monde qui est retenu, le titre se base sur la figure de style de l’aphérèse qui consiste à supprimer les premiers éléments d’un mot ou d’une phrase pour donner au langage une valeur d’oralité. Autres figures de style très utilisées par JLL qui marque l’oralité et l’hésitation:

- l’aposiopèse, laisser la phrase en suspens, faisant entendre la réticence du personnage à terminer son propos

- l’épanorthose, reformuler un propos jugé trop faible en ajoutant une expression plus forte ou qui la précise

- polyptote, la répétition de plusieurs termes de même racine, ou d’un même verbe sous différentes formes.

Les personnages : Louis, Antoine, Suzanne, La Mère, Catherine

Le parcours : crise personnelle, crise familiale

Les grands thèmes de la pièce :

• Une famille en crise :

On trouve différentes crises personnelles dans la pièce, d’abord celle de Louis qui sait qu’il va mourir incessamment sous peu, « l’année d’après ». Mais à l’inverse du bouleversement que pourrait apporter cette nouvelle, le personnage est calme et posé, et souhaite l’annoncer à sa famille de cette manière. Cette crise est en quelque sorte déjà passée. L’annonce en elle-même est aussi l’objet d’une crise, puisque pendant toute la pièce, Louis cherchera comment dire sa mort et repartira finalement sans avoir parlé. → cf crise du langage, cri dans l’épilogue

Sa sœur Suzanne traverse aussi une crise, elle est déçue par Louis qui l’abandonné en quittant la maison, tout en l’admirant pour ça, et très en colère contre Antoine. Elle voudrait partir, quitter le domicile familiale pour mener sa propre vie et se sent coincée dans cette famille. On pourrait penser que le départ de Louis lui interdit de déserter la maison, comme si, par sa présence auprès de la Mère, elle cherchait à compenser l’absence de son frère.

Antoine incarne parfaitement la crise personnelle dans la pièce, il est habité d’un malaise profond ( manque de frapper son frère, pleure ). Tout l’oppose à son frère ( Louis = intellectuel, solitaire qui a quitté le pays ; Antoine = ouvrier, resté au pays qui a fondé une famille ). Depuis le départ de son aîné, il se sent comme l’unique protecteur de la famille (→ cela explique son comportement agressif à l’égard de Suzanne et de la Mère ). Il se sent inférieur à son frère et il a peur de ne pas être à la hauteur face à lui (« Tout n’est pas exceptionnel dans ta vie / dans ta petite vie / c’est une petite vie aussi, je ne dois pas avoir peur de ça »). Sa rancune et sa rancœur contre Louis montent crescendo toute au long de la pièce ( → « Tu me touches, je te tue »).

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