Dissertation sur le monopole de la science
Fiche : Dissertation sur le monopole de la science. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Clemi._ • 7 Novembre 2020 • Fiche • 8 294 Mots (34 Pages) • 597 Vues
La raison et le réel (l'épistémologie)
Introduction.
S'il est évident que la raison est l'instrument de la connaissance, nous devons nous interroger sur les possibilités et les limites de cet instrument, en particulier dans le domaine du savoir scientifique.
L'épistémologie est la discipline qui analyse ce domaine. Elle cherche à comprendre la nature du savoir scientifique, ses méthodes et ses limites. Son enjeu majeur est de juger de la nature de la vérité scientifique et de son objectivité.
Donc le premier problème est : comment les sciences parviennent-elles à élaborer des méthodes qui garantissent l'objectivité de leurs résultats? La vérité scientifique est-elle définitive ou provisoire, absolue ou relative?
D'autre part, il semble de bon sens de penser que connaître, c'est regarder et comprendre ce qui existe hors de nous, et qui est « donné » à notre esprit au sens où il le reçoit de l'extérieur. Le réel désignerait donc cette réalité extérieure qu'il s'agirait de percevoir et d'analyser. Ainsi, on définit traditionnellement la vérité comme l'accord entre l'intellect et la chose, entre ce que mon intelligence affirme et la réalité des faits, donc entre la raison et le réel.
Cependant, ce que nous nommons la réalité, est-ce seulement ce qui est donné ? Le réel de la science n'est-il pas plutôt construit que donné ? Quel est alors le rôle de la raison dans cette constitution du réel ? Comment la vérité scientifique est-elle construite ?
Cela pose alors le problème du statut des théories scientifiques: si les théories scientifiques sont des « créations libres de l'esprit humain », comme l'affirme Einstein, comment permettent-elles d'expliquer la réalité?
I- Les différentes sciences et leurs méthodes.
Il n'existe pas une science, mais des sciences. Cette pluralité provient de leur différence d'objets et de méthodes. En effet, toute science étudie un domaine particulier de la réalité (son objet), et doit donc adopter une méthode adaptée à cet objet.
On distinguera donc :
- les sciences de la nature, ou sciences expérimentales puisque leur objet est donné dans l'expérience et qu'elles soumettent les théories à des procédures de vérification expérimentale (méthode expérimentale). On se demande alors ce que doivent les théories à l'expérience et dans quelle mesure cette dernière en permet la vérification.
On doit noter le cas à part de la biologie. Du fait du caractère complexe du vivant, sa connaissance pose des problèmes épistémologiques spécifiques, mais aussi des problèmes éthiques. Dans quelle mesure la spécificité du vivant peut-elle remettre en cause la scientificité de sa connaissance ?
- Les mathématiques, sciences des nombres, des formes géométriques et des relations que l'on peut établir entre eux.
L'objet mathématique est idéel, càd qu'il n'existe qu'en idée, et n'a pas besoin d'exister dans la nature pour que cette science soit possible. La démonstration du géomètre, par exemple, ne porte pas sur la figure particulière qu'il peut avoir sous les yeux, mais sur une réalité purement intelligible, qui n'existe que par la définition qui en est donnée : le cercle, objet géométrique, n'est pas ce cercle particulier dessiné au tableau.
La méthode utilisée par le mathématicien est la démonstration. Celle-ci consiste à conclure d'une proposition à une autre proposition qui en est la conséquence nécessaire : on fait alors une déduction. Le raisonnement mathématique aboutit donc, par une démonstration nécessaire, à une vérité nécessaire (il ne peut en être autrement) et universelle (valable pour tous les esprits qui s'y appliquent).
La force de la démonstration consiste donc à entraîner par sa logique propre, sans appui extérieur, l'adhésion rationnelle de ceux qui la suivent. Elle paraît donc être le modèle de toute connaissance qui devra viser la même nécessité. La démonstration n'a-t-elle pas cependant des limites ?
- Les sciences humaines qui étudient l'homme sous un aspect déterminé (par exemple, l'histoire étudie les actions passées, la sociologie les comportements sociaux, la psychologie les faits psychiques...).
Leur particularité réside dans l'identité de nature entre l'observateur et l'observé. Dans ce cas, sont-elles un cas particulier des sciences expérimentales dans la mesure où on pourrait y appliquer leur méthode ? Il semble que non. En effet, elles ont affaire à des hommes, et elles doivent rendre compte de leurs comportements, qui renvoient à des motifs, des intentions.
Les hommes n'agissent pas seulement comme des mécaniques poussées par des causes, ils agissent pour des raisons, ils donnent sens à leurs actes. Les sciences humaines ne doivent donc pas seulement expliquer les comportements humains, mais surtout les comprendre, càd en mettre à jour le sens. Elle élaborent donc une interprétation de l'homme.
II- Les sciences de la nature et la méthode expérimentale.
Les sciences de la nature cherchent à connaître les lois auxquelles sont soumis les phénomènes naturels. Une loi de la nature est l'expression sous forme mathématique des rapports constants qui existent entre les phénomènes, ainsi les sciences de la nature reposent sur la représentation de la nature comme d'un immense mécanisme soumis au déterminisme. La connaissance de ces lois permet la prévision des phénomènes. (cf. le cours sur la technique).
La connaissance scientifique peut être gênée ou retardée par certaines attitudes spontanées de l'esprit, et pas seulement par la difficulté intrinsèque des choses. Ainsi la recherche de l'objectivité de la connaissance scientifique passe par la remise en causes des obstacles à sa constitution, que l'on nomme les obstacles épistémologiques.
1) Les obstacles épistémologiques.
- Un premier obstacle est la confiance dans les sens. Si l'on se fie à ce que l'on perçoit immédiatement, c'est le soleil qui tourne autour de la terre, et non l'inverse, et la terre ne tourne pas sur elle-même. La perception sensible indique la manière dont les choses nous affectent, notre rapport à elles, mais pas la véritable nature de ces choses. Ainsi, lorsque nous disons que le marbre est froid, cette froideur ne lui appartient pas, mais indique seulement la manière dont notre corps est affecté par lui, à savoir que le marbre est à une température inférieure à la notre.
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