Pourquoi faut-il lire Lambeaux de Charles Juliet ?
Étude de cas : Pourquoi faut-il lire Lambeaux de Charles Juliet ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hdeuxgsp • 3 Mai 2022 • Étude de cas • 674 Mots (3 Pages) • 422 Vues
Pourquoi faut-il lire Lambeaux de Charles Juliet ?
(diapo3) Outre les quelques renseignements figurant dans l’édition Folio, Lambeaux nous fournit un certains nombres d’informations complémentaires, puisque la seconde partie du livre est autobiographique. Charles Juliet naît en 1934 dans l’Ain, il est le 4° enfant d’une famille paysanne. Un mois après sa naissance, suite à une dépression et une tentative de suicide, sa mère est enfermée dans un hôpital psychiatrique, jusqu’à sa mort à 38 ans. L’enfant est alors placé dans une famille adoptive voisine. À 7 ans, il apprend le même jour l’existence et la mort de sa mère biologique. A 23 ans, il renonce à ses études pour se consacrer à l’écriture d’un journal qu’il va tenir pendant des décennies : (diapo4) Puis poésie, nouvelle, théâtre, il travaille 15 ans avant de voir paraître Fragments en 1973.
En 1989, L’Année de l’éveil lui permet d’aborder la forme du récit à travers son histoire personnelle, en l’occurrence son expérience à l’école militaire et sa jeune vie d’adulte. C’est ce récit et plus tard Lambeaux (1995) qui le font connaître du grand public.
La plus grande partie du récit fait appel à l’imaginaire et à la subjectivité de l’écrivain qui réalise une sorte de fusion : il met en parallèle de mode de vie de sa mère naturelle, inconnue, et celui observé chez sa mère adoptive.
Charles Juliet, choisit une énonciation originale, avec le pronom «tu» ainsi que l’emploi du présent qui donne à la biographie le ton d’une «lettre ouverte» adressée à cette mère disparue. Le récit prend vie, le personnage s’anime ainsi sous les yeux du lecteur, l’effet de vérité se trouve renforcé.
Il est utile de lire, le «prologue» dont les dernières lignes posent l’objectif de Juliet : «Te ressusciter. Te recréer. Te dire au fil des ans et des hivers avec cette lumière qui te portait, mais qui un jour, pour ton malheur et le mien, s’est déchirée». Si, en effet, le verbe «ressusciter» traduit un désir de faire renaître l’autre disparu à l’identique, le verbe «recréer» laisse une place au travail de fiction exercé sur un personnage. Enfin, cette phrase marque le lien entre la mère et le fils, en évoquant sa propre vie, qui l’éclairera de ce «malheur» initial.
(diapo5) L’œuvre comporte deux parties distinctes, qui présente un personnage. La première partie, qui raconte la vie de la mère, est en fait, une reconstruction de cette mère, dont il a appris l’existence qu’à l’âge de sept ans, une véritable recherche pour la «recréer». La seconde partie évoque sa propre vie, de l’enfance aux côtés de sa mère adoptive, elle montre son propre travail de reconstruction par l’écriture, afin de se donner une identité, de donner à un sens à sa vie. La séparation de l’œuvre en deux parties correspond aussi à la déchirure fondamentale
(diapo6) Dès l’incipit, on découvre ce contexte qui explique la vie des deux mères.
Il s’agit d’une vie quotidienne accablante: toutes deux illustrent parfaitement la condition féminine de l’entre-deux-guerres et de l’immédiat après-guerre, avec un travail incessant: pour l’une, sa vie n’est que «le travail, le travail» sans «aucun répit». Et pour l’autre sa vie est «écrasée de travail», «Elle ne cesse de travailler», «elle a eu un surcroît de travail». Pas de temps pour soi, ni pour rêver…
(diapo7) L’œuvre met en scène une femme réelle qui, se transforme en héroïne par la voix que lui prête l’écrivain où il la tutoie. Il tente de pénétrer la conscience de son personnage, en s’identifiant à elle. Il dépasse ainsi le réel, c’est lui qui fait «naître» cette mère inconnue. Mais Lambeaux est également le portrait d’un écrivain qui, trouve son identité en se transformant en personnage, dans ce dialogue entre la vie consciente, et la vie inconsciente, de cette mère perdue: en la ramenant à la conscience, il donne sens à sa vie. Lambeaux ne présente pas de réelle intrigue, mais, sans noms, sans dates, l’œuvre n’est ni une simple biographie, ni vraiment une autobiographie. C’est le roman de deux consciences qui s’entrecroisent, dont le lecteur suit l’itinéraire.
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