Le nouveau Japon : la consolidation des nouvelles bases et l’amorce d’un nouvel élan (1880-1889)
Cours : Le nouveau Japon : la consolidation des nouvelles bases et l’amorce d’un nouvel élan (1880-1889). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nono123k • 26 Septembre 2021 • Cours • 17 120 Mots (69 Pages) • 378 Vues
HISTOIRE S4
Mr Roy - Inalco L2 japonais, 2019-2020
Cours 2 — Le nouveau Japon : la consolidation des nouvelles bases et l’amorce d’un nouvel élan (1880-1889) :
INTRODUCTION :
A) Construire un nouvel état
B) L’essor économique, le nouveau mode de production capitaliste
I) LA NOUVELLE DONNE ÉCONOMIQUE:
A) Une politique d’austérité guidée par l’utopie libérale et ses graves conséquences : le peuple et l’économie victimes (1881-85)
* Les privatisations
* La « déflflation Matsukata »
* Plus de dépenses militaires…
* L’écrasement du peuple paysan
* Pour un recul économique général
B) La poursuite d’une politique économique forte et « le boom des
entreprises » (1886-89)
* De nouvelles grandes fifilatures de coton
* L’essor pérenne du secteur séricicole (la soie)
* La fifièvre du rail
* La navigation : de la voile à la vapeur
* Le secteur minier
* Le commerce extérieur
I) LA NOUVELLE DONNE SOCIO-POLITIQUE :
A) Au plan international : embrasser l’Europe, se départir de l’Asie
* « Se départir de l’Asie »… ?
* Situation générale : « the scramble », l’ultime vague colonisatrice
* La question coréenne
B) Au plan intérieur
* Au sein du gouvernement
* Les Mouvements pour la Liberté et les droits du peuple (jiyû minken undô)
* La Constitution
C) Les développements culturels
* L’essor de l’enseignement supérieur privé
* L’essor continu de la presse
* Le développement des sciences
27.01
Introduction :
A) Construire un nouvel état :
C’est par les assemblées départementales que vont s’immiscer de nouveaux personnages dans les nouvelles structures politiques du nouveau Japon, signe de la révolution qui se déroule. Ces nouveaux personnages sont les marchands, shônin, expression marquée par les structures précédentes dites féodales (classes sociales), lesquelles volent en éclats au début de la décennie, et les marchands vont pouvoir se hisser vers le pouvoir politique. Cette ascension se fait d’abord au sein de ces assemblées départementales, qui n’ont pas un pouvoir de décision important au début, mais qui vont représenter un contre-pouvoir via le débat, car elles représentent les activités populaires. Ce sont des lieux de débats importants, qui vont structurer la pensée et la dynamique politique par en bas. Elles font pression sur la nouvelle structure étatique. Ces assemblées vont avoir comme adversaires les préfets nommés par le gouvernement, qui vont devoir composer avec ces contre-pouvoirs régionaux, locaux. Tout doit être redéfini. Il y a alors un droit de vote censitaire, qui se base sur l’imposition fiscale (taxes foncières, chiso)des personnes susceptibles d’être électeurs ou éligibles : il y a donc une sélection sociale, qui offre un strapontin pour les marchands, puissants par l’argent, et auparavant exclus de tout poste politique.
L’organisation territoriale au niveau international : le gouvernement occupe la grande île du Nord, qui devient Hokkaidô, dotée d’un organisme de rang ministériel (kaitakushi) : la mission de développement/mise en valeur de Hokkaidô. Cet organisme existe pendant plus de la 1ère décennie avant d’être réformé. La première décennie est marquée par le règne d’un personnage fort, Kuroga ?? A partir de 1874 il devient le directeur de la mission, dirigeant l’oeuvre d’exploitation et d’investissement de tout l’espace. Il a comme responsabilité notamment d’écarter les velléités d’expansion russe, et la population passe de 60 à 70 mille personnes. La question des marges au nord du pays, au-delà de Hokkaidô est fixée avec la Russie par un traité en 1875, lorsque le Japon renonce à son droit sur l’île de Sakhaline, en échange du contrôle de toutes les kouriles. L’autre marge extrême au sud, les îles des Ryûkyû, deviennent la principauté d’Okinawa en 1872, un han, structure archaïque pourtant abolie. Okinawa est transformée en ken, département, en 1879. Une décennie est donc nécessaire pour fixer durablement cette marge du sud.
Cette nouvelle organisation étatique va nécessiter une nouvelle structure financière pour pourvoir à ses dépenses, et les premiers temps sont délicats. Sur les 2/3 premières années, on a recours à des expédients, des emprunts auprès des grandes maisons marchandes d’Ôsaka et Kyôto, sous l’emprise impériale dès la bataille de Toshimi. Parmi les maisons marchandes, on retrouve la maison des Mitsui, une maison très ancienne de Kyôto qui s’est développée avec des relations plus ou moins forcées avec le shogunat, et qui va servir le nouveau régime dès ses débuts en 1868. Elle va survivre aux chamboulements de la première décennie, puis elle va se diversifier pour enfin devenir l’un des plus puissants groupes capitalistes japonais, les zaibatsu. L’importance de cette maison marchande se remarque dès le nouveau régime : elle constitue un modèle marchand transformé en zaibatsu. Le gouvernement met ensuite à contribution ce capital marchand.
L’émission d’une monnaie papier gouvernementale non convertible en métal permet de payer les expédients, mais elle constitue aussi un problème à terme puisqu’il faudra se débarrasser de cette monnaie. Le billet monétaire est bien utilisé à grande échelle, ce qui participe à mouvement d’inflation sensible, et constitue un facteur de mécontentement social potentiel sur ces années là, d’autant plus que le nouvel Etat central, qui au tout début ne contrôlait qu’une partie du pays mais en contrôle la totalité à partir de 1869, pourra lui endosser la responsabilité des ardoises laissées par les pouvoirs seigneuriaux auxquels il se substitue. Avec l’abolition de la structure seigneuriale, remplacée par les départements, va forcer le nouvel état central à endosser une bonne partie des crédits de ces seigneuries, qui pèsent ensuite sur l’état, le poussent à s’endetter et à adopter les paiements en monnaie non convertible. Le yen est créé en 1871 mais se retrouve dès 1872 changé pour l’or. Ces expédients pour la monnaie ne sont pas inépuisables, il faut alors établir des ressources saines pour le nouvel état, cela va être fait une nouvelle fois en continuité avec les pratiques précédentes : à savoir, taxer le secteur agricole, mais non plus en se fondant nominalement sur le montant de production des villages (kokudaka), mais les gens, les propriétaires vont être taxés. En échange d’une propriété ils doivent payer à l’administration tous les ans non plus un montant fixé en nature mais en monnaie un équivalent de 3% de la valeur estimée de leur terrain. Le nouveau système établi est une révolution.
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