Le genre de la nouvelle et la nouvelle réaliste

A. La nouvelle : un genre littéraire

1) Tu vas découvrir de façon progressive la nouvelle « Lucien » de Claude Bourgeyx car celle-ci a été morcelée en plusieurs morceaux.

Extrait 1

Lucien était douillettement recroquevillé sur lui-même. C'était sa position favorite. Il ne s'était jamais senti aussi détendu, heureux de vivre. Son corps était au repos, léger, aérien. Il se sentait flotter. Pourtant, il n'avait absorbé aucune drogue pour accéder à cette sorte de béatitude. Lucien était calme et serein naturellement; bien dans sa peau. Un bonheur égoïste, somme toute.

Comment imagines-tu Lucien ? Dessine-le ou décris-le en quelques mots.

Quelle(s) sensation(s) Lucien éprouve-t-il ?

Sensation de bien-être -> voc mélioratif, champ lexical du bonheur : « détendu », « heureux de vivre », « béatitude », « calme », « serein », « bien dans sa peau »…

Extrait 2

La nuit même, le malheureux fut réveillé par des douleurs épouvantables. Il était pris dans un étau, broyé par les mâchoires féroces de quelque fléau. Quel était le mal qui lui fondait dessus? Et pourquoi sur lui plutôt que sur un autre? Quelle punition lui était donc infligée? « C'est la fin» se dit-il.

Il s'abandonna à la souffrance en fermant les yeux, incapable de résister à ce flot qui le

submergeait, l'entraînant loin des rivages familiers. Il n'avait plus la force de bouger. Un carcan l'emprisonnait de la tête aux pieds. Il se sentait emporté vers un territoire inconnu qui l'effrayait déjà. Il crut entendre une musique abyssale. Sa résistance faiblissait. Le néant l'attirait.

Un sentiment de solitude l'envahit. Il était seul dans son épreuve. Personne pour l'aider.

Il devait franchir le passage en solitaire. Pas moyen de faire autrement. « C'est la fin », se répéta-t-il.

Quelle(s) sensation(s) Lucien éprouve-t-il ?

Sensation de mal-être -> voc péjoratif, champ lexical du malheur : « malheureux », « douleurs épouvantables », « le mal », « punition », « solitude »…

Extrait 3

La douleur finit par être si forte qu'il faillit perdre la raison. Et puis soudain, ce fut comme si les mains de Dieu l'écartelaient. Une lumière intense l'aveugla. Ses poumons s'embrasèrent. Il poussa un cri.

En le tirant par les pieds, la sage-femme s'exclama d'une voix tonitruante: « C'est un garçon! ».

Lucien était né.

Relis le récit et donne un titre à chacune des trois parties.

1ère partie : le développement du bébé dans le ventre de la maman

2ème partie : le déclenchement des contractions

3ème partie : la venue au monde

Quels sont les indices qui auraient pu te mettre la puce à l’oreille ?

Le narrateur refuse l’hypothèse que ce bien-être serait dû à quelque drogue

Usage de métaphores soulignant la souffrance de l’enfant lors de l’accouchement : « pris dans un étau », « broyé par les mâchoires féroces de quelque fléau », « ce flot qui le submergeait », « un carcan l’emprisonnait de la tête aux pieds »

« il devait franchir le passage en solitaire » fait référence à l’accouchement proprement dit où le bébé franchit le col

« un feu embrasa ses poumons » fait référence à la 1ère respiration du bébé

« le cri » est celui du bébé poussé à sa naissance

Le territoire inconnu est l’extérieur

La position favorite est la position fœtale : il se sentait flotter dans le liquide amniotique

C’est à partir du mot « sage-femme » que l’on comprend la chute. Un changement de point de vue a été nécessaire pour introduire la chute. Le point de vue intérieur de Lucien (qui ignorait ce qui était en train de lui arriver) a été remplacé par le point de vue extérieur.

Lucien vient du latin « lux » qui signifie « lumière », mot évoqué à la fin de la nouvelle.

Comment qualifie-t-on ce genre de fin ? Pourquoi ?

On parle de chute car il s’agit d’une fin surprenante, qui crée un effet de surprise qui invite le lecteur à une relecture et à une réinterprétation du texte. Toute la narration est construite en fonction de ce coup de théâtre final, préparé tout au long du récit.

2) Lis cette courte nouvelle et compare-la avec « Lucien ».

Une Italienne

Je suis fou d’elle. Sa ligne est exceptionnelle. Dès que je la vois, elle me fait sourire et met de bonne humeur. Elle compte beaucoup pour moi, c’est l’amour de ma vie, mon bébé.

J’adore la bichonner, lui offrir des accessoires. Sortir avec elle me donne des frissons. Je ne l’abandonnerai pour rien au monde. Quand j’ai passé une mauvaise journée, je la regarde, je passe du temps avec elle et cela me fait du bien. Quand je veux partir en voyage, je pars toujours avec elle. À mes yeux, elle n’a pas de prix.

Ma femme me reproche souvent ma passion pour ma Ferrari.

En identifiant les points communs entre les deux textes, tente de dégager les caractéristiques du genre de la nouvelle.

Récit bref

Intrigue simple

Se lit vite

Pas beaucoup de personnages

Se termine sur une chute

…

3) Afin de compléter ta réponse, lis l’article rédigé par René Godenne et identifie les caractéristiques

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