Jacques le Fataliste, Diderot

JACQUES LE FATALISTE, Diderot

AUTEUR : Denis Diderot (1713-1784). Fils d’un artisan prospère, il devient un des membres les plus en vue du mouvement de l’Illustration. Après avoir écrit deux médiocres drames sentimentaux « Le fils naturel » (1757) et « Le père de famille » (1758), lesquels prouvant sa foi en la viabilité dramatique des thèmes domestiques de la bourgeoisie, il développe un empirisme scientifique capable de stimuler en lui une pensée originale. Ainsi, ses « Pensées sur l’interprétation de la nature » (1754) anticipent les idées de Darwin sur l’évolution de la nature et l’origine de la vie. En 1746, il assume ce qui deviendra un engagement éditorial de vingt années envers l’Encyclopédie. Vers la fin de sa vie, il explore les complexités de la relation entre la psychologie et la morale avec des œuvres comme « Le neveu de Rameau » (1761) et « Jacques le Fataliste » (1773).

RÉSUMÉ : Le récit des aventures de Jacques et de son maître sont encadrées par un narrateur très présent. L’intrigue se constitue au départ sur le voyage pour « affaires » de Jacques et son maître. Le Maître vient d’apprendre que Jacques a déjà connu des amours et donc pour faire passer le temps, il en veut le récit. Mais tout au long du roman, Jacques est interrompu par le maître, le narrateur, des événements extérieurs ou d’autres récits qui viennent s’ajouter. La fin du récit nous offre trois alternatives possibles pour Jacques ce qui nous laisse dans un doute. Le narrateur nous affirme ne pas connaitre la suite des amours de Jacques. On peut y voir une manière pour Diderot de préciser une nouvelle fois que son œuvre n’est pas un roman.

ENJEUX : Le roman est en réalité constitué d’une discussion philosophique entre Jacques et son maître. Ils échangent sur un fond de moral, écoutent les histoires, les expériences des personnages qu’ils rencontrent au cours de leur voyage, et expriment leurs avis sur ce qu’ils entendent. On montre un tout autre aspect de la fonction de valet, qui est ici bien plus qu’un simple serviteur. Les rapports de domination sont toujours présents mais la relation que Le Maître entretient avec son valet est très humanisée. Diderot remet en question des mœurs qui ne semblent plus d’actualité et qui ont donc besoin de renouvellement. Rappelons qu’il écrit ce roman une quinzaine d’années seulement avant la Révolution française et que cela est déjà un témoignage et la manifestation d’un besoin de renouveau philosophique, culturel, social et politique.

JACQUES : Il est le valet et le compagnon de voyage du maître. Il n’est pas décrit comme un simple valet et montre une présence essentielle dans le roman. Il est un élément moteur car nous suivons le récit de ses amours et devons attendre la fin pour en connaître l’issue. Il n’est pas commun et parle beaucoup pour un valet. Il est même parfois pris à philosopher ce qui semble encore plus extravagant. Il entretient une relation particulière avec son maître comme si l’un ne pouvait exister sans l’autre. Il y’a effectivement un rapport de domination entre les deux qui est rappelé de manière ponctuelle, mais Jacques se rebelle quelques fois et les deux personnages semblent être très proches. On apprend qu’il a eu beaucoup de maîtres avant le moment de l’histoire, avec

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