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Introduction aux notions philosophiques

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Par   •  7 Novembre 2022  •  Cours  •  5 964 Mots (24 Pages)  •  333 Vues

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LES GRANDES NOTIONS PHILOSOPHIQUES – CM COMPLET

Dans ce cours, on va tenter d’établir les relations entre langage et pensée, entre langage et connaissance, entre langage et vérité.

Bibliographie :

  • Sophocle, Œdipe-Roi
  • Platon, Gratyle (sur la justesse des noms)
  • Aristote, De l’interprétation (surtout chapitre 1)
  • Aristote, Métaphysique (E4 et thêta 10)
  • Descartes, Discours de la méthode (partie 4)
  • Nietzsche, Vérité et mensonge au sens extra-moral

Introduction générale

« Tous les moyens de l’esprit sont enfermés dans le langage ; et qui n’a point réfléchi sur le langage n’a point réfléchi du tout » (Alain, Propos sur l’éducation)

Selon Alain, pour réfléchir de façon claire et rigoureuse, on a besoin de la langue, de mettre des mots sur nos idées : quand on réfléchit sans aucune langue, ce n’est pas là que les choses sont les plus claires. La réflexion est conditionnée alors par notre langue, nos manières de nous exprimer. Pour réfléchir pleinement, il serait bon d’avoir pris le temps de réfléchir sur les conditions de notre réflexion : langue, mots qui guident la manière dont on pense.

Le langage, la langue en tant que condition de notre pensée doivent être réfléchie si on veut avoir pleinement conscience de ce que l’on pense. La langue n’est alors pas extérieure à la pensée. Louis Lavelle disait dans La parole et l’écriture : « la langue n’est pas seulement le vêtement de la pensée mais elle est le corps même de la pensée ». Sans elle, la pensée ne serait pas une pensée véritable.

INTRODUCTION

A/ Analyses conceptuelles

On va s’intéresser à différents concepts : distinction langage/langue/parole suivi de trois points sur la notion d’écriture, la notion de pensée et la notion de vérité.

Distinction entre langage, langue et parole

Dans le langage commun, on a tendance à utiliser langage et langue comme des synonymes. Cependant, dans un contexte de réflexion linguistique, les notions sont différentes. La distinction se fait entre le langage (avec un article déterminé) et la notion de langue. Un langage est évidemment un synonyme de langue. En revanche, il a un sens différent. On l’entend comme une capacité, un pouvoir, une puissance de faire usage de signes pour s’exprimer ; une capacité qui peut ne pas être actualisée dans le cadre d’une langue déterminée. Le langage désigne alors la capacité de l’homme de faire usage de signes pour s’exprimer. Cette notion de langage peut demeurer purement virtuelle et abstraite.

Tandis que la langue est la condition de l’actualisation de cette capacité, de cette virtualité du langage. Pour que la capacité de langage s’opère, il faut la mettre en pratique par la langue. Une langue est donc un ensemble de signes conventionnels et de règles conventionnelles qui ordonnent l’usage de ce signe et qui permettent l’expression de la pensée.  Une langue implique un ensemble de mots – le lexique ; et de règles – la grammaire. L’ordre de la langue permet l’expression de la pensée. Le terme « conventionnel » désigne quelque chose sur quoi les hommes se sont mis d’accord. En outre, sur ce qui résulte d’un accord commun. La signification de ces signes n’a rien de naturel : elle est conventionnelle (opposition naturel/conventionnel).

Il existe différents signes et l’on va maintenant voir quelles sont leurs natures ? Le signe sert à établir une relation entre ce que l’on voit et l’expérience associée. Un signe est un être qui a pour spécificité d’être double : le signe est à la fois la chose qu’il est et l’indice de quelque chose d’autre que lui-même. Jakobson dira : « ce qui caractérise le signe c’est qu’il a une fonction de renvoi » (il nous renvoi quelque chose d’autre que lui-même). Il existe différents types de signes : les signes conventionnels et les signes naturels. Or, les signes linguistiques sont conventionnels.

La parole est la notion la plus concrète et la plus individuelle, singulière. La parole correspond à l’acte individuel par lequel un ou des hommes font usage d’une langue donnée. En allant de la notion de langage (universelle et abstraite) vers celle de la parole (individuelle et concrète), on comprend que la parole est conditionnée par la langue et le langage à travers l’usage de signes pour parler. Il y a une relation de condition à conditionné. Pour que la parole advienne, il faut un apprentissage primitif (chez l’enfant). Mais cette relation langue/parole n’est pas univoque. La parole n’est-elle pas la condition de la langue ? N’a-t-elle pas des effets sur la linguistique ? Il peut y avoir des évolutions : nouvelles expressions, mots nouveaux, mots anciens qui disparaissent.

On comprend que la parole fait vivre la langue et qu’il y a une sorte de dualité, une relation réciproque : la parole est conditionnée par la langue mais elle peut réciproquement faire évoluer la langue. Ferdinand de Saussure dira dans Le cours de linguistique générale : « la langue est tout à la fois l’instrument et le produit de la parole. » Il dit aussi : « en séparant la langue de la parole, on sépare du même coup : premièrement ce qui est sociable de ce qui est individuel ; deuxièmement ce qui est essentiel de ce qui est accessoire et plus ou moins accidentel. La langue n’est pas une fonction du sujet parlant, elle est le produit que l’individu enregistre, elle ne suppose jamais de préméditation et la réflexion n’y intervient que pour l’activité de classement. La parole au contraire est un acte individuel de volonté et d’intelligence. » Ici, Saussure reprend l’idée de classement entre les notions de langage (universel), langue (générale, sociale) et parole (singulier, individuel). L’objet dans études linguistique, ce n’est pas la parole qui est contingente et accidentelle mais bien la langue. Pour lui, il n’y a pas de préméditation dans notre rapport à la langue : on la reçoit, et on tente d’imiter le langage des autres. J’enregistre passivement la langue telle qu’elle se pratique autour de moi. Il n’y a d’ailleurs pas de réflexion sur la langue sauf lors de l’activité de classement. Il n’y alors que principe de liberté dans la parole car je décide quels mots je vais employer et quelles idées je veux exprimer. Mais, je ne m’exprime pas que de manière orale, je le fais aussi à l’écrit.

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