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Cours sur le langage

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Par   •  30 Décembre 2021  •  Cours  •  2 931 Mots (12 Pages)  •  348 Vues

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Chapitre  2[pic 1][pic 2]

Introduction [pic 3]

« Le philosophe est l’homme qui s’éveille et qui parle et l’homme contient silencieusement en lui les paradoxes de la philosophie. » Merleau-Ponty.

Langage/Langue/Parole : Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, 1916.

1) Le langage est la faculté spécifiquement humaine de parler une langue, l’aptitude universelle de l’homme à apprendre une langue. C’est l’habilité langagière ou la faculté symbolique.

« Il n’existe pas un seul être humain qui ait insuffisamment de jugeotte pour apprendre à parler. » Gadamer.

« Le langage représente la forme la plus haute d’une faculté qui est inhérente à la condition humaine, la faculté de symboliser. Entendons par là, très largement, la faculté de représenter le réel par un « signe » et de comprendre le « signe » comme représentant le réel, donc d’établir un rapport de « signification » entre quelque chose et quelque chose d’autre. » (Benveniste, Problèmes de linguistique générale, 1966)

             Le langage peut aussi désigner « tout système de signes pouvant servir de moyen de communication », qu’il s’agisse de signes linguistiques ou non-linguistiques (le langage du corps, le « langage » animal, le langage mathématique).

2) Une langue est « un système de signes linguistiques », les langues naturelles (par opposition aux langages artificiels) sont au nombre d’environ 5000.

Une langue est un moyen de communication propre à une communauté culturelle particulière, c’est une institution sociale impersonnelle qui véhicule les significations et les valeurs d’une culture, qui est le dépôt d’une histoire, d’une mémoire collective. Elle fait contrainte pour tous les membres du groupe et doit être apprise, c’est un système de conventions, un code.

3) La parole est l’acte individuel de mise en œuvre de la langue, le versant individuel de la langue entendue comme code, système de conventions linguistiques propre à un groupe humain particulier. 

La parole est le versant subjectif et concret (intonation, accent, débit, présence du corps, niveau de langue…) de la langue comme réalité objective, c’est la mise en œuvre à chaque fois singulière par un sujet parlant d’un code impersonnel partagé par une communauté linguistique.

C’est en apprenant une langue particulière que l’homme actualise sa faculté du langage et se met à parler.

I / Les apports de la linguistique.[pic 4]

a) La différence entre le langage humain et la communication animale.

Texte de Benveniste : l’animal réagit à des signaux, l’homme comprend des symboles. Le signal déclenche une réaction automatique conformément à la structure stimulus-réponse qui est soit un réflexe inné (instinctif), soit un réflexe conditionné (acquis). La communication animale repose sur un code héréditaire de signaux qui ne requiert pas d’apprentissage, elle est liée à l’immédiat et est relative aux besoins vitaux, le contenu des messages est rigide et il n’y a pas de variation individuelle. L’homme comprend des symboles dont le sens est social et appris, qu’il se représente et interprète et auxquels il répond librement indépendamment de tout contrôle par les stimuli. Le langage humain est détaché du vital, il a le pouvoir d’évoquer ce qui est absent et peut produire et comprendre un nombre infini de phrases nouvelles, l’utilisation du langage est novatrice, potentiellement infinie.

b) L’accès au langage chez l’enfant.

L’accès au langage chez l’enfant constitue une seconde naissance et réitère le mystère de l’origine du langage chez l’homme, il s’effectue à partir de 18 mois pour peu qu’on lui parle et qu’on parle autour de lui, l’enfant se met à parler sans volonté didactique expresse de son entourage, il manifeste une avidité de mots et s’empare spontanément du bain de langage présent autour de lui. Si la faculté symbolique comme capacité à signifier au moyen de signes autre chose qu’eux-mêmes prend toute son ampleur avec la conduite verbale, elle se manifeste déjà par d’autres conduites symboliques avant l’apprentissage de la langue : conduite d’imitation, jeu, dessin, images mentales. L’accès au langage opère un décrochage par rapport à la réalité concrète, un détachement de l’immédiat par la capacité d’évoquer le passé, le futur, ce qui n’est pas actuellement présent et donne accès à la représentation mentale. Ainsi en apprenant la langue qui est déjà toute élaborée socialement et contient d’avance un ensemble d’instruments cognitifs au service de la pensée, l’enfant opère un saut qualitatif dans son développement, en développant une intelligence non plus seulement pratique et des situations mais discursive et représentative. Cette dernière « suppose un matériel qu’il n’appartient pas à chacun d’inventer à son propre usage à mesure que ses progrès intellectuels le permettraient ou l’exigeraient » (Henri Wallon, De l’acte à la pensée). La langue est un objet de transmission sociale qui possède déjà un ensemble de catégories de pensée constitutives d’un héritage culturel.

c) La langue est un système de différences.

La linguistique définit la langue comme un système de signes linguistiques, qui est un système de différences où le sens et le son de chaque signe ne se constitue que par différenciation d’avec d’autres sons et sens. Un signe linguistique comporte une partie matérielle (le signifiant) et une partie conceptuelle (le signifié) qui sont dans un rapport arbitraire ou un lien conventionnel entre elles. Les langues humaines comportent en outre une double articulation, elles s’analysent en monèmes, les plus petites unités significatives, et en phonèmes, les plus petites unités non significatives ou sons fondamentaux au nombre de 30 à 50 par langue à partir desquels se composent les monèmes. La langue est ainsi un système fini d’unités sonores qui en se combinant conformément à un ordre syntaxique permettent de former une infinité d’énoncés qui ouvrent à une infinité de sens. C’est un potentiel infini.

d) Les fonctions du langage.

Georges Mounin dans Clefs pour la linguistique dénombre 7 fonctions du langage : la fonction de communication, la fonction d’expression, la fonction appellative, la fonction d’élaboration de la pensée, la fonction esthétique, la fonction métalinguistique et la fonction phatique.

La linguistique étudie ainsi le langage comme un objet spécifique, voire comme un système autonome, mais tout un ensemble de questions philosophiques fondamentales sur le langage se trouvent exclues de la linguistique : le rapport du langage à la réalité, à la pensée, à l’action. Nous vivons dans un rapport immédiat et évident au langage, tandis que le langage est la médiation par laquelle nous sommes en relation avec la réalité, le monde, les autres, nous-mêmes, et notre pensée.

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