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Est-on Tous égaux Face à La délinquance ?

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Par   •  21 Janvier 2014  •  1 780 Mots (8 Pages)  •  1 342 Vues

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« Liberté, Egalité, Fraternité ». Si cette devise donne les fondements de la République française, elle peut étonnamment être adaptée à une étude de la délinquance. On constate en effet que le phénomène délinquant peut être analysé sous l’angle de chacun de ces 3 principes directeurs.

Tout d’abord, sur le plan de la liberté, l’individu est libre d’accomplir un acte délinquant. En effet, nul ne conteste aujourd’hui l’existence du libre arbitre dans l’accomplissement de l’acte délinquant ou criminel. S’agissant de la fraternité, il n’est pas compliqué d’imaginer l’atteinte que lui porte la délinquance, un climat de méfiance étant instauré et affaiblissant la cohésion sociale. C’est sur la question de l’égalité que l’analyse va s’avérer plus intéressante, quoique plus complexe, nous amenant ainsi à étudier la délinquance sous l’angle de l’égalité entre les acteurs qui la mettent en scène.

La délinquance renvoie à l’ensemble des infractions commises, considérées sur le plan social. Il va donc s’agir plus généralement de toute violation d’un interdit légal.

La statistique criminelle permet de déterminer les caractéristiques de la délinquance et de dégager une tendance quant à son évolution. Les statistiques en France sont élaborées par des organismes sérieux, à même de constater la criminalité. Néanmoins, elles ne sont pas le reflet exact de la criminalité et de tout temps les criminologues ont mis au jour les failles des statistiques criminelles. Malgré cette lacune quant à l’exactitude des chiffres fournis, les indicateurs sont aujourd’hui assez évolués pour donner une tendance fiable du phénomène délinquant et nous permettre d’identifier quelles en sont les auteurs et les victimes.

La notion d’égalité, pour l’être humain, pose le principe selon lequel les hommes doivent être traités de la même manière, avec la même dignité ; qu’ils disposent des mêmes droits, des mêmes chances et soient soumis aux mêmes devoirs. Il va donc s’agir de faire abstraction de toute distinction quant au sexe, à l’âge … La question de l’applicabilité de cette définition au phénomène délinquant reste néanmoins en suspens.

Est-on tous soumis à la même probabilité d’accomplir ou de subir un acte délinquant ? La réponse à cette question va nous emmener à étudier si nous sommes tous, ou non, égaux face à ce choix d’accomplir un acte délinquant (I) ; et s’il y a, ou non, une typologie des victimes d’actes délinquants qui se dégage des statistiques criminelles (II).

I. Un choix dans l’accomplissement d’un acte délinquant ?

Les statistiques criminelles font état d’une véritable inégalité de fait quant aux caractéristiques des auteurs d’infractions (A), pouvant s’expliquer par une analyse criminologique de la délinquance (B).

A) Le constat statistique d’une inégalité manifeste

Si on se fie aux statistiques le criminel est nécessairement un jeune homme entre 18 et 40 ans, peu instruit, issu d’un milieu socioéconomique faible, et étranger.

Dans toutes les statistiques criminelles, les hommes occupent toujours une place de choix. En 2008, ils représentaient en effet 96,4% de la population carcérale française, alors que 50% de la population française globale était composée de femmes. Cette inégalité manifeste s’explique par des facteurs psychologiques et sociaux. Si près de 99% des agresseurs sexuels sont des hommes, ce constat s’explique par le fait que les hommes agressifs auraient un taux élevé de testostérone qui serait lié avec des pulsions sexuelles fortes et un manque de tolérance à la frustration.

Près de 40% des condamnés ont moins de 30 ans alors même que cette tranche d’âge représente 10% de la population française. Près de 2/5 des condamnés chez les hommes et chez les femmes ont moins de 25 ans. Si l’âge du 1er acte de délinquance n’a pas changé, l’âge de sortie de la délinquance a reculé : on est passé de 17 ans à 21 ans. Cela s’explique par le fait qu’aujourd’hui, les enfants sont dépendants de leurs parents plus longtemps. C’est souvent au moment où on gagne sa vie que l’on commence à prendre son indépendance.

On constate par ailleurs un lien entre instruction et criminalité. Certains criminologues ont même tenté d’établir des corrélations entre le degré d’instruction et la forme de criminalité. En 2007, l’administration pénitentiaire a mené une enquête dans 166 prisons qui a montré que 1,5% des détenus n’a jamais été scolarisé, 3% ne parlent pas français, 5% le parlent de manière rudimentaire, 49% sont sans diplôme (même pas le brevet), 75% n’ont pas le niveau CAP. La grande majorité des détenus étaient en grand échec scolaire dans leur enfance. La grande majorité des infracteurs était issue d’un milieu pauvre ou très pauvre. Parmi la population carcérale, une grande partie des auteurs étaient au chômage ou sans activité professionnelle (ou dans une situation instable). Pour ceux qui avaient un travail, on note beaucoup d’ouvriers, de manutentionnaires ou de personnels de service.

Les statistiques criminelles ont également mis en avant la surreprésentation des étrangers dans la délinquance : ils constituent en effet 20% des personnes mises en cause par les services de gendarmerie et 13% des condamnés par les tribunaux répressifs. Près de 20% de la population carcérale ne sont pas des nationaux. Cela s’explique notamment par le fait que certains délits ne peuvent être commis que par des étrangers (ex : séjour irrégulier). La précarité des étrangers – principalement ceux en situation irrégulière – est également un facteur de délinquance, ceux qui ne trouvent pas de travail pouvant être amenés à recourir au délit pour survivre. Enfin, on note également que les étrangers retiennent plus l’attention de la police et des tribunaux : ils sont beaucoup plus contrôlés et, à infraction égale, ils sont plus sévèrement condamnés.

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