Le personnage de roman doit-il être nécessairement un héros ?
Dissertation : Le personnage de roman doit-il être nécessairement un héros ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lulumoyit • 12 Juin 2022 • Dissertation • 1 745 Mots (7 Pages) • 426 Vues
Né au Moyen-âge, le roman est une œuvre narrative d’abord écrite en vers narrant des exploits d’hommes valeureux et légendaires. Cette œuvre fictionnelle désormais en prose présente le destin d’un personnage principal, de ses passions, sa psychologie et ses aventures. La notion de personnage de roman a subi une grande évolution au fil des siècles, car ce genre reflète avant tout une vision du monde qui diffère selon les auteurs, les époques et les mentalités. Si dès l’Antiquité le personnage est conçu comme un héros et un être hors-du-commun, l’émergence du héros moderne imparfait et de l’anti-héros invite à revoir les caractéristiques du personnage de roman. Ainsi, le personnage de roman doit-il nécessairement être un héros ? Nous verrons d’abord que le personnage de roman doit être un idéal qui fait rêver le lecteur. Puis, nous constaterons qu’il existe des personnages de roman bien plus humains et ordinaires. Enfin nous analyserons que l’intérêt de ces personnages réside dans leur représentation de la complexité de l’homme.
Le personnage de roman est avant tout un héros admirable qui fait rêver le lecteur.
Le héros se dégage de l’ordinaire et suscite une grande admiration par ses qualités physiques et morales extraordinaires. L’imaginaire collectif associe souvent le héros à des valeurs laudatives tel que la beauté, la force physique ou la jeunesse. Durant l’Antiquité le personnage de roman est conçu comme un héros, un être hors du commun. Il furent à l’origine dans la mythologie gréco-latine le produit l’union d’un dieu ou d’une déesse avec un être humain. Ainsi, dans l’Odyssée d’Homère, Ulysse est un héros dit « supérieur » qui intègre des valeurs familiales fortes dans sa détermination à retourner près des siens sur l’île d’Ithaque, traversant au péril de sa vie, maints épisodes étonnants : cyclope, sirènes, naufrages, tentations charnelles. Ce dernier représente la vaillance et la fidélité. Ces aventures merveilleuses continue de faire vibrer petit et grands lecteurs et, à défaut de pouvoir les égaler, chacun rêve de les imiter. Le personnage de roman héroïque doit donc se distinguer du commun et de la banalité afin de nourrir les rêves du lecteur.
Ensuite, ce parcours héroïque peut devenir un parcours moral pour lecteur, c’est-à-dire qu’il intègre ce héros comme un véritable exemple à suivre. Le héros devient donc admirable notamment par ses qualités et les valeurs morales positives qu’il transmet. C’est le cas dans le roman éponyme La princesse de Clèves de Madame de Lafayette. Cette dernière tombe amoureuse du duc de Nemours, mais leur amour est illégitime puisqu'elle est mariée. Elle réussit finalement à lutter contre la tentation de l’adultère et se résolue de ne jamais céder à ses passions. Elle se montre également capable de poser un regard critique sur elle-même. Sa vertu exceptionnelle est digne d’admiration pour le lecteur. Le héros est donc aussi un modèle d’exemplarité qui inspire et élève le lecteur.
Pour finir, le héros est nécessaire pour cristalliser des émotions intenses chez le lecteur.
La construction de ses personnages et leurs aventures et péripéties entraînent le lecteur dans une histoire captivante. Ainsi le genre épistolaire invite à connaître les états-d ‘âmes, les changements d’humeurs et même l’intimité la plus profonde des personnages, captivant davantage le lecteur. Dans Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos (1782), la marquise de Merteuil est une femme à la personnalité hors du commun : elle sait diriger, manipuler et lutte contre une société dont elle dénigre les valeurs. Le secret et la dissimulation oblige le lecteur à un travail d’interprétation et de curiosité . De plus, cette héroïne emblématique offre aux lecteurs des moments d’évasions qui lui vaudra même le surnom de « Tartuffe femelle » par Baudelaire. Le charisme de certains héros et de leurs destinées fascine alors le lecteur.
Pourtant, ils existent bel et bien des personnages de roman célèbres qui ne sont pas des héros.
Le personnage de roman n’a guère besoin d’être un héros aux caractéristiques exceptionnelles et surhumaines pour être apprécié. Il peut tout à fait être ordinaire. Cela permet au lecteur de s’identifier beaucoup plus facilement à eux et cela favorise l’empathie. Par exemple, dans La Chartreuse de Parme de Stendhal, Fabrice del Dongo est un héros passif aux qualités peu héroïques. Dans le Rouge et le Noir, Julien Sorel apparaît d’abord comme un jeune homme fragile, maladroit et ridicule en société. Son milieu social peut également être jugé banal dans le début du roman, il est issu d’une famille modeste, et d’un père charpentier et rejeté de sa famille. Pourtant, ces défauts instaure une certaine proximité avec le lecteur qui s’identifie aux imperfections du personnage. Le personnage de roman n’est donc plus un héros au sens mythologique, mais une figure plus normale, qui reflète davantage son lecteur. Il peut même être médiocre voir ridicule.
L’archétype sociétal de Julien est parfaitement réaliste puisqu’il est typique
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