Faut-il légaliser le cannabis en France ?

DISSERATION CANNABIS

SUJET / “Faut-il légaliser le cannabis en France ?”

“L’herbe c’est la guérison d’une nation, alors que l’alcool est la destruction”. Voilà une citation du célèbre chanteur de reggae jamaïquain Bob Marley très adepte de la consommation de cannabis à des fins récréatives. En France, le débat divise et la question de la légalisation de cette substance est très clivante. Tout d’abord, il est nécessaire de définir ce que nous entendons comme “cannabis”. Le cannabis est une plante également appelée “chanvre” quand sa concentration en THC (tétrahydrocannabinol) est inferieur a 0,2%. Ce taux correspond d’ailleurs en France a la limite légale de concentration de ce principe actif dans la plante responsable des effets psychotropes du cannabis. Nous nous intéresserons ici bien au cannabis et non au chanvre qui est déjà légalisé pour la grande majorité des espèces en France à des fins cosmétiques ou thérapeutiques. La consommation de cannabis peut être variée mais il est principalement utilisé en le fumant sous forme de hashish en procédant à une extraction de la résine des fleurs femelles puis en la mélangeant a d’autres composés comme le tabac. Comme dit précédemment, cette substance a des effets psychotropes qui agissent directement sur le système nerveux central en altérant les facultés cognitives, psychiques et motrices du consommateur. Notons cependant que ces effets peuvent varier en intensité en fonction de la personne, de son poids, de son âge ou encore de la dose inhalée. De plus, nous nous intéresserons ici à une légalisation du cannabis qui induit de fait que l’usage, la détention et l’accès à cette substance serait autorisé par les dispositions du droit positif Français. Il ne sera donc pas ici question de dépénalisation ou de contraventionnalisation. Cette légalisation doit être abordée sous le prisme des bénéfices et des risques qu’elle induirait sur les personnes et sur la société.

Historiquement, la loi qui prohibe le cannabis en France a été promulguée le 31 décembre 1970 et inflige aux contrevenants une peine maximale d’un an de prison et 3.500 euros d’amende, avec inscription au casier judiciaire. Cette disposition législative s’inscrit dans une volonté de contenir la mouvance de mai 1968 et ces revendications comme le “il est interdit d’interdire” qui ne faisait que renforcer l’attrait pour la population envers le cannabis. En effet, c’est à cette période que les autorités ont constaté une forte augmentation de la prise de cette drogue liée au mouvement hippie et qu’elles ont réellement pris conscience de la dangerosité de cette substance sur la santé.

Plus actuellement, le débat de la légalisation du cannabis est au centre de la campagne présidentielle. Il est aisé d’observer que les candidats plutôt classés à gauche sont généralement en faveur de cette légalisation comme Jean-Luc Mélenchon ou Phillipe Poutou en s’appuyant sur l’argument économique et social qui voudrait qu'une légalisation rapporte de l’argent à l’état et supprime les trafics. A l’inverse, les candidats de droite comme Éric Zemmour ou Valérie Pécresse sont plutôt hostiles à une nouvelle législation brandissant les méfaits sur la santé de ce produit et rappelant l’importance de lutter contre le trafic de drogue.

Même si le débat fait rage en France, de nombreux pays étrangers a déjà passé le cap de la légalisation du cannabis pour tout usage. C'est notamment le cas du Canada depuis le 17 octobre 2018 ou encore de certains états aux Etats-Unis. En Europe, la question divise et de grandes disparités de législation entre les pays demeurent. Le cannabis est par exemple totalement légal au Portugal depuis 2000 alors qu’il est seulement autorisé à des fins thérapeutiques au Royaume-Uni. En France, il est prohibé par l’article R.5132-89 du Code de la santé publique.

Toutes ces observations mettent en lumière la question de la pertinence de la légalisation du cannabis dans notre pays. Nous étudierons en deux parties dans ce devoir pourquoi la légalisation de ce produit serait néfaste autant d’un point de vue individuel que collectif. Dans un premier temps, nous placerons le curseur de notre étude sur les individues au cas par cas et nous verrons que cette substance comporte de nombreux risques sur la santé aussi bien physique que psychique (I). Puis, dans un second temps, nous élargirons notre vision du sujet pour l’aborder sous l’angle de la société dans son ensemble en traitant des problèmes de criminalité et de santé publique.

I / Une substance responsable d’atteintes à la santé des personnes.

Dans cette première partie, nous étudierons les effets néfastes du cannabis sur la santé des personnes d’un point de vue physique (A) et d’un point de vue psychique (B).

1. Un produit dégradant la santé physique des consommateurs.

Avant toute chose, il est important de savoir que le cannabis est de loin la drogue illicite la plus consommée en France selon un rapport de l’Observatoire des drogues et des toxicomanies de 2005. Il est donc parfaitement légitime de s’interroger sur les effets que la consommation de ce stupéfiant induit sur la santé physique. De nombreuses études ont pu démontrer plusieurs répercussions sur la santé physique des personnes. Premièrement, des effets sur le court terme sont observés comme une accélération du rythme cardiaque, une diminution de la salivation qui entraine une sècheresse buccale ou encore la dilatation des vaisseaux sanguins qui provoque le phénomène de rougeur des yeux caractéristique de la prise de cannabis. Si ces effets immédiats peuvent paraitres presque bénins, ils ne sont en réalité que la face émergée de l’iceberg dans le sens ou des effets a plus long terme en découlent et son beaucoup plus problématiques. De nombreuses études scientifiques s’accordent à dire que la consommation régulière de cannabis occasionne de nombreuses pathologies des voies respiratoires. La première que nous pouvons citer est le cancer du poumon, en effet, fumer un joint de cannabis équivaut à environ 7-8 cigarettes d’un seul coup et le mélange de tabac avec du hashish est un cocktail particulièrement dangereux et malheureusement très plébiscité par les consommateurs débutants. Viennent ensuite des problèmes cardio-vasculaires issus de l’accélération du pouls évoquée précédemment. Cela peut se traduire par des crises cardiaques plus fréquentes voir même des accidents accident vasculaires cérébraux entrainants le plus souvent des handicaps à vie ou la mort de la victime. Enfin, le cannabis provoque des troubles cognitifs qui altèrent les facultés motrices des consommateurs. Il perturbe le fonctionnement de la rétine, en ralentissant la réponse des cellules à la lumière de 10 % (soit 10 millisecondes) par rapport aux non-fumeurs ce qui à première vue peut paraitre anodin mais qui en réalité se révèle dramatique dans des domaines nécessitant une forte réactivité comme la conduite.

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