Entre la bonté et l'inhumanité, n'y aurait-il pas de voie médiane pour le personnage tragique ?
Dissertation : Entre la bonté et l'inhumanité, n'y aurait-il pas de voie médiane pour le personnage tragique ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar sorenkrr • 4 Novembre 2020 • Dissertation • 1 724 Mots (7 Pages) • 435 Vues
Sujet de dissertation :
Dans son essai Le Théâtre d'hier à aujourd'hui, Pierre-Jean von Andre écrit : « Il n'y a pas de
modération dans la tragédie : tout y est poussé à l'extrême, la moindre émotion devenant une passion
destructrice, et le spectateur ne peut ressentir que de l'effroi face à une Phèdre inhumaine se vautrant
dans l'inceste le plus criminel ». Vous discuterez cette affirmation dans un développement structuré.
Votre travail prendra appui sur la pièce de Racine, celle de Shakespeare, les textes et documents que
vous avez étudiés en classe dans le cadre de la séquence « La tragédie de l'amour », et votre culture
personnelle.
Analyse du sujet :
/!\ La dissertation est un exercice qui doit montrer au correcteur que vous vous êtes approprié l'œuvre
au programme et avez développé une réflexion personnelle.
Ce sujet vous invitait à vous interroger sur l'essence de la tragédie, qui représenterait un théâtre de
l'excès d'après Pierre-Jean von Andre ; il devait, plus précisément, vous pousser à questionner d'une
part l'objet personnage tragique dans ses rapports avec la passion (notamment amoureuse) et d'autre
part le sujet spectateur et sa réaction à l'intrigue tragique. Selon Pierre-Jean von Andre, la tragédie ne
représente que des émotions exacerbées et négatives, qui susciteraient une réaction de rejet de la part du
spectateur. L'auteur de l'essai Le Théâtre d'hier à aujourd'hui en veut pour exemple le personnage
éponyme de Phèdre, qu'il dépeint comme un monstre « se vautrant » (c'est-à-dire « se jetant avec
complaisance ») dans l'inceste. Mais l'héroïne tragique est-elle aussi « inhumaine » que veut le faire
croire Pierre-Jean von Andre ? L'intérêt de votre travail est de montrer que le personnage de la tragédie
est infiniment plus complexe et nuancé que l'être diabolique que décrit le critique. En somme, il semble
bien que la formulation de Pierre-Jean von Andre soit quelque peu… excessive. Il vous appartenait de
la nuancer, si possible dans un plan dialectique.
/!\ Il était impératif d'utiliser des exemples extraits de Phèdre dans chacune de vos deux (ou trois)
parties et sous-parties de développement. Vous pouviez aussi citer Roméo et Juliette, de manière plus
fragmentaire. De plus, il est impératif d'exposer clairement une thèse justifiée par un argument au début
de chaque sous-partie. Thèse et argument sont détachés de l'œuvre au programme et fournissent une
réflexion générale sur le genre que vous commentez (roman, théâtre, poésie) : ce n'est qu'à partir de
l'exemple que vous pouvez citer l'œuvre.
Éléments de corrigé1
:
« Émilie et César, l’un et l’autre me gêne:/ L’un me semble trop bon, l’autre trop inhumaine » :
c'est ainsi que s'exprime le héros éponyme de la pièce Cinna de Corneille (1641). Hésitant entre
l'amour et la fidélité envers son monarque, le personnage de la tragi-comédie se retrouve pris dans un
dilemme entre l' « inhumaine » Émilie d'un côté et le « bon » Auguste de l'autre. Ainsi, ces deux
personnages allégorisent deux notions opposées ; et la passion amoureuse qui anime Cinna est
présentée comme destructrice, puisqu'elle le pousse, en écoutant Émilie, à assassiner l'Empereur. Mais
entre la bonté et l'inhumanité, n'y aurait-il pas de voie médiane pour le personnage tragique ?
Développant une réflexion sur ces problématiques appliquées à la tragédie dans son essai Le Théâtre
d'hier à aujourd'hui, Pierre-Jean von Andre en arrive aux conclusions suivantes : « Il n'y a pas de
modération dans la tragédie : tout y est poussé à l'extrême, la moindre émotion devenant une passion
destructrice, et le spectateur ne peut ressentir que de l'effroi face à une Phèdre inhumaine se vautrant
dans l'inceste le plus criminel ». Le critique voit dans la tragédie la forme théâtrale la plus apte à
dépeindre des passions et des personnages extrêmes, comme en atteste sa rhétorique hyperbolique
1 Vous trouverez ci-dessous une introduction rédigée, des exemples de problématiques proposées par vos camarades ainsi
que quelques idées pour l'élaboration d'un plan dialectique.
Évaluation de fin de séquence
(« extrême », « effroi », « inhumaine ») et superlative (« le plus criminel »). Il explique dans un premier
temps que « la moindre émotion [y] dev[ient] une passion destructrice », référant sans doute à
l'étymologie du mot passion (à entendre ici comme « expression intense des émotions ») : pati signifie
en effet souffrir en latin. Pierre-Jean von Andre s'intéresse ensuite aux émotions que la tragédie suscite
chez le spectateur, et ses conclusions sont sensiblement les mêmes : le spectateur n'aurait pour lui
d'autre choix (d'où la négation
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