Bel-Ami / Maupassant

Dissertation Bel-Ami

        Le mouvement littéraire du réalisme, apparu vers 1850, tire ses origines d’une révolution artistique. Il s’oppose en effet au sentimentalisme romantique en montrant le plus fidèlement possible la réalité. Il dépeint tous ses aspects, même s’ils sont vulgaires ou immoraux, et parlent le plus souvent des classes moyennes de la société. Le roman Bel-Ami de Maupassant fait partie de ce mouvement littéraire. Dans le roman éponyme de Guy de Maupassant, le personnage de Bel-Ami, est-il considéré comme un héros ? Le personnage de Georges Duroy se rapproche-t-il plus de l’image d’un héros ou correspond-t-il, au contraire, à celle d’un anti-héros ?Après avoir analysé les aspects héroïques de Bel-Ami, nous verrons qu’il peut aussi être considéré comme un anti-héros sur certains points.

        Dans cette première partie, nous allons voir certains des aspects héroïques du personnage de Georges Duroy. Maupassant a, en effet, doté son personnage d’une grande quantité de traits caractéristiques de ceux d’un héros.

        Tout d’abord, Georges Duroy est le personnage principal. Dans la plupart des histoires héroïques, le personnage principal est un héros, ou en devient un au fur et à mesure que l’histoire se poursuit. Le nom de Georges Duroy ou son surnom Bel-Ami, est certainement le plus prononcé dans ce récit. C’est d’ailleurs de le tout premier prénom cité au commencement de l’histoire : « Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce, Georges Duroy sortit du restaurant. »

Le personnage principal d’une œuvre est le plus souvent désigné comme un  héros, c’est ici bel et bien l’histoire de Georges Duroy que nous suivons. Nous allons le voir s’épanouir et gravir peu à peu les échelons de la société.

        Ensuite, Bel-Ami, porte en son surnom une de ces qualité principale, sa beauté. Il est aimé de tous, toutes les femmes le trouvent beau et charmant, d’une prostituée à la fille d’un riche directeur de journal. Les héros des récits sont souvent des personnes qui se remarquent de part leur beauté et leurs exploits. Georges Duroy arrive à séduire n’importe qui, toutes les femmes l’aiment, d’abord Rachel, prostituée qu’il rencontre aux folies bergères : « C’est ton ami qui me séduit. C’est vraiment un joli garçon. Je crois qu’il me ferait faire des folies. ». Cette femme va directement tomber sous son charme et va l’accepter même s’il n’a pas l’argent requis pour passer la nuit avec elle. Il est finalement au bras de Suzanne Walter, fille de Mr Walter, directeur du journal la vie française. Elle tombe éperdument amoureuse de lui, allant jusqu’à fuir de chez elle pour l’épouser en rejetant l’autorité parentale: « Il hésitait, la regardant de côté : -M’aimez-vous assez pour commettre une folie ?  Elle répondit absolument :-Oui.  -Une grande folie ?  -Oui.  -La plus grande des folies ?   -Oui.  -Aurez-vous assez de courage pour braver votre père et votre mère ?  -Oui. ». Nous avons bien un personnage apprécié de tous et aimé de toutes, répondant là encore aux caractéristiques d’un héros.

        De plus, Georges Duroy se bat pour défendre sa fierté et celle du journal. En effet, un journal concurrent, La Plume, ne cessait de critiquer les articles de Georges Duroy, celui-ci n’a donc  pas le choix : il doit se battre en duel avec Louis Langremont, rédacteur de ces critiques. Il est d’abord effrayé, puis finit par se ressaisir, se rend à l’endroit désigné et tire. Les deux duellistes s’en sortent indemnes, ayant tiré chacun à côté de leur cible respective : « C’est fini ! Il fallut lui enlever son arme qu’il tenait toujours serrée dans sa main. Il lui semblait maintenant qu’il se serait battu contre l’univers entier. […] Le père Walter l’embrassa : -Bravo, bravo, vous avez défendu le drapeau de La Vie Française, bravo ! ». Nous avons bien ici un héros. Il est d’abord effrayé à l’idée d’un combat mais surmonte sa peur et tire. Il s’en sort finalement et est béni par tout le monde, lui même fier d’avoir réussi et prêt à recommencer. Il arrive à dominer sa peur immense et à triompher de cette épreuve que la vie a mise devant lui.

        Enfin, Georges Duroy connaît une ascension exceptionnelle. L’histoire commence, le personnage est un simple ouvrier, inconnu de tous et qui n’a pas un sou en poche : « Il avançait brutalement dans la rue pleine de monde, heurtant les épaules, poussant les gens, pour ne point se déranger de sa route », « il lui restait juste en poche trois francs quarante pour finir le mois ». Bel-Ami marche dans la rue, personne ne prête attention à lui, et il manque cruellement d’argent. A la fin du livre, il est rédacteur du journal La Vie Française : « La Vie Française annonça que le baron Du Roy de Cantel devenait son rédacteur en chef », célèbre : « Lorsqu’il parvint sur le seuil, il aperçut la foule amassée, une foule noire, bruissante, venue là pour lui, pour lui Georges Duroy. Le peuple de Paris le contemplait et l’enviait. », riche :Il leur avait envoyé cinq mille franc en héritant de Vaudrec. Il allait maintenant leur en envoyer cinquante mille […] .»et prochainement député : Il découvrit là-bas, derrière la place de la Concorde, la Chambre des députés. Et il lui sembla qu’il allait faire un bond du portique de la Madeleine au portique du Palais-Bourbon. ». Il y a un contraste immense entre ces deux moments de l’intrigue. A la fin, Georges n’est plus l’inconnu que l’on bouscule dans la rue mais un homme dont tout Paris connaît le nom. Tout le peuple l’admire et l’envie, sa vie et sa position en fait rêver plus d’un. Il porte un nom différent, celui de Du Roy de Cantel, il est important, a un titre. Il ne manquera plus de rien, ni d’argent et pourra faire ce dont il a envie, il s’apprête à devenir encore plus fameux, un député. Ici encore, la situation de Georges Duroy peut faire penser à celle d’un héros. Il ne part de rien, naît dans la campagne de Normandie, vient s’installer à Paris et vit de son mieux possible. Mais part différentes combines et coups bien joués, il arrive à se faire un nom et à être connu de tous, changeant radicalement de façon de vivre. Cela fait penser à beaucoup de héros mondialement connus, qui ont grandis dans la misère, et qui après un heureux hasard ou beaucoup d’efforts, réussissent à devenir des héros.

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