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Machiavel et la pensée politique moderne

Dissertation : Machiavel et la pensée politique moderne. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Février 2016  •  Dissertation  •  3 025 Mots (13 Pages)  •  4 175 Vues

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BUCHOT Clarisse, ICP, 16h-18h

Séance 4 : Machiavel et la pensée politique moderne

        

        Nicolas Machiavel est né en 1469 et mort en 1527. Il fait partie des auteurs de la pensée politique moderne. Il est un haut fonctionnaire emblématique de la renaissance italienne. Ce n’était ni un philosophe, ni un Homme politique. Il était secrétaire à la chancellerie de Florence. Ses différentes missions à l’étranger lui ont permis de découvrir l’Europe de son temps. En effet, le XVIe siècle est marqué par un renouveau intellectuel et artistique à la suite de l’extension de la renaissance, née en Italie, et par les Grandes Découvertes. L’Italie à l’époque de Machiavel n’est pas un Etat unifié : c’est une mosaïque de petits états morcelés (des principautés, des républiques oligarchiques). Ce morcellement de l’Italie était donc la cause de nombreuses périodes de renversements ou de troubles, comme la révolte des Pazzi contre les Médicis en 1478. On peut donc affirmer que Machiavel connaissait le trouble politique au sein d’états avant même les guerres politico-religieuses (1540 en France). En effet, sur le plan religieux, la réforme protestante européenne conteste l’autorité du pape. Machiavel est un réaliste sur la vie politique de son siècle. D’après lui, tout Homme veut avoir et conserver le pouvoir. Il est réaliste sur le fait qu’il considère que tout Homme ne peut décemment pas être au pouvoir : de cela naissent les conflits fatals qui opposent les Hommes. Machiavel a publié de nombreux ouvrages comme Un discours sur Tite-Live (date de publication inconnue), Une Histoire de Florence (1532), et de nombreuses pièces de théâtres ou de nombreux poèmes.  Son œuvre majeure, Le Prince, publiée en 1513, est un traité de sciences politiques où il traite de ce qu’est véritablement la politique à ses yeux. Cet ouvrage est dédié à Laurent II de Médicis, alors dirigeant de la république de Florence. Machiavel recueille de nombreux conseils adressés aux puissants du monde pour leur apprendre comment gouverner leur Etat. Cependant, il rompt avec la tradition des miroirs, qui étaient des manuels du bon gouvernant, sur l’objet et la méthode l’explication. Machiavel statue que les sciences (physique, philosophie) autres que la sciences politiques sont inutiles. Cela ne veut pas dire que la politique n’a pas un caractère moral ou philosophique. Sur la religion, il défend la thèse qu’elle doit être utile à la politique et à la conquête du pouvoir. Cependant, il explique que la religion chrétienne est bonne car elle favorise la cohésion sociale. Quant au roi, pour Machiavel il doit avoir un savoir parfait du pouvoir. Machiavel professionnalise donc le statut de roi.

        Machiavel n’est pas le seul auteur de le pensée politique moderne. On peut citer, dans l’ordre chronologique, l’anglais Thomas More (1478-1535), l’italien Francesco Guicciardini, ou Guichardin (1482-1540), l’anglais Thomas Hobbes (1588-1679), le hollandais Baruch Spinoza (1632-1677) et le français Rousseau (1712-1778). La pensée politique moderne est donc une conception du politique qui s’étend du XVIe au XVIIIe siècle. Elle est née à un moment de crise de la civilisation européenne, lorsque la nouvelle science commençait à révolutionner la conception de la connaissance du monde héritée de la science antique et médiévale, et que les États se mettaient à s'affranchir de la tutelle des autorités religieuses et, en partie, de la religion elle-même. Cette conception a fixé un régime de la pensée politique, dont l'objet privilégié est devenu celui de l'instauration de la justice dans la société.

Comment Machiavel et les auteurs de la pensée politique moderne conçoivent-ils la société ?

La pensée politique moderne pose tout d’abord une philosophie de l’Etat (I) et ensuite la primauté du souverain (II).

I) La philosophie de l’Etat

        Les auteurs de la pensée politique moderne se rejoignent sur une philosophie, qu’on pourrait qualifier de « moderne », de l’Etat. Ils statuent donc une nouvelle conception du politique (A). Ils expliquent également comment la société politique doit s’organiser (B).

        A- Une conception nouvelle du politique

        La conception de la vie politique et du politique même des auteurs modernes établit une rupture avec la conception classique de leur époque. Le premier auteur qui a brisé les codes de la conception classique de la politique est Machiavel : sa pensée est donc inauguratrice en ce sens. Désigné comme le fondateur de la science politique, Machiavel établit une rupture radicale entre la morale et la politique. En effet, il étudie le pouvoir tel qu’il est et fonctionne indépendamment de toute considération morale. Il rompt avec la conception classique du politique mais il ne l’a pas moins étudié. Machiavel observe directement la politique par ses missions diplomatiques à l’étranger, et indirectement par l’étude des auteurs classiques et des faits politiques depuis l’Antiquité. Machiavel s’oppose à Platon dans le fait qu’il fait reposer le pouvoir du politique non sur le savoir mais sur la force. Il s’oppose à Aristote car il ne s’intéresse qu’aux techniques de prise et de conservation du pouvoir. Il s’oppose à St Augustin en ne se souciant pas du partage entre la cité de Dieu et la cité terrestre. Machiavel se préoccupe plutôt du rôle de l’Eglise et de la papauté comme puissance terrestre en Italie. En effet, les auteurs de la conception politique moderne ne soumettent pas la politique à une législation supérieure, à une norme naturelle ou divine. Cependant, Machiavel statue que le prince droit « paraître de bonne religion » : il s’oppose en cela à Luther car il n’invente pas un nouveau concept de la politique en dissociant complétement l’Eglise de l’Etat.

        Les auteurs de la pensée politique moderne sont également précurseurs quant à leurs travaux sur la raison d’Etat. C’est Machiavel dans ses écrits qui a le premier fait allusion à cette notion de raison d’Etat. En effet, pour lui, il est nécessaire pour les Etats de transgresser, surpasser, dans le cas de situations exceptionnelles, les règles du et de la morale afin de sauvegarder l’ordre collectif, et son pouvoir par la même occasion. Machiavel pose que le souverain effectue un calcul d’intérêt au nom de la raison d’Etat. Le Prince ne peut pas conserver son pouvoir s’il s’en tient uniquement aux préceptes moraux. Pour Machiavel, la politique n’obéit pas à la morale, elle obéit à des lois qui lui sont propres. Donc, tous les moyens de la politique machiavélienne (la ruse et la violence, le mensonge, la démagogie, la crainte …), même les plus immoraux, ont pour finalité « l’aise et la sécurité ». Ainsi, pour Machiavel, la raison d’Etat est la conservation du pouvoir par le gouvernement. Il faut noter que la raison d’Etat connaît de nombreuses mutations après la mort de Machiavel avec Richelieu (1585-1642). En effet, ici le Prince devient davantage le serviteur de l’Etat que le maître puisque son unique fin est l’intérêt public. Pour Richelieu, la recherche du « bien commun » est un commandement divin de telle sorte que la raison d’Etat peut amener le Prince à prendre des mesures que la morale réprouverait.

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